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Selon son réalisateur : le film « Ben M’hidi » interdit en Algéri

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  • Vous signez, en 1976, un appel commun avec Abbas, Kheïreddine. Le nationalisme, tel que vous l’avez vécu, vous paraît-il incompatible avec les valeurs de liberté et de démocratie ?

    Vous avez oublié le troisième signataire de l’appel, un nom célèbre, qui, lui aussi a été «proscrit», il s’agit de Hocine Lahouel, ancien Secrétaire général du PPA-MTLD, deuxième personnage du Parti après Messali. (Lire l’encadré de l’«Appel au peuple algérien»).Au moment où Boumediene régnait sans partage sur l’Algérie, il fallait faire entendre une voix d’opposition. L’occasion nous fut donnée, en mars 1976, à propos d’une prétendue «Charte nationale» qu’il avait fait confectionner et qu’il voulait imposer au peuple algérien pour légitimer son pouvoir. L’Algérie se trouvait alors en guerre avec le Maroc, et les deux blocs Est et Ouest étaient en pleine guerre froide.Les signataires de l’Appel craignaient que le conflit ne déborde aux deux ailes du Maghreb et ne soit le prétexte pour les deux Super Grands d’intervenir en Afrique du Nord à l’image de l’Angola où ils s’affrontaient dans un bain de sang dont la population faisait les frais. Nous réclamions la voie des négociations au lieu de celle de la guerre pour régler ce conflit fratricide entre deux peuples voisins.Pour la «Charte nationale», nous réclamions l’élection d’une Assemblée constituante souveraine, seule apte à voter un pareil document.Cette position nous valut :- notre mise en résidence surveillée dans notre domicile,la nationalisation de la pharmacie de Abbas et celle de Ben Khedda, la nationalisation de l’usine de Polymères, propriété de la famille Kheïreddine, la suppression du salaire de Hocine Lahouel, directeur d’une société nationale. La très officielle agence APS nous traitera d’«éléments réactionnaires» agissant pour le compte de l’étranger, dénonciation reprise par les journaux de l’époque. L’événement fut médiatisé à l’extérieur. Boudiaf nous apporta son soutien, suivi de Aït Ahmed, Lebjaoui, Kaïd Ahmed.A l’intérieur, il n’y eu pas de réaction. Seule une équipe de militants, animée par Dahlab, prit l’initiative de faire paraître un Document. Le Document fut suivi d’un Bulletin intitulé Liberté et Démocratie, qui était édité et distribué clandestinement. C’était un bulletin tiré à la ronéo, d’une douzaine de pages environ et dont le dernier numéro date de septembre 1978.Les articles condamnaient le régime, les atteintes aux droits de l’Homme et réclamaient les libertés publiques pour le peuple. Il faut rendre hommage à cette équipe de militants travaillant avec la crainte de tomber entre les mains de la redoutable SM ; celle-ci ne réussit heureusement pas à les identifier malgré les efforts considérables qu’elle avait déployés. Le nationalisme tel que je l’ai vécu est dépassé. Il a rempli sa mission historique : la libération de la patrie. Cependant son esprit reste. Les valeurs qu’il a véhiculées sont plus que jamais d’actualité, car le nationalisme n’a exclu ni la liberté ni la démocratie. Hélas, ces valeurs ont été chez nous galvaudées ou dénaturées. Paraphrasant le cri de cour d’un célèbre politique, je serai tenté de dire : «Liberté! Démocratie! Justice! Tolérance! Que de crimes on continue à commettre en votre nom !» La tragédie que nous vivons prendra fin dans la mesure où nous revenons à l’esprit de la Proclamation du 1er Novembre 1954 qui avait fait notre force au cours de la Guerre de libération et qui appelait à un «Etat algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques».Le nationalisme tel que je l’ai vécu et pratiqué est maintenant dépassé, l’objectif d’indépendance qu’il poursuivait ayant été pleinement atteint. Cependant son esprit n’est pas révolu ; il reste, car il incarne la permanence des valeurs patriotiques et nationales dans lesquelles se reconnaît le peuple.Avec la mondialisation et les nouvelles adaptations qu’elle induit à l’échelle planétaire, l’esprit du nationalisme doit être certes jalousement préservé. Mais il lui incombe d’intégrer avec d’avantage de crédibilité et de conviction les idéaux de liberté, de démocratie, de justice et de tolérance qui conditionnent impérieusement aujourd’hui le devenir harmonieux des Etats et des peuples. Chez nous, des ouvertures vers ces valeurs ont bien été tentées. Hélas, elles ont chaque fois avorté. Paraphrasant le cri de cour d’un célèbre politique, je serais tenté de lancer à mon tour : «Liberté ! Démocratie ! Justice ! Tolérance ! Que de crimes , que de dépassements on continue à commettre en votre nom !»Pourtant, je persiste à penser qu’il faut toujours faire confiance à l’histoire, et ne jamais se laisser aller à insulter l’avenir. Qu’on le veuille ou non, les valeurs démocratiques, greffées sur notre vieux fonds nationaliste, sont, à présent, bel et bien implantées dans notre subconscient collectif. Surtout elle donnent à notre peuple de solides raisons de se réconcilier avec lui-même, et de ne pas régresser. Mes espérances là-dessus sont intactes. En attendant qu’elles trouvent leur voie, je continue, pour ma part, à m’en tenir, quoiqu’il arrive, au seul crEdo qui vaille encore, à mes yeux, la peine d’être observé : celui que la Proclamation du Premier Novembre a merveilleusement exprimé en affirmant : «Etat algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques.»


