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A Gaza, les Israéliens mènent deux guerres

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  • A Gaza, les Israéliens mènent deux guerres

    Une analyse que je trouve assez intéressante.

    Titulaire de la chaire de géopolitique du Collège interarmées de défense, professeur de sciences politiques à la Sorbonne et à l’Université de Neuchâtel, Aymeric Chauprade * explique la guerre par procuration à laquelles se livrent Israël et l’Iran dans la bande de Gaza.
    Au-delà du drame humain, que se joue-t-il à Gaza?
    C’est d’abord un nouvel épisode du conflit entre Palestiniens et Israéliens. Mais c’est aussi une guerre par procuration dans le cadre de l’affrontement entre Israël et l’Iran. Pour ce qui est de l’opération «Plomb durci», elle est avant tout une opération de «nettoyage» des capacités militaires du Hamas. Israël s’est rendu compte que la trêve profitait plus au Hamas qu’à lui-même, car elle permettait aux islamistes de se réarmer via les tunnels de Rafah.Les objectifs des Israéliens semblent multiples?
    Sur le plan stratégique, je l’ai dit, ils mènent deux guerres: l’une contre les Palestiniens, l’autre contre l’Iran. Sur le plan tactique, ils jouent avec le calendrier: l’opération à Gaza a lieu juste avant l’investiture de Barack Obama, elle leur permet de mettre la pression sur lui.
    Par ailleurs, elle a lieu quelques semaines avant les élections israéliennes et palestiniennes. Pour ce dernier aspect, le but de «Plomb durci» est peut-être de rendre le Hamas impopulaire en lui faisant porter la responsabilité du carnage des civils.
    Les régimes arabes «modérés» ne voient-ils pas d’un bon œil Israël mettre à genoux le Hamas, très populaire dans la rue arabe?
    L’Arabie saoudite et l’Egypte craignent l’axe Iran-Syrie-Hezbollah-Hamas (Téhéran armant le Hamas, bien que ce dernier soit sunnite). Les
    régimes égyptien et saoudien – considérés comme des «collaborateurs» par la rue arabe – ne veulent pas d’un Iran nucléaire. La nouveauté, c’est qu’ils coopèrent avec Israël au niveau du renseignement et ont été mis au courant de l’opération à Gaza. Incontestablement, les deux axes sont en train de se radicaliser.
    Peut-on affirmer que sans rapprochement entre l’Iran et les Etats-Unis, le Proche-Orient ne connaîtra pas l’apaisement?
    J’en suis convaincu. Idéalement, je pense que les Américains rêvent d’une normalisation avec l’Iran, même avec le nucléaire qui a toujours eu une valeur symbolique pour les Iraniens. Il y a en Iran une espèce de volonté gaullienne de se sanctuariser, d’être un acteur régional qui pourra mener une politique indépendante. Je ne crois pas tellement à l’option apocalyptique. L’Iran ne menace ni les Etats-Unis ni l’Europe. Le contentieux est au Proche-Orient et il vaudrait mieux dialoguer avec Téhéran que le diaboliser.
    En revanche, pour Israël, il est insupportable de penser qu’un autre pays de la région puisse devenir puissance nucléaire. Donc le jeu d’Israël est d’empêcher à tout prix que Téhéran se dote de la bombe. Y compris par une guerre dans laquelle il pousserait les Américains.
    Un dialogue entre les Etats-Unis d’Obama et l’Iran est-il possible?
    Oui, car cette volonté existe aux Etats-Unis, mais rien ne dit qu’elle sera dominante, même si certains disent qu’il faut trouver une solution avec l’Iran pour réussir en Irak. Bref, il y aura un débat, mais il ne faut pas oublier que les forces pro-israéliennes sont très importantes dans le système politique américain.
    Pour ce qui est du conflit israélo-palestinien, je suis en revanche très pessimiste. Au fil des décennies, c’est devenu une guerre à mort entre deux peuples qui ont chacun la conviction qu’il est impossible de vivre avec l’autre. C’est malheureux à dire, c’est une guerre qui va durer encore longtemps.  
    Dernier ouvrage: «Chromique du choc des civilisations. Actualité, analyses géopolitiques et cartes pour comprendre le monde après
    le 11 Septembre», Editions Chronique, 240 pages. Sortie prévue le 24 janvier.

    BERNARD BRIDEL | 09.01.2009 | 00:00
    « N’attribuez jamais à la malveillance ce qui s’explique très bien par l’incompétence. » - Napoléon Bonaparte
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