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Le volontarisme de Barack Obama à l'épreuve du Proche-Orient

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  • Le volontarisme de Barack Obama à l'épreuve du Proche-Orient

    "Le moment est venu" pour les Israéliens et les Palestiniens de reprendre le chemin des négociations, a jugé lundi Barack Obama, chargeant son émissaire George Mitchell de s'engager avec "vigueur et constance" pour un règlement du conflit.

    Néanmoins, l'évaluation du nouveau président américain se heurte à quelques dures réalités du terrain, dont la moindre n'est pas que le Hamas est toujours debout après 22 jours de blitz israélien, qu'il persiste sur la voie de la lutte armée et est inébranlable dans son refus de reconnaître un Etat juif.

    Illustrée et accentuée par l'offensive israélienne, la perte d'influence politique du président modéré palestinien Mahmoud Abbas, dont la légitimité est contestée par le Hamas, qui lui a pris Gaza en juin 2007, est également un fait incontestable.

    Pour corser les choses, les divisions palestiniennes sont nourries par une lutte d'influence régionale mettant aux prises d'un côté l'Iran, la Syrie et le Hezbollah, de l'autre l'Arabie saoudite, l'Egypte et d'autres pays arabes dépendant de l'appui de Washington mais dont les opinions sont anti-américaines.

    Couronnant le tout, il n'est même pas sûr qu'Israël veuille encore négocier la paix après les élections du 10 février : elles pourraient faire émerger un gouvernement moins bien disposé à l'égard d'une solution impliquant, comme le prône la communauté internationale, un Etat palestinien viable en Cisjordanie et à Gaza, un compromis sur Jérusalem et une solution juste du problème des réfugiés.

    La colonisation de la Cisjordanie s'est développée sous tous les gouvernements. L'an dernier, elle s'est accrue de 57% par rapport à 2007. Aucun acteur extérieur n'a jamais été en mesure d'empêcher ce mouvement, illégal aux yeux de la communauté internationale.

    Ce dernier obstacle sera peut-être le plus difficile à surmonter pour le nouveau président américain.

    "L'extension des colonies semble avoir été trop loin, pendant trop longtemps, pour pouvoir être inversé par un quelconque gouvernement israélien, sauf à devenir illégitime, même si les Etats-Unis exerçaient de véritables pressions", écrivent les analystes Mouine Rabbani et Chris Toensing.

    "CHANCES DE RÈGLEMENT NULLES"

    Soucieux de réactiver des efforts de paix régionaux que son prédécesseur George Bush a longtemps négligés, Barack Obama a dépêché au Proche-Orient son émissaire George Mitchell, le chargeant de rencontrer et d'écouter "toutes les parties", à l'exception du Hamas, que les Etats-Unis boycottent en tant qu'"organisation terroriste"

    Le nouveau président n'a pas exclu d'engager des efforts diplomatiques en direction de la Syrie et de l'Iran, deux adversaires traditionnels des Etats-Unis, que Bush cherchait à isoler. Mais, même s'il a dit vouloir tendre la main au "monde musulman", Barack Obama n'a rien dit pour l'heure laissant présager un changement radical de l'attitude de Washington.

    Pour l'ancien négociateur américain au Proche-Orient Aaaron David Miller, le choix de George Mitchell comme émissaire dans la région traduit la priorité donnée par le nouveau président au processus et pas aux questions de fond.

    Le rapport que l'ancien sénateur avait rendu en 2001 à Bill Clinton sur les moyens de mettre fin aux violences en Palestine a servi de base à la "feuille de route" pour la paix de 2003 soutenue par les Etats-Unis, mais celle-ci n'a conduit à rien.

    Selon Aaron David Miller, Barack Obama n'a pas l'intention de procéder à des inflexions majeures de la politique proche-orientale américaine car les perspectives d'aboutir à un quelconque règlement entre Palestiniens et Israéliens "sont infimes, sinon nulles".

    Pourtant, le blitz d'Israël à Gaza met en demeure les Etats-Unis de faire quelque chose rapidement. Ils risquent donc de se retrouver durant des mois empêtrés dans des efforts visant simplement à gérer la crise plutôt que dans la recherche d'une solution globale introuvable.

    FAVORISER DES NÉGOCIATIONS AVEC LE HAMAS

    Une trêve durable entre le Hamas et Israël, des arrangements de sécurité, un échange de prisonniers, la réouverture des points de passage de Gaza et la reconstruction du territoire dévasté sont des défis suffisamment difficiles à relever pour Washington, d'autant que le boycottage du mouvement islamiste par Israël et l'Occident les complique singulièrement.

    Washington et ses alliés européens comptent sur l'Egypte, qui maintient les ponts avec toutes les factions palestiniennes, pour traiter avec le Hamas et tenter d'obtenir la mise sur pied d'un gouvernement palestinien d'unité qui puisse se poser en interlocuteur valable, légitime et fréquentable.

    Jusqu'à présent, Washington a tacitement approuvé le blocus israélien de Gaza, que même certains Israéliens considèrent comme une punition collective. "Mieux vaut l'abandonner en échange d'un cessez-le-feu avec le Hamas et des mesures pour tarir l'approvisionnement en armes du mouvement islamiste, estime l'analyste israélien Yossi Alpher.

    "Il faut que nous reconnaissions que le Hamas, quelle que soit notre répugnance à son égard, est ici pour rester, qu'il est notre voisin et qu'affamer les masses palestiniens est une stratégie qui produit des effets contraires à ceux que nous recherchions", ajoute-t-il.

    Plutôt que de poursuivre un "processus de paix" qui a échoué à de multiples reprises, Barack Obama devrait se rabattre sur la tâche moins glorieuse de soutenir des négociations en sous-main entre Israël et le Hamas, suggère de son côté Nathan Brown dans une publication du Carnegie Endowment.

    "Il n'y a peut-être pas là de Nobel de la paix à la clé, mais faire en sorte que ces véritables négociations réussissent, puis s'attaquer immédiatement à la suite, serait une approche bien plus prometteuse que de prétendre que l'on peut, dans les circonstances actuelles, cajoler les parties (en conflit) ou leur forcer la main pour qu'elles concluent un règlement global", souligne-t-il.

    source : Reuters
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