    Benyoucef Ben Khedda a été président du gouvernement provisoire de la République algérienne qui poursuivit et conclut les négociations d’Evian.
    Othmane BENZAGHOU

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    • Ils s’étaient bornés à lui signifier que les seules personnes qualifiées pour discuter avec les autorités françaises du statut futur de l’Algérie étaient les dirigeants du FLN. Ils lui avaient néanmoins suggéré que si la France était réellement désireuse de négocier, elle devrait, en gage de bonne volonté, libérer la totalité des Algériens arrêtés ou assignés à résidence consécutivement aux évènements du Premier Novembre.
      Une affirmation extrêmement troublante, quand on les met dans le contexte de février 1955. Le FLN n'existait pratiquement pas encore, ses dirigeants étaient à cette époque dans un bord bien différent de ce que le leader centraliste représentait, Boudiaf, Benboulaid, Benbella, Didouche, Ait Ahmed, Bitat, Krim, Khider... Il est troublant qu'un Benkhedda avait pu tenir de tels propos incongrus dans son contexte. Que veut Benkhedda réellement cacher avec cette réponse anachronique... Ben Khedda fut justement libéré quelque temps après....
      Dernière modification par ott, 09 septembre 2018, 14h31.
      Othmane BENZAGHOU

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      • Trois points communs ( Maroc/Algérie /Tunisie ) afin de préparer le post-protectorat et post- indépendance
        La France avait saisi l occasion ""un Zaim "" fabriqué par des forces obscures donné sur un plateau en or à la diplomatie française ( trop médiatisé afin d être incrusté dans l esprit de tous les algériens ?? )

        *Ces manigances françaises afin de donner une légitimité populaire au futur "sultan " et présidents ( choisit par la France )
        -Maroc : Le sultan M5 déporté / nommé : LE LIBÉRATEUR ?
        -Bourguiba : emprisonné /nommé : LE GRAND COMBATTANT ?
        -Ben Bella : emprisonné /nommé : ZAIM DE LA RÉVOLUTION ??
        A qui sait comprendre , peu de mots suffisent

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        • Ben M’hidi à la morale exigeante : on ne prend que ce qui nous appartient. Camus qui était dans l’autre camp et qui disait « un homme ça se limite », aurait applaudi cet homme qui se contient. Alors que lui-même ne se retenait devant aucune femme.
          En effet, un trait de carractere et une vertu des braves...
          J'ai appris que le courage n 'est pas l'absence de peur, mais la capacité de la vaincre. Nelson Mandela

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          • En 1940, Larbi Ben M’hidi étudiait à Biskra ; son camarade de classe était Lamoudi Abdelkader et nous étions tous ensemble à l’école Lavigerie
            Il obtient son CEP dans une école primaire de Batna, bien qu'il soit né à Ain Mlila ( environs). Pourquoi ira-t-il à Biskra faire son CEG ?
            Cette école Lavigerie devint école Youcef Lamoudi. Pas Abdelkader, celui des 22, mais Youcef. Je ne connais pas le lien de parenté.

