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Gaza : la France annule une mission humanitaire

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  • Gaza : la France annule une mission humanitaire

    jeudi 29 janvier 2009 - 21h:50

    Farid Taha

    La diplomatie française se décide aujourd’hui à Tel Aviv. Kouchner alibi humanitaire du Sarkozysme a depuis longtemps franchi le rubicon de la honte... Cet homme est un pion clé du dispositif véreux en place. Flagorneur, ambitieux, égocentrique, il a totalement perdu la notion du bien... [Note d’Info-Palestine .net]
    A quoi joue la diplomatie française ?

    Je crois avoir atteint aujourd’hui le summum de l’indignation ...

    Alors que je m’étais porté volontaire pour partir de manière "urgente" en mission humanitaire à Gaza avec d’autres collègues médecins et infirmières, j’ai cru comprendre suite à un coup de fil ce soir (vendredi 23 janvier), donc juste 48h après la demande de notre CHU de "constituer des équipes chirurgicales pour assurer la relève d’une équipe sur place à partir du 27 janvier 2009", que la situation s’étant nettement améliorée à Gaza, la France a décidé d"alléger le dispositif sanitaire sur place
    A ce stade j’aurais pu être indigné voire scandalisé par ce discours, mais non devant tant de cynisme on ne peut être que révulsé !

    Il était clair que cet établissement dépendant du ministère de la Santé avec lequel j’étais en contact depuis quelques jours, attendait le feu vert du Quai d’Orsay pour nous envoyer, mais j’étais à milles lieux de soupçonner ou même d’imaginer une réponse pareille.

    J’avais réussi en peu de temps à me libérer et à motiver, en plus d’une IBODE et du médecin anesthésiste qui m’accompagnaient pas mal d’autres médecins ou infirmières qui ont immédiatement accepté de partir sans condition pour les prochaines missions.

    Les derniers préparatifs administratifs étant satisfaits, j’attendais juste un coup de fil pour partir.

    Quand le téléphone a sonné je pensais sincèrement que le coordinateur qui m’avait pourtant demandé le matin même de lui faxer des papiers administratifs du conseil de l’ordre, allait me signaler un départ précipité avant la date prévue.

    Mais non vu, que "la situation s’étant nettement améliorée à Gaza, la France a décidé d’alléger le dispositif sanitaire sur place", nous restons sur place ...

    Quand j’ai entendu cette phrase les bras m’en sont tombés ...
    Je n’ai pu m’empêcher de signaler à mon interlocuteur, (visiblement très gêné), que j’ai eu au téléphone une responsable au siège de MSF qui m’a affirmé que la situation était encore plus dramatique que ce qu’ils pensaient et qu’ils avaient encore besoin de médecins.

    Les équipes sont en plus très embêtées avec des lésions de brûlures très particulières occasionnés par ce qui semble être du phosphore blanc (car il continue de se consumer même après l’arrêt de l’exposition) et demandent à Israël et en particulier à l’armée israélienne de leur fournir la composition exacte des produits utilisés pour mieux soigner les blessés.
    Le contact que j’ai eu n’a pas souhaité commenter cette décision d’ajourner la mission, mais un chirurgien infantile du CHU qui attendait lui aussi de partir depuis quelques jours m’a clairement évoqué les tergiversations du Quai d’Orsay et l’ambiguïté de Bernard Kouchner dans ce dossier. D’autant qu’il voulait absolument partir plus tôt à Gaza avant une autre mission ailleurs, car l"urgence infantile y était la bas, "prioritaire".

    Le lecteur se fera sa propre opinion en lisant l’excellent article sur "parole de démocrate" et surtout en visionnant la vidéo dans laquelle Leila Shahid, la déléguée générale de la Palestine auprès de l’Union européenne, qui est pourtant convaincue que l’Union européenne est l’avenir du Proche Orient et des Palestiniens, fait face non pas à un adversaire en la personne du représentant de l’état d’Israël, (ce qui est somme toute normal), mais à 2 adversaires puisque Bernard Kouchner quitte allègrement et publiquement le rôle d’arbitre pour endosser celui de l’acteur engagé. Engagé non pas pour la paix ou pour le droit humanitaire, ou que sais-je, mais pour la "sécurité d’Israël" qui est une notion certes à défendre par tout démocrate qui se respecte, mais pas au prix du mépris (de la population de Gaza !) ...

    Je met volontairement et ironiquement (la population de Gaza) entre parenthèses pour bien signaler que Bernard Kouchner, l’a aussi, volontairement et ironiquement mise entre parenthèses. Le représentant d’Israël souvent très prolixe n’aura même pas besoin de parler pour défendre la position de son pays qui devra un jour répondre de ses crimes.

    Mais bon, quand on apprend, que la France a d’autres priorités ... Nicolas Sarkozy n’a pas tardé à demander à Bernard Kouchner, "d’engager des actions immédiates contre la contrebande des armes", en envoyant la frégate porte hélicoptère Germinal au large de Gaza, plutôt que de consolider le dispositif humanitaire.

    L’urgence précise le communiqué de l’Elysée "est de consolider l’actuel cessez-le-feu, ce qui passe par l’action humanitaire, l’arrêt total du trafic d’armes vers Gaza, la réouverture durable des points de passage, la reconstruction et la réconciliation inter-palestinienne". Sur l"ensemble des points cités et qui me semblent tous très importants aussi bien les uns que les autres, je note que l’argument sécuritaire Israélien prend le dessus.
    Vous lisez bien, le fondateur de Médecins sans Frontières puis de Médecins du Monde va se charger non pas d’engager enfin une aide humanitaire digne de ce nom ou de s’assurer que les denrées alimentaires peuvent enfin être acheminée sans problèmes, mais juste "d’engager des actions immédiates contre la contrebande des armes" .... alors que la situation sanitaire sur place de plus en plus dégradée est des plus alarmantes.
    Avec la tragédie de gaza, la diplomatie Française ne trouve rien de mieux que de se fourvoyer publiquement et sans honte. Elle a atteint des niveaux d’incurie qu’elle n’aurait sans doute jamais atteint s’il y avait à la place de Bernard Kouchner, un Dominique de Villepin ou mieux un Hubert Védrine ...




    26 janvier 2009 - BlogSpleen, Idéal et Petites Révoltes -
    Vous pouvez consulter cet article ici : http://www.taha.fr/blog/post/2009/01...fran%C3%A7aise

    Info-Palestine
    Dernière modification par DZone, 29 janvier 2009, 23h38.

  • #2
    Khouidmi revient de l’enfer de la répression israélienne

    Le monde entier doit savoir ce qu’a fait Israël à Gaza

    Le docteur Khouidmi vient de rentrer de Gaza où il a été dépêché dès les premières heures de l’agression israélienne. Médecin responsable au sein du Croissant-Rouge algérien des catastrophes, il est spécialisé dans les situations de guerre.

    Le Dr Khouidmi nous reçoit en lançant : “Nous avons ramené un peu de phosphore blanc avec nous. J’en ai ramené un sachet avec moi. Les gens pensaient que c’était du sable.”

    Le sourire disparaît et le docteur commence à se remémorer : “Que Dieu nous préserve, avec tout ce qu’on a pu avaler là-bas. Une fois, j’ai dû ausculter un blessé à deux heures du matin, sans gants. Je sens toujours des picotements dans mes mains.”

    C’est le 9 janvier, c'est-à-dire au lendemain de l’autorisation délivrée par les autorités égyptiennes et 11 jours avant le cessez-le-feu, que le Dr