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La «Saga Africa» des banques marocaines

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  • La «Saga Africa» des banques marocaines

    L’Afrique est une des plus grandes réserves mondiales de matières premières déclarées (cobalt, diamant, phosphates, pétrole...). Une meilleure stabilité politique et des taux de croissance satisfaisants font que beaucoup de banques d’affaires et d’investissement s’intéressent de plus en plus au continent. / Une fièvre africaine saisit les banques marocaines. Fort de la progression de sa dimension régionale avec la reprise de la Banque Internationale du Mali, qui s’est ajoutée aux filiales tunisienne, sénégalaise, mauritanienne, au bureau de représentation à Tripoli, le management d’Attijariwafa bank (AWB) vient de se lancer de nouveaux défis.

    Pour cela, il a sorti la grosse artillerie : un chèque de près de 250 millions d’euros pour étendre son réseau en Afrique subsaharienne. Dans l’escarcelle, cinq filiales du groupe bancaire hexagonal Crédit agricole. La première banque privée marocaine récupère ainsi 65% des parts du capital de la Société camerounaise de banque, détenus par le groupe bancaire français. Cette acquisition touche aussi le Crédit du Congo (81% du capital), la Société ivoirienne de banques (51%), l’Union gabonaise de banques (59%) et le Crédit du Sénégal (95%).

    Le management de la banque avait annoncé dans son plan stratégique 2008-2012 ses objectifs : non seulement la consolidation de son leadership au Maroc mais aussi le développement de la banque de détail à l’international. N’avait-il pas lancé deux emprunts obligataires en moins d’un an pour financer ses projets ? Cette manne devait permettre à l’institution de renforcer sa présence et accroître ses activités en Afrique sans altérer ses fonds propres réglementaires.

    Avec cette opération, Attijariwafa bank conforte sa vocation d’acteur régional de premier plan, dans le Maghreb et en Afrique subsaharienne. Dans sa stratégie, l’AWB n’est pas intéressée par des positions minoritaires. Elle cherche à acquérir des leaders pour être l’un des établissements de référence dans le pays d’accueil.

    Principal concurrent d’AWB, la BMCE a franchi un pas décisif en 2007 en rachetant 35% du capital d’African Financial Holding (AFH) qui contrôle le groupe Bank of Africa (BOA). Une acquisition qui lui a permis de prendre pied dans onze pays africains. BMCE est également implantée au Mali, au Congo, au Sénégal et en Tunisie.

    Elle a obtenu en 2007 l’agrément pour l’exploitation de la filiale londonienne MediCapital Bank (MCB). Cette position outre-Manche donne plus d’atouts à la banque pour exporter son expertise dans les montages financiers en Afrique. Objectif : mobiliser de la ressource financière au bénéfice du continent et développer la plupart de ses activités en Afrique anglophone et lusophone. MCB a d’ailleurs décidé d’implanter des bureaux dans une vingtaine de pays du continent. Ces banques seront spécifiquement des banques d’affaires.

    C’est une fois la dimension investissement déjà acquise que MCB s’emploiera à développer sa présence et son implantation localement. Un positionnement géographique et dans des métiers différents de celui d’AWB. Une façon de ne pas «se tirer dans les pattes». Le vrai défi sera de trouver des plateformes concrètes de collaboration avec des partenaires.

    Première à s’être lancée hors des frontières du Royaume, la Banque Centrale Populaire détient aujourd’hui 5% du marché guinéen et 27% du marché centrafricain, via ses filiales Banque populaire maroco-guinéenne (BPMG, ouverte en 1991) et Banque populaire maroco-centrafricaine (BPMC, ouverte en 1990). Depuis ces deux opérations, l’expansion du groupe sur le continent est restée au point mort. Aujourd’hui, il affiche de nouvelles ambitions au développement à l’international et une volonté de monter en puissance sur le continent.

    Qu’est-ce qui fait courir les banques marocaines en Afrique ? Un potentiel de développement financier ? Un continent où se déploie un des champs de croissance les plus fertiles en ces temps de crise ? Une volonté d’accompagner la «nouvelle politique africaine du Maroc», revêtant le manteau d’une diplomatie économique au service d’un partenariat promoteur ? L’Afrique est une des plus grandes réserves mondiales de matières premières déclarées (cobalt, diamant, phosphates, pétrole...).

    Une meilleure stabilité politique et des taux de croissance satisfaisants font que beaucoup de banques d’affaires et d’investissement s’intéressent de plus en plus au continent. Le secteur bancaire africain a connu une croissance annuelle de 28% et continue de se développer.

    Mais l’Afrique n’est pas à l’abri d’une récession avec la crise de l’économie mondiale. Certes, la crise des subprimes n’est pas une affaire africaine. Mais le ralentissement des économies américaine, britannique, européenne et chinoise induit une chute de la demande de matières premières et pourrait avoir un impact sur la croissance africaine.

    La Banque mondiale estime qu’une baisse de 18% de la demande de matières premières en Afrique se traduirait par un déclin d’au moins 2% du PIB. Le financement de projets risque donc de ralentir, d’autant que les investissements directs étrangers empruntent les canaux des grandes banques internationales occidentales. Et ces banques n’ont plus de crédit pour satisfaire leurs propres besoins.

    Mais la question de fond que se posent les banquiers internationaux installés en Afrique est de savoir si le financement de l’exportation de matières premières est le seul vecteur de développement africain. Ou bien faudrait-il une transformation de ces matières premières pour générer de la valeur ajoutée dans les différents pays africains ? L’option valeur ajoutée aux matières premières est aujourd’hui opportune et réaliste pour l’Afrique.

    D’où l’importance, quand cela est possible, de créer ou d’encourager des joint-ventures entre entreprises. Il convient, pour cela, de tout faire pour minimiser les risques pris sur les marchés. Ce risque est-il aussi important que certains le laissent penser ? Très peu de pays connaissent aujourd’hui des difficultés politiques insurmontables.

    Mais le risque zéro n’existe nulle part. Preuve en est que d’autres banques s’intéressent au même marché. Tout porte à croire que les banques nigériennes et sud-africaines vont continuer à progresser et se renforcer malgré la crise financière. Avec ces banques, la bataille pour le leadership financier dans cette zone du continent sera rude.

    Le premier atout des nationales tiendra moins aux brillants calculs du credit scoring qu’à leur connaissance, fine et pertinente, des réalités locales, qu’elles soient réglementaires, juridiques ou relationnelles. Ce ne sont pas les banques françaises, en retrait, qui le contesteraient
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