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  • Ultima verba

    La conscience humaine est morte ; dans l’orgie,
    Sur elle il s’accroupit ; ce cadavre lui plaît ;
    Par moments, gai, vainqueur, la prunelle rougie,
    Il se retourne et donne à la morte un soufflet.

    La prostitution du juge est la ressource.
    Les prêtres font frémir l’honnête homme éperdu ;
    Dans le champ du potier ils déterrent la bourse ;
    Sibour revend le Dieu que Judas a vendu.

    Ils disent : – César règne, et le Dieu des armées
    L’a fait son élu. Peuple, obéis, tu le dois ! –
    Pendant qu’ils vont chantant, tenant leurs mains fermées,
    On voit le sequin d’or qui passe entre leurs doigts.

    Oh ! tant qu’on le verra trôner, ce gueux, ce prince,
    Par le pape béni, monarque malandrin,
    Dans une main le sceptre et dans l’autre la pince,
    Charlemagne taillé par Satan dans Mandrin ;

    Tant qu’il se vautrera, broyant dans ses mâchoires
    Le serment, la vertu, l’honneur religieux,
    Ivre, affreux, vomissant sa honte sur nos gloires ;
    Tant qu’on verra cela sous le soleil des cieux ;

    Quand même grandirait l’abjection publique
    À ce point d’adorer l’exécrable trompeur ;
    Quand même l’Angleterre et même l’Amérique
    Diraient à l’exilé : – Va-t’en ! nous avons peur !

    Quand même nous serions comme la feuille morte ;
    Quand, pour plaire à César, on nous renierait tous ;
    Quand le proscrit devrait s’enfuir de porte en porte,
    Aux hommes déchiré comme un haillon aux clous ;

    Quand le désert, où Dieu contre l’homme proteste,
    Bannirait les bannis, chasserait les chassés ;
    Quand même, infâme aussi, lâche comme le reste,
    Le tombeau jetterait dehors les trépassés ;

    Je ne fléchirai pas ! Sans plainte dans la bouche,
    Calme, le deuil au cœur, dédaignant le troupeau,
    Je vous embrasserai dans mon exil farouche,
    Patrie, ô mon autel ! Liberté, mon drapeau !

    Mes nobles compagnons, je garde votre culte ;
    Bannis, la République est là qui nous unit.
    J’attacherai la gloire à tout ce qu’on insulte ;
    Je jetterai l’opprobre à tout ce qu’on bénit !

    Je serai, sous le sac de cendre qui me couvre,
    La voix qui dit : malheur ! la bouche qui dit : non !
    Tandis que tes valets te montreront ton Louvre,
    Moi, je te montrerai, César, ton cabanon.

    Devant les trahisons et les têtes courbées,
    Je croiserai les bras, indigné, mais serein.
    Sombre fidélité pour les choses tombées,
    Sois ma force et ma joie et mon pilier d’airain !

    Oui, tant qu’il sera là, qu’on cède ou qu’on persiste,
    Ô France ! France aimée et qu’on pleure toujours,
    Je ne reverrai pas ta terre douce et triste,
    Tombeau de mes aïeux et nid de mes amours !

    Je ne reverrai pas ta rive qui nous tente,
    France ! hors le devoir, hélas ! j’oublierai tout.
    Parmi les éprouvés je planterai ma tente :
    Je resterai proscrit, voulant rester debout.

    J’accepte l’âpre exil, n’eût-il ni fin ni terme,
    Sans chercher à savoir et sans considérer
    Si quelqu’un a plié qu’on aurait cru plus ferme,
    Et si plusieurs s’en vont qui devraient demeurer.

    Si l’on n’est plus que mille, eh bien, j’en suis ! Si même
    Ils ne sont plus que cent, je brave encor Sylla ;
    S’il en demeure dix, je serai le dixième ;
    Et s’il n’en reste qu’un, je serai celui-là !

    Victor Hugo
    « La voix de la mer parle à l'âme. Le contact de la mer est sensuel et enlace le corps dans une douce et secrète étreinte. »

  • #2
    @Océane

    Si je ne m'abuse, il devait viser Napoléon III par ces vers. C'est assez bien composé je trouve ...
    "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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    • #3
      Bijor Wlid Santoji,
      Oui, c'est bien à Napoléon III, Charles-Louis-Napoléon de Bonaparte, neveu de l'empereur Napoléon Iᵉʳ, que ces vers sont dédiés... après son coup d'état du 2 décembre 1851.
      Bref ! Je ne t'apprends rien, toi le féru d'histoire !

      ...
      « La voix de la mer parle à l'âme. Le contact de la mer est sensuel et enlace le corps dans une douce et secrète étreinte. »

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      • #4
        @Océane

        3raft'ha ! Kān y-sālu hssīfa ... Héhéhéhé
        "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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        • #5
          Il l'a privé d'un poste auquel il aspirait... entre autres.

          ...
          « La voix de la mer parle à l'âme. Le contact de la mer est sensuel et enlace le corps dans une douce et secrète étreinte. »

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          • #6
            Sublissime!

            Merci, Sirène!
            Passi passi werrana dipassi!

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            • #7
              Tout le plaisir est pour moi.
              Et ce sont mes derniers mots.

              ...
              « La voix de la mer parle à l'âme. Le contact de la mer est sensuel et enlace le corps dans une douce et secrète étreinte. »

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              • #8
                Sirène!
                Ouine tes derniers mots?!
                Pars pas stp...
                Passi passi werrana dipassi!

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                • #9
                  Ouuf raki hna!
                  En hommage à Hugo j'espère !
                  Machi ta3 beqaw ala khir
                  Passi passi werrana dipassi!

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                  • #10
                    Bijor Frozyrosy,
                    T'es trop chou
                    Je me déconnectais, c'est tout... Je voulais zaâma jouer sur les mots du titre.

                    Mazelni hna netlaq fi hbali. Hé. Hé !

                    ...
                    « La voix de la mer parle à l'âme. Le contact de la mer est sensuel et enlace le corps dans une douce et secrète étreinte. »

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                    • #11
                      Ahahaaa
                      Rana talqinou kamel!
                      Sbitar...😂😅

                      Boussa 😘
                      Passi passi werrana dipassi!

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                      • #12
                        Sbitar... bessah ma ranache déconnectées de la réalité... On a les pieds sur terre, bien qu'en l'air, c'est reposant aussi...

                        ...
                        « La voix de la mer parle à l'âme. Le contact de la mer est sensuel et enlace le corps dans une douce et secrète étreinte. »

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