mercredi 21 janvier 2009, par Adam Hanieh
A la fin des années 1960, avec l’effondrement définitif du colonialisme britannique et français au Moyen Orient, les USA sont devenus la puissance impériale dominante de la région. A cause de la présence de pétrole, le Moyen Orient a pris une importance vitale pour la construction globale de l’hégémonie US dans l’ordre mondial. Le contrôle des ressources de la région a servi simultanément à se procurer un produit vital, fournir une source de profits et comme bâton pour influencer les puissances rivales au sein du marché mondial. Au cours des 30 dernières années, la région – en particulier les Etats du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) – a pris un rôle à l’importance croissante comme source de mouvements de capitaux excédentaires – et donc de puissance globale – au sein de l’ordre financier mondial. La politique US vis-à-vis de la région est conduite par ces facteurs. Parce que le Moyen Orient est le lien vital du pouvoir global US dans l’économie mondiale, il lui faut développer un cadre politique qui soutienne et maintienne son influence dans la région. Ce cadre politique (connu sous le nom de "politique étrangère" US) est concocté dans les débats, luttes et expériences quotidiens de la capitale US et de ses représentants dans les gouvernements, conseils d’administration et groupes de réflexion et d’influence. En dépit des différends réels et importants qui surgissent continuellement, un large consensus a émergé tout au long des quatre dernières décennies sur la manière d’exercer et de maintenir l’influence dans la région.
Ce consensus repose sur trois piliers clés :
- Premièrement, comme partout ailleurs dans le monde, les USA s’appuient sur des gouvernements corrompus et des élites sans envergure qui dépendent d’eux pour leur survie militaire et économique. Les exemples les plus clairs sont la Jordanie et l’Egypte – deux alliés clés des USA dans la région. Ces gouvernements coopèrent étroitement avec les USA dans les domaines de la sécurité régionale et les liens économiques, ainsi que dans la "guerre contre le terrorisme" mondial. Leurs réseaux de police secrète sont considérables, et leurs prisons sont pleines d’individus qui ont été torturés en étroite collaboration avec la CIA et autres organes. Leurs économies sont grandes ouvertes à l’investissement étranger et le néolibéralisme y a cours depuis des années.
- Deuxièmement, en plus de ces régimes clientélistes, le pouvoir US repose sur des pays intégrés au projet régional d’intégration – le Conseil de Coopération du Golfe. Le CCG a été établi en 1981 entre l’Arabie Saoudite, Bahrayn, le Koweït, Oman, le Qatar et les Emirats Arabes Unis. En tant que projet régional d’intégration, le CCG ressemble à l’Union Européenne, et vise à créer une seule zone économique couvrant les six Etats-membres ayant des lois et des politiques économiques identiques, une banque centrale commune et une monnaie unique en 2010. Les pays du CCG sont des alliés des USA particulièrement fiables. Leur dépendance importante sur la main d’œuvre immigrées signifie qu’ils diffèrent d’états tels que l’Irak, l’Iran, l’Egypte et ailleurs, où les mouvements de la classe laborieuse indigène présente une menace potentielle. Le CCG est aussi un avant-poste clé pour l’appareil militaire US dans la région. En 2003, l’armée US a déplacé au Qatar son quartier général Centcom, le centre de commandement unifié pour les opérations dans 27 pays. En 2005, selon un rapport du Congrès, plus de 100.000 personnels militaires US ont été installés dans les Etats du Golfe (en plus des près de 150.000 en Irak ou du personnel de sécurité travaillant dans des officines privées). [1]
- Dernier point, et non le moindre, le troisième pilier clé du pouvoir US dans la région est l’Etat d’Israël. Depuis la guerre de 1967, Israël a joué un rôle central dans la défense des intérêts US dans la région. C’est l’arme dont se servent les USA lorsqu’ils veulent écraser les mouvements populaires lorsqu’ils ne peuvent envahir le pays directement. Il y a de cela beaucoup d’exemples – à partir de 1967 et jusqu’aux années 1970, les attaques et les assassinats militaires israéliens ont mis hors de combat des mouvements nationalistes de gauche et arabes qui menaçaient les régimes clientélistes. Pendant les années 1980, Israël a servi à écraser les forces palestiniennes et progressistes au Liban.
Pour aller encore plus loin, Israël a promu les objectifs de la politique étrangère US à travers le globe. Il fut un soutien politique, militaire et économique clé de l’Afrique du Sud d’Apartheid et dans les années où culminaient le boycott et les sanctions, il a servi de canal pour l’entrée des marchandises sud-africaines en Europe (une des raisons de sa position centrale dans le commerce mondial des diamants). En Amérique Latine et Centrale, les armes et l’entraînement israéliens ont servis à armer et à équiper les dictatures militaires de la région dans les années 1980.
Depuis les années 1990, dans le contexte d’un environnement géopolitique généralement plus favorable, les Etats-Unis ont tenté de redessiner la relation entre ces trois piliers de soutien pour consolider encore davantage leur pouvoir et leur influence. Le but qui sous-tend cette politique est de réunir ces trois piliers dans une seule zone économique néolibérale (surnommé le "Nouveau Moyen Orient" par Condoleezza Rice en 2006). Il est très important de comprendre cette stratégie : c’est la clé du contexte régional dans lequel les politiques de la région se révèlent aujourd’hui, aussi bien que des forces spécifiques dirigeant les projets économiques tel le Plan palestinien de Réforme et de Développement (PPRD).
A la fin des années 1960, avec l’effondrement définitif du colonialisme britannique et français au Moyen Orient, les USA sont devenus la puissance impériale dominante de la région. A cause de la présence de pétrole, le Moyen Orient a pris une importance vitale pour la construction globale de l’hégémonie US dans l’ordre mondial. Le contrôle des ressources de la région a servi simultanément à se procurer un produit vital, fournir une source de profits et comme bâton pour influencer les puissances rivales au sein du marché mondial. Au cours des 30 dernières années, la région – en particulier les Etats du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) – a pris un rôle à l’importance croissante comme source de mouvements de capitaux excédentaires – et donc de puissance globale – au sein de l’ordre financier mondial. La politique US vis-à-vis de la région est conduite par ces facteurs. Parce que le Moyen Orient est le lien vital du pouvoir global US dans l’économie mondiale, il lui faut développer un cadre politique qui soutienne et maintienne son influence dans la région. Ce cadre politique (connu sous le nom de "politique étrangère" US) est concocté dans les débats, luttes et expériences quotidiens de la capitale US et de ses représentants dans les gouvernements, conseils d’administration et groupes de réflexion et d’influence. En dépit des différends réels et importants qui surgissent continuellement, un large consensus a émergé tout au long des quatre dernières décennies sur la manière d’exercer et de maintenir l’influence dans la région.
Ce consensus repose sur trois piliers clés :
- Premièrement, comme partout ailleurs dans le monde, les USA s’appuient sur des gouvernements corrompus et des élites sans envergure qui dépendent d’eux pour leur survie militaire et économique. Les exemples les plus clairs sont la Jordanie et l’Egypte – deux alliés clés des USA dans la région. Ces gouvernements coopèrent étroitement avec les USA dans les domaines de la sécurité régionale et les liens économiques, ainsi que dans la "guerre contre le terrorisme" mondial. Leurs réseaux de police secrète sont considérables, et leurs prisons sont pleines d’individus qui ont été torturés en étroite collaboration avec la CIA et autres organes. Leurs économies sont grandes ouvertes à l’investissement étranger et le néolibéralisme y a cours depuis des années.
- Deuxièmement, en plus de ces régimes clientélistes, le pouvoir US repose sur des pays intégrés au projet régional d’intégration – le Conseil de Coopération du Golfe. Le CCG a été établi en 1981 entre l’Arabie Saoudite, Bahrayn, le Koweït, Oman, le Qatar et les Emirats Arabes Unis. En tant que projet régional d’intégration, le CCG ressemble à l’Union Européenne, et vise à créer une seule zone économique couvrant les six Etats-membres ayant des lois et des politiques économiques identiques, une banque centrale commune et une monnaie unique en 2010. Les pays du CCG sont des alliés des USA particulièrement fiables. Leur dépendance importante sur la main d’œuvre immigrées signifie qu’ils diffèrent d’états tels que l’Irak, l’Iran, l’Egypte et ailleurs, où les mouvements de la classe laborieuse indigène présente une menace potentielle. Le CCG est aussi un avant-poste clé pour l’appareil militaire US dans la région. En 2003, l’armée US a déplacé au Qatar son quartier général Centcom, le centre de commandement unifié pour les opérations dans 27 pays. En 2005, selon un rapport du Congrès, plus de 100.000 personnels militaires US ont été installés dans les Etats du Golfe (en plus des près de 150.000 en Irak ou du personnel de sécurité travaillant dans des officines privées). [1]
- Dernier point, et non le moindre, le troisième pilier clé du pouvoir US dans la région est l’Etat d’Israël. Depuis la guerre de 1967, Israël a joué un rôle central dans la défense des intérêts US dans la région. C’est l’arme dont se servent les USA lorsqu’ils veulent écraser les mouvements populaires lorsqu’ils ne peuvent envahir le pays directement. Il y a de cela beaucoup d’exemples – à partir de 1967 et jusqu’aux années 1970, les attaques et les assassinats militaires israéliens ont mis hors de combat des mouvements nationalistes de gauche et arabes qui menaçaient les régimes clientélistes. Pendant les années 1980, Israël a servi à écraser les forces palestiniennes et progressistes au Liban.
Pour aller encore plus loin, Israël a promu les objectifs de la politique étrangère US à travers le globe. Il fut un soutien politique, militaire et économique clé de l’Afrique du Sud d’Apartheid et dans les années où culminaient le boycott et les sanctions, il a servi de canal pour l’entrée des marchandises sud-africaines en Europe (une des raisons de sa position centrale dans le commerce mondial des diamants). En Amérique Latine et Centrale, les armes et l’entraînement israéliens ont servis à armer et à équiper les dictatures militaires de la région dans les années 1980.
Depuis les années 1990, dans le contexte d’un environnement géopolitique généralement plus favorable, les Etats-Unis ont tenté de redessiner la relation entre ces trois piliers de soutien pour consolider encore davantage leur pouvoir et leur influence. Le but qui sous-tend cette politique est de réunir ces trois piliers dans une seule zone économique néolibérale (surnommé le "Nouveau Moyen Orient" par Condoleezza Rice en 2006). Il est très important de comprendre cette stratégie : c’est la clé du contexte régional dans lequel les politiques de la région se révèlent aujourd’hui, aussi bien que des forces spécifiques dirigeant les projets économiques tel le Plan palestinien de Réforme et de Développement (PPRD).
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