            Entre Ben Mhidi et Ben Bella, une différence comme celle entre la terre et le ciel. Ben Mhidi, c'est le bon mec, bien cultivé, Ben Bella, c'est le truand, pas de tête. C'est normal qu'un Ben M'hidi meure, qu'un Ben Bella gagne, surtout s'il y a la gang de Nasser dans les parages.
            ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

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            • Dans le film documentaire d'Yves Boisset sur La Bataille d'Alger réalisé en 2006, le colonel Jacques Allaire, à l'époque lieutenant, qui avait arrêté Larbi Ben M'hidi en 1957, déclare à son sujet : « Si je reviens à l’impression qu’il m’a faite, à l’époque où je l’ai capturé, et toutes les nuits où nous avons parlé ensemble, j’aurais aimé avoir un patron comme ça de mon côté, j’aurais aimé avoir beaucoup d’hommes de cette valeur, de cette dimension, de notre côté. Parce que c’était un seigneur Ben M’Hidi. Ben M’Hidi était impressionnant de calme, de sérénité, et de conviction. Lorsque je discutais avec lui et que je lui disais: « Vous êtes le chef de la rébellion, vous voilà maintenant entre nos mains, la bataille d’Alger est perdue », et j’extrapolais un peu : « La guerre d’Algérie, vous l’avez perdue maintenant ! ». Il dit : « Ne croyez pas ça ! » Et il me rappelait les chants de la résistance, le chant des Partisans: un autre prendra ma place. Voila ce qu’il m’a dit. Ben M’Hidi. Ça m’a fait de la peine de le perdre, parce que je savais qu’on ne le reverrait plus. Je subodorais. » « Je l’ai remis à l’État-major, et à une équipe qui est venue le chercher, et c’était la nuit, et bien que le règlement s’y oppose, je lui ai fait présenter les armes, parce qu’il faut reconnaître chez son adversaire la valeur et le courage. Et Ben M’Hidi était pour moi un grand monsieur et d’ailleurs son prénom, dans la résistance, c’était Akim, qui veut dire : le preux. » « Après, il a été remis à la justice, dans un camp d’internement, et j’ai appris à travers la presse, les journaux, et tous les livres d’histoire que j’ai parcourus qu’il s’était suicidé dans sa cellule le 4 mars… »

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              • Bachi

                entre ben mhidi et ben bella, une différence comme celle entre la terre et le ciel. Ben mhidi, c'est le bon mec, bien cultivé, ben bella, c'est le truand, pas de tête. C'est normal qu'un ben m'hidi meure, qu'un ben bella gagne, surtout s'il y a la gang de nasser dans les parages.
                Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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                • qu'un ben bella gagne, surtout s'il y a la gang de nasser dans les parages.
                  .
                  Matignon et l Élysée ont profité sur le dos du gang de Nasser ..
                  Ont trouvé l idéal sur " Benbella-Zaim ?? " pour la continuité du post-indépendance ..
                  Pschtttt pour le néocolonialisme ( post-independance /accord d Evian ?? ) , ce fut la correction de la révolution par Boumedienne
                  A qui sait comprendre , peu de mots suffisent

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                  • Ont trouvé l idéal sur " Benbella-Zaim ?? " pour la continuité du post-indépendance ..
                    On a fabriqué l'idéal, il ne faut pas oublier que l'adjudant du Mont-Casino est le "filleul" de De Gaule qui l'avait décoré ! ...

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                    • Bachi ! bitat et autre sont -ils morts naturellement ou assassinés ?

                      je confonds entre bitat et kasdi merbah

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                      • j'ai l'impression qu'ils se sont tous auto éleminés après

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                        • LE PROFESSEUR ABDELMADJID MERDACI À PROPOS DU FILM «BEN M'HIDI»
                          Les lancinantes questions de la mémoire

                          L'Expression - Lundi 10 Septembre 2018

                          Le fait est que des déformations manifestes avaient, à titre d'exemple, marqué le premier biopic consacré à Mostefa Benboulaïd et la séquence montrant Messali Hadj défilant sur le pont suspendu de Sidi M'cid de Constantine.

                          Lannonce par Bachir Derrais, de l'interdiction de diffusion du film consacré à Mohamed-Larbi Ben M'hidi par le ministère des Moudjahidine, sur avis d'une commission de visionnage, réinscrit dans le débat public les lancinantes questions de la mémoire et de l'histoire de la guerre d'indépendance nationale, de leur traitement - politique, forcément - et, entre autres choses, de leur prise en charge par la création artistique, littéraire, et plus particulièrement cinématographique.
                          Le ministère des Moudjahidine apparaît, sous réserve de précisions complémentaires, comme coproducteur à une hauteur importante du budget - 41%?- alloué par les pouvoirs publics et le scénario, avait été, en principe, soumis à la lecture et l'approbation du Fdatic, seule institution formellement en charge de l'aide publique à la production cinématographique.
                          Il est de règle que le (ou les) producteur(s) dispose(nt) d'un droit de regard sur le produit fini et la production algérienne n'y déroge pas non plus. Est-ce alors au Fdatic que devrait revenir la charge de valider la conformité - pour autant que le film finalisé n'est jamais la stricte transcription de l'écriture scénaristique - au scénario ou alors à l'un ou l'autre des coproducteurs, privés notamment, fussent- ils associés au titre du sponsoring?
                          Au-delà de la légitime question de l'attribution des compétences entre ministère de la Culture et ministère des Moudjahidine, d'autres, plus lourdes d'enjeux, s'imposent, celle de l'institution d'une instance de contrôle - y a-t-il une autre qualification possible?- de ce que la mémoire collective algérienne a pu enregistrer de la guerre d'indépendance et, faut-il le rappeler avec clarté, de ce que l'histoire, versus algérien, n'a pu établir faute d'accès aux archives algériennes toujours sous le boisseau administratif.

                          1 - Protéger, disent-ils

                          Le fait est que cette commission de visionnage du ministère demeure anonyme dans sa composition comme dans ses attributions formelles même si les amendements à la loi sur le cinéma adoptés par l'APN disposent de la mise en place d'un visa de ce ministère sur les oeuvres portant sur la guerre de Libération nationale. Sans doute, dans l'esprit du législateur, le souci avait été de «protéger» cette séquence fondatrice de possibles déformations ou d'atteintes à la légitimité de la lutte armée contre l'ordre colonial, mais comment, en vérité, s'en assurer dans un climat d'occultation, d'instrumentation politiques de cette histoire?
                          Le fait est que des déformations manifestes avaient, à titre d'exemple, marqué le premier biopic consacré à Mostefa Benboulaïd et la séquence montrant Messali Hadj défilant sur le pont suspendu de Sidi M'cid de Constantine en compagnie du docteur Mohamed Lamine Debaghine est emblématique à cet égard. En plein coeur de la crise qui l'opposait aux dirigeants du comité central du MTLD, Messali Hadj avait entrepris une tournée qui l'avait conduit, dans l'Est algérien, au Khroub et à El Arrouch - jamais à Constantine - et qui plus est en compagnie du docteur Debaghine, exclu du parti depuis 1949. Alors, deux poids, deux mesures? Derrais n'est pas, en effet, Rachedi. Le rappel vaut, en tout état de cause, d'être fait que le cinéma algérien avait été porté sur les fonds baptismaux par la guerre d'indépendance et mobilisé des artistes et des militants de la qualité de Djamel Chanderli, Pierre Chaulet, René Vautier, Pierre Clément, Cécile de Cugis et bien d'autres. Les oeuvres de ce cinéma de combat avaient même servi, sous l'autorité de M'Hamed Yazid, ministre de l'Information du GPRA, à défendre la cause algérienne devant les Nations unies. Sous réserve d'inventaire, 13 longs métrages - souvent de haute facture - avaient été produits par l'Algérie sur la thématique historique de la guerre de libération, qui eurent l'avantage d'être effectivement vus par le public algérien avant que, dans le cours politique des années 1970, le «cinéma «djadid» ne vienne imposer une réorientation plus «sociale» de la production.

                          2 - Du peuple au sujet
                          Les films dits «révolutionnaires» ne dérogeaient sans doute pas à la vision politique de l'histoire du régime algérien, qui faisaient droit notamment à la fois à l'imaginaire guerrier d'une part et, d'autre part, au peuple comme acteur collectif de la libération.
                          Le champ éditorial aura été précurseur dans son inscription dans le nouveau cours de la construction historique des années 1980 sous l'autorité du président Bendjedid, qui libérait le sujet et les mémoires individuelles de la guerre.
                          Le cinéma consacrera, à sa façon, l'irruption de l'acteur individuel, avec l'avènement des biopics dont on ne manquera pas de relever - toute validité historique égale par ailleurs - qu'ils demeurent respectueux de l'indéfinissable principe d'équilibre régional.
                          Le «Ben M'hidi» de Bachir Derrais ne peut pas ainsi ne pas renvoyer à ce nouveau cheminement du cinéma algérien qui laisse ouverte la question de savoir si c'est un «biopic» ou une biographie fictionnée de l'ancien chef de la zone V. On ne peut, toutefois, que prendre acte du fait que les polémiques qui entourent l'interdiction de diffusion replacent les questions du rapport au passé, à l'histoire de la guerre de libération, aux relations entre mémoire et histoire, dans l'espace public qui peuvent aussi appeler des mises au point qui excèdent le contenu formel du film.
                          La notion même de «symboles de la révolution», apparemment opposée à l'oeuvre de Derrais, fait évidemment problème et celui de la dévolution de son appréciation à une instance bureaucratique - sans intention, par ailleurs, de stigmatisation - peut à bon droit susciter les critiques ou les réserves.
                          En l'absence de travaux académiques de validation du récit national, l'arbitrage est facilement politique. Dans le cas d'espèce de «Ben M'hidi», qu'est-ce qui pouvait déroger et à quels symboles? Signaler les divergences entre dirigeants - elles ont existé et seuls ceux qui, au fond, contestent la dimension politique et les enjeux de pouvoir y afférents, du FLN continuent de les nier au bénéfice d'une fossilisation de l'histoire - entre Ben Bella et Ben M'hidi, entre Abane et Zighoud, Krim, les chefs militaires et les «politiques» est-il attentatoire à leur stature, à leur entier engagement en faveur de l'Indépendance nationale?

                          3 - Lire La Soummam
                          Il y a, me semble-t-il, à ce sujet, une lourde confusion dans les lectures accréditées de la plateforme de la Soummam dont les trente chapitres ne s'épuisent pas dans le seul énoncé devenu récurrent du «primat du politique sur le militaire» et de «l'intérieur sur l'extérieur». Il faut se garder, en vérité, d'une vision téléologique de l'événement. La Soummam ne s'était pas prononcée contre la prise de pouvoir, à l'été 1962 par l'armée de l'extérieur, qui n'était pas à l'ordre du jour. Ceux qui soutiennent, avec raison, que le congrès de la Soummam projetait l'Etat algérien moderne gagneraient à garder à l'esprit que les auteurs du texte s'adossaient aux définitions accréditées par le droit positif qui dispose l'exercice du pouvoir sur un territoire - en l'occurrence l'intérieur de l'Algérie - et la soumission formelle des armées au pouvoir politique, civil, par définition.
                          Comment liraient-ils l'épisode de décembre 1958 qui avait vu, à l'initiative du colonel Amirouche, la réunion en décembre 1958, dans les montagnes d'El Milia, de quatre chefs de wilayas - ceux de la III, de la IV, de la I, de la VI - tentés d'instituer le pouvoir des chefs militaires de l'intérieur sur la conduite de la guerre?

                          4 - Au-delà de l'icône
                          Bachir Derrais se prévaut de plusieurs mois d'enquête, de recueil de témoignages, et, à bien voir, la véritable difficulté qu'avait à affronter son projet était celle de la déconstruction de la stature iconique de Mohamed-Larbi Ben M'hidi. Comment, en effet, retrouver l'homme, le militant, le dirigeant, sous l'icône instituée?
                          Il avait été notamment scout, footballeur sous les couleurs de l'US Biskra - le club musulman de la ville -, secrétaire des AML - les Amis du manifeste et des libertés dans la proximité du docteur Saadane - et détenu à ce titre, homme de théâtre dans la pièce La Couronne, militant au sein du PPA, proche de l'emblématique Issami qui l'intégrera dans l'OS avant d'assurer sa promotion auprès de Boudiaf. Il fut aussi le fils respectueux, le frère attentif, que la clandestinité - à Constantine puis Alger - éloignait de la famille.
                          Ben M'hidi, comme ses compagnons du FLN, attend d'une certaine manière, la réhabilitation de sa pleine humanité. Quelques-uns de ceux qui préparaient l'insurrection jouaient aux cartes au domicile des Boukechoura pour réduire l'insoutenable pression de la clandestinité ou trouvaient, comme Ben M'hidi, une halte salvatrice dans les salles de cinéma d'Alger.
                          L'absurde serait que les salles de l'Algérie indépendante ne puissent pas l'accueillir aujourd'hui.
                          Othmane BENZAGHOU

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                          • Film de Bachir Derrais : les réserves de Drifa Ben M’Hidi
                            TSA Par: Fayçal Métaoui 10 Sept. 2018 à 16:36

                            La famille Ben M’hidi se dit attristée par l’actuelle polémique autour du film de Bachir Derrais, bloqué par le ministère des Moudjahidine pour non-respect du scénario initial.

                            « On aurait souhaité que le film sorte dans des conditions normales. À l’évidence, les ministères de Moudjahidine et de la Culture ont émis des réserves. On ne sait pas trop ce qu’il en est. Il est difficile d’en parler parce qu’on n’a pas tous les tenants et aboutissants de l’affaire. Ce qu’on a cru comprendre, d’après Bachir Derrais, est que le film est arrêté parce qu’il n’y a pas assez de scènes de batailles et parce qu’il a trop mis en avant tous les malentendus et les désaccords entre les leaders de la Révolution », explique Drifa Ben M’hidi Hassani, sœur de Larbi Ben M’hidi, dans une déclaration à TSA.


                            | LIRE AUSSI : Bachir Derrais, réalisateur : « Je n’ai pas voulu montrer comment Ben Bella a donné une gifle à Ben M’hidi »

                            Selon elle, la famille soutient le réalisateur à condition qu’il raconte les faits tels qu’ils se sont déroulés. « On lui a notamment reproché de ne pas avoir évoqué la torture de Larbi Ben M’hidi. Là, je suis d’accord avec le ministère des Moujahidine. Bachir Derrais a dit que Ben M’Hidi n’avait pas été torturé. Je ne suis pas d’accord avec lui parce que Larbi Ben M’Hidi a été torturé, même ses adversaires l’ont reconnu. On ne comprend pas pourquoi le réalisateur a déformé, n’en a pas parlé. Si c’est pour des raisons artistiques ou j’en sais trop quoi, il n’a pas le droit de le faire parce qu’il faut raconter l’Histoire telle qu’elle est », insiste Drifa Ben M’hidi.

                            « Paul Aussaresses a fait des déclarations révélant avoir torturé Ben M’hidi »
                            Dans une interview accordée à Jeune Afrique, Bachir Derrais a expliqué que la commission du ministère des Moujahidine lui a reproché de ne pas avoir mis l’accent sur les tortures subies par Ben M’hidi durant sa période de détention entre les mains des parachutistes du colonel Marcel Bigeard en 1957.

                            « Or, aucun élément n’atteste que Ben M’hidi a subi des tortures durant sa captivité. Tous les témoignages des militaires français qui ont pris part à son arrestation, à sa détention et à son exécution attestent qu’il n’a pas été soumis à la torture, contrairement à d’autres militants comme Brahim Chergui, Rabah Bitat, Louisette Ighilahriz, Henri Aleg ou encore Maurice Audin. Je ne peux tout de même pas inventer un épisode de la Révolution algérienne qui n’a pas existé », a-t-il affirmé.

                            Faux, réplique Drifa Ben M’hidi. « Paul Aussaresses a fait des déclarations à Al Jazeera révélant avoir torturé et étranglé Larbi Ben M’hidi de ses propres mains. Donc, je ne suis pas d’accord avec Derrais lorsqu’il dit qu’il n’a pas été torturé. Tous les prisonniers algériens, hommes ou femmes, ont subi la torture des militaires français durant la Révolution. Ceux qui ne sont pas morts, sont sortis dans un mauvais état psychique et physique. Pourquoi Derrais a nié la torture ? Il y a quelque chose là-dedans que je ne saisis pas ».

                            En 2001, le général Paul Aussaresses, collaborateur du général parachutiste Jacques Massu, a reconnu dans son ouvrage « Services spéciaux : Algérie 1955-1957 », paru à Paris aux éditions Perrin, avoir eu recours à la torture et a justifié son utilisation.

                            « Il est difficile pour nous de s’exprimer sur le film »
                            La sœur du colonel Larbi Ben M’hidi est également revenue sur le reproche fait au film de Bachir Derrais par le comité du ministère des Moujahidine sur l’absence de scène de combats et de batailles.

                            « Larbi Ben M’hidi a commencé son militantisme à 17 ans jusqu’à sa mort. On ne peut pas dire qu’il n’a pas mené de combats. Le réalisateur a montré les réunions avec la présence de Ben M’hidi. Je me suis dit que c’est son point de vue mais pas au point d’arriver à dire que Larbi n’a pas été torturé. Je ne suis pas d’accord. Et je n’ai pas compris pourquoi », insiste-t-elle.

                            Drifa Ben M’hidi et sa fille affirment ne pas avoir vu le film. « Nous n’avons pas vu le film de Bachir Derrais. Derrais nous a invitées et nous a projeté quelques séquences notamment celles où l’on voit Larbi parler avec Benkheda. En tout et pour tout, 5 à 6 minutes, montre en main. C’était très court. C’est la raison pour laquelle, il est difficile pour nous de nous exprimer sur le film », souligne la sœur de Ben M’hidi.

                            « M.Bourboune nous a présenté une esquisse du scénario »
                            Bachir Derrais a soutenu dans ses déclarations à la presse et sur les réseaux sociaux avoir l’appui de la famille de Ben M’hidi. « Non. La famille Ben M’hidi est nombreuse. Au tout début de l’aventure, Derrais est venu chez moi avec Mourad Bourboune pour dire qu’ils allaient raconter la vie de mon frère. Je lui ai parlé de la vie privée de Larbi, de la famille. Mais, il n’y a pas que moi. Il est parti voir d’autres personnes pour recueillir des témoignages sur Larbi. Nous n’avons rencontré qu’une seule fois M. Bourboune qui nous a présenté une esquisse du scénario, un petit résumé. C’était plus une visite cordiale qu’autre chose. Ils se sont beaucoup inspirés de ce que je leur ai raconté. Mais, je suis désagréablement surprise par le fait que Bachir Derrais dise que Larbi n’a pas été torturé. Je ne peux le soutenir là-dessus », a répondu Drifa Ben M’hidi.

                            Elle rappelle que Mourad Bourboune, scénariste, a émis des réserves sur le film. Dans une déclaration à TSA, Mourad Bourboune a en effet annoncé n’avoir pas vu le film, n’avoir pas été sollicité après la réécriture du scénario par Abdelkrim Bahloul et n’avoir pas été informé du début du tournage.

                            « Bachir Derrais a promis de me présenter le film terminé, mais il ne m’a pas appelé. Donc, je n’ai pas vu le film dans sa version finale, après le montage. Donc, je ne sais pas ce qu’il y a dedans. Je veux voir ce film », ajoute la sœur de Larbi Ben M’hidi.

                            « Brahim Chergui n’a pas remis la montre de Larbi à ma mère »
                            Avant le tournage, le réalisateur a rencontré Brahim Chergui, un des compagnons de Larbi Ben M’hidi, pour nourrir le scénario, surtout sur la période de détention à Alger. Dans un précédent débat, Drifa Ben M’hidi avait accusé Brahim Chergui d’avoir livré Larbi Ben M’hidi aux militaires français (elle cité également le nom de Yacef Sâadi).

                            « Au début, j’ai cru que c’était lui. Après, on a cité d’autres noms. C’est devenu confus. Ce qui est sûr est que Larbi a été donné par un de ses compagnons, lequel ? Je ne sais pas. Je ne suis pas sûre. C’est encore un mystère. Nous n’avons pas de preuve sur la culpabilité de Brahim Chergui. Vous savez qu’ils ont été pris ensemble. Larbi a donné sa montre à Brahim Chergui pour la remettre à ma mère. Il savait qu’il allait mourir. La montre n’a jamais été remise à la famille de Ben M’hidi. Je lui fais ce reproche », conclut-elle.
                            Othmane BENZAGHOU

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                              Othmane BENZAGHOU

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