Si Barack Obama pénètre à la Maison-Blanche le 4 novembre, il le devra pour une bonne part à l'aide - involontaire - que lui aura apportée George W. Bush. Après huit années au pouvoir, le 43e président des États-Unis achève son mandat en battant tous les records d'impopularité, avec 72 % d'opinions négatives dans le sondage Gallup /CNN. Seuls Harry Truman, en pleine guerre de Corée, et Richard Nixon, au moment de sa démission consécutive au scandale du Watergate, avaient atteint pareil niveau. Les historiens de la présidence n'ont aucun doute que Bush prendra place dans la galerie des pires présidents américains.
La seule question dont ils débattent encore est de savoir s'il entrera dans l'Histoire comme quantité négligeable (à l'image de James Buchanan, 15e occupant de la Maison-Blanche de 1857 à 1861, dont la médiocrité avait contribué à précipiter le pays dans la guerre civile), ou comme catastrophe historique, faisant alors de lui le véritable héritier de Herbert Hoover (1929-1933, 31e président) dont les politiques ont précipité la Grande Dépression.
Passage en revue du bilan que Bush léguera à son successeur, le 20 janvier 2009.
1. L'économie au bord de la Dépression
Bush a déjà écopé du sobriquet George "Hoover" Bush. L'économie est entrée en récession fin 2008 après l'éclatement d'une bulle immobilière et financière qui n'avait pas cessé de gonfler sans que son administration s'en inquiète. À son arrivée à Washington, en 2000, il avait hérité des fruits d'une période de forte croissance sous le double mandat de Bill Clinton.
Le choc des attentats de 2001 l'a poussé à une politique de relance par la baisse des taux d'intérêt, des baisses massives d'impôts et une dérégulation radicale des marchés financiers, conformément au credo libéral du Parti républicain depuis l'ère Reagan. Il a ignoré les mises en garde sur le danger du surendettement des consommateurs, des entreprises et des institutions financières de Wall Street. Et il a repoussé jusqu'à l'été 2008 les appels à ce que le gouvernement fédéral joue son rôle, par conviction idéologique, dans les vertus du marché laissé à lui-même. L'avenir seul dira si le virage à 180 degrés qu'il a pris en fin de mandat, avec la nationalisation de facto de pans entiers du secteur bancaire, des assurances et de l'immobilier, permettra d'éviter que la récession de 2008 ne tourne à une véritable Dépression.
2. La guerre sans fin contre le terrorisme
La présidence Bush aura été marquée au sceau indélébile des attentats terroristes d'Al-Qaeda à New York et à Washington le 11 septembre 2001, la première attaque contre le territoire national de l'histoire du pays. Elle a exposé des lacunes en matière de sécurité nationale, antérieures à son arrivée au pouvoir, et a poussé à la mise en place d'un immense appareil de lutte contre le terrorisme, avec la création du département de la Sécurité intérieure, la plus importante réorganisation du gouvernement fédéral depuis la Seconde Guerre mondiale, et la montée en puissance des services de renseignements et de lutte antiterroriste.
La "guerre contre le terrorisme" s'est accompagnée de dérapages qui ont profondément choqué les Américains, et terni l'image du pays dans le monde, de l'extension de la surveillance électronique à l'intérieur du pays aux détentions extra-légales (sur la base de Guantanamo entre autres), le recours à la torture (Abou Ghraïb), et des violations répétées de la Constitution par un exécutif qui a étendu ses pouvoirs au détriment du Congrès et de la Cour suprême, sous l'influence du vice-président Dick Cheney en particulier.
Elle n'a surtout pas mis fin à la menace du terrorisme islamiste ni empêché al-Qaeda de reconstituer ses bases à la frontière entre le Pakistan et l'Afghanistan. Après avoir chassé les "talibans" du pouvoir à Kaboul en décembre 2001, l'administration Bush s'est désintéressée de la situation pour s'engager dans l'invasion de l'Irak, erreur stratégique pour la majorité des experts. L'invasion réussie, et le renversement de la dictature de Saddam Hussein ont débouché sur le fiasco de l'occupation du pays, qui a saigné l'US Army (plus de 4.000 tués et 30.000 blessés) et grevé le budget (le coût des interventions en Afghanistan et en Irak a atteint 1.000 milliards de dollars).
L'opinion publique a basculé en faveur d'un retrait des troupes américaines, qui sera une des priorités du successeur de Bush quel qu'il soit, bien que la mise en oeuvre en 2007 d'une nouvelle stratégie de contre-insurrection ait permis de consolider le nouveau régime irakien et de briser les islamistes extrémistes qui avaient profité de la situation pour y ouvrir un nouveau front dans leur guerre sainte.
La seule question dont ils débattent encore est de savoir s'il entrera dans l'Histoire comme quantité négligeable (à l'image de James Buchanan, 15e occupant de la Maison-Blanche de 1857 à 1861, dont la médiocrité avait contribué à précipiter le pays dans la guerre civile), ou comme catastrophe historique, faisant alors de lui le véritable héritier de Herbert Hoover (1929-1933, 31e président) dont les politiques ont précipité la Grande Dépression.
Passage en revue du bilan que Bush léguera à son successeur, le 20 janvier 2009.
1. L'économie au bord de la Dépression
Bush a déjà écopé du sobriquet George "Hoover" Bush. L'économie est entrée en récession fin 2008 après l'éclatement d'une bulle immobilière et financière qui n'avait pas cessé de gonfler sans que son administration s'en inquiète. À son arrivée à Washington, en 2000, il avait hérité des fruits d'une période de forte croissance sous le double mandat de Bill Clinton.
Le choc des attentats de 2001 l'a poussé à une politique de relance par la baisse des taux d'intérêt, des baisses massives d'impôts et une dérégulation radicale des marchés financiers, conformément au credo libéral du Parti républicain depuis l'ère Reagan. Il a ignoré les mises en garde sur le danger du surendettement des consommateurs, des entreprises et des institutions financières de Wall Street. Et il a repoussé jusqu'à l'été 2008 les appels à ce que le gouvernement fédéral joue son rôle, par conviction idéologique, dans les vertus du marché laissé à lui-même. L'avenir seul dira si le virage à 180 degrés qu'il a pris en fin de mandat, avec la nationalisation de facto de pans entiers du secteur bancaire, des assurances et de l'immobilier, permettra d'éviter que la récession de 2008 ne tourne à une véritable Dépression.
2. La guerre sans fin contre le terrorisme
La présidence Bush aura été marquée au sceau indélébile des attentats terroristes d'Al-Qaeda à New York et à Washington le 11 septembre 2001, la première attaque contre le territoire national de l'histoire du pays. Elle a exposé des lacunes en matière de sécurité nationale, antérieures à son arrivée au pouvoir, et a poussé à la mise en place d'un immense appareil de lutte contre le terrorisme, avec la création du département de la Sécurité intérieure, la plus importante réorganisation du gouvernement fédéral depuis la Seconde Guerre mondiale, et la montée en puissance des services de renseignements et de lutte antiterroriste.
La "guerre contre le terrorisme" s'est accompagnée de dérapages qui ont profondément choqué les Américains, et terni l'image du pays dans le monde, de l'extension de la surveillance électronique à l'intérieur du pays aux détentions extra-légales (sur la base de Guantanamo entre autres), le recours à la torture (Abou Ghraïb), et des violations répétées de la Constitution par un exécutif qui a étendu ses pouvoirs au détriment du Congrès et de la Cour suprême, sous l'influence du vice-président Dick Cheney en particulier.
Elle n'a surtout pas mis fin à la menace du terrorisme islamiste ni empêché al-Qaeda de reconstituer ses bases à la frontière entre le Pakistan et l'Afghanistan. Après avoir chassé les "talibans" du pouvoir à Kaboul en décembre 2001, l'administration Bush s'est désintéressée de la situation pour s'engager dans l'invasion de l'Irak, erreur stratégique pour la majorité des experts. L'invasion réussie, et le renversement de la dictature de Saddam Hussein ont débouché sur le fiasco de l'occupation du pays, qui a saigné l'US Army (plus de 4.000 tués et 30.000 blessés) et grevé le budget (le coût des interventions en Afghanistan et en Irak a atteint 1.000 milliards de dollars).
L'opinion publique a basculé en faveur d'un retrait des troupes américaines, qui sera une des priorités du successeur de Bush quel qu'il soit, bien que la mise en oeuvre en 2007 d'une nouvelle stratégie de contre-insurrection ait permis de consolider le nouveau régime irakien et de briser les islamistes extrémistes qui avaient profité de la situation pour y ouvrir un nouveau front dans leur guerre sainte.
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