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Maroc: Les dessous du licenciement de Lekhrif

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    Maroc: Les dessous du licenciement de Lekhrif
    Publié le 24.12.2008 | 10h40

    Quand la décision de mettre fin à ses missions en tant que secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères a été officialisée, Ahmed Lekhrif ne se doutait encore de rien. Il se trouvait en effet, dans cette après-midi de lundi, au Parlement aux côtés de quatre autres de ses (ex)collègues face à des députés déchaînés, protestant contre le Premier ministre qui «snobait» leur institution.


    D'ailleurs, les membres du gouvernement ont appris la mise à l'écart de l'un des leurs comme le commun des mortels : via la dépêche relayée par la MAP. Mais que s'est-il passé exactement ? Pourquoi Ahmed Lekhrif et pas d'autres responsables, détenteurs également d'une deuxième nationalité ? «Ahmed Lekhrif a commis l'erreur ,par mégarde, de ne pas annuler la procédure de l'obtention de la nationalité espagnole après sa nomination au gouvernement», souligne un responsable du Parti de l'Istiqlal sous couvert d'anonymat et qui affirme que son parti a été pris de court comme tout le monde. Une réaction ? «L'article 24 de la Constitution est clair : le Roi nomme et révoque les ministres. On ne peut placer aucun commentaire», ajoute notre source pour expliquer le «motus et bouche cousue» du parti de Abbas El Fassi.

    Mais encore, pourquoi Ahmed Lekhrif et pas un autre ? Le premier concerné est resté injoignable depuis la diffusion de la nouvelle de la décision de Mohammed VI. «Tout porte à croire que M. Lekhrif a obtenu la nationalité espagnole après sa nomination au gouvernement. Allez faire avaler aux Français la chose au cas où un Bernard Kouchner obtiendrait la nationalité américaine», nous répond une source de la diplomatie marocaine. Circonstances aggravantes pour l'ex-secrétaire d'Etat : il est sahraoui et travaillait au sein d'un ministère aussi sensible que les Affaires étrangères.

    Une réaction de l'Espagne ? Une source informée à Madrid, spécialiste des relations entre les deux royaumes, exclut une telle éventualité. Mais explique, d'autre part, ce qu'elle présente comme les «messages» que charrierait la décision de Mohammed VI. Pour notre interlocuteur, il s'agit d'abord d'un message adressé au «clan de Khallihenna» qui prend du poids, politique notamment, depuis le retour en force de l'ex-patron du PUNS. Le deuxième message serait, lui, adressé aux autorités espagnoles, leur rappelant leurs contradictions. Mais aussi leur signifiant de ne pas se mêler des affaires intérieures du Maroc. «Pourquoi ne pas réserver le même traitement, accordé aux Sahraouis, aux habitants du Rif et du Nord, également anciennes colonies espagnoles ?», s'interroge notre spécialiste.

    De sources informées, en Espagne et au Maroc, l'on apprend d'ailleurs que les autorités de Madrid continuent d'accorder la nationalité à un grand nombre de Sahraouis. «Une écrasante majorité des membres du Corcas a obtenu la nationalité espagnole deux ou trois mois à peine après la mise en place de ce conseil en mars 2006. D'ailleurs, c'est le cas pour la majorité des membres du bureau de ce conseil», affirme une source à Laâyoune. «Il suffit de voiries interminables queues devant les services chargés de la question à Badajoz», déclare une source dans la capitale espagnole qui explique que les hauts responsables préfèrent faire leurs demandes à Salamanque. «Pour plus de discrétion», nous explique-t-on.

    Au Sahara, l'éviction d'Ahmed Lekhrif laisse un goût amer à certains observateurs. «Il est vrai que l'homme n 'était pas très convaincant comme ministre et les services compétents auraient dû faire attention à sa demande de nationalité avant que son dossier n'atterrisse sur le bureau du Roi», affirme un membre du Corcas qui va plus loin en invoquant une éventuelle instrumentalisation, par le Polisario, de cette mise à l'écart du seul membre du gouvernement originaire du Sahara. «Les séparatistes pourraient tout simplement dire aux unionistes que l'Etat marocain ne fait confiance à aucun Sahraoui», explique notre source. «Du moment qu 'un remaniement ministériel est attendu pour la sortie de Abdelwahed Radi, on aurait pu attendre cette occasion pour trouver une sortie honorable au cas Lekhrif», conclut notre source. En attendant, les «double nationalité» parmi nos responsables auraient-ils quelque chose à craindre ? Tout porte à croire le contraire. Abderrahmane Youssoufi a été nommé Premier ininistre alors qu'il détenait trois nationalités : la marocaine, la française et l'espagnole. D'autres ministres se trouveraient dans la même situation. «Près de la moitié de la chambre des Conseillers porte une autre nationalité», ajoute un cadre de l'Istiqlal. Et l'on y retrouve de tout : la française, l'espagnole et la néerlandaise. Les hautes fonctions ne sont pas épargnées. Au cabinet royal, l'un des collaborateurs directs de Mohammed VI a une double nationalité. Mieux encore, Fadel Benyaïch, chargé de mission au cabinet royal, dispose depuis longtemps de la nationalité espagnole comme l'essentiel des membres de sa famille.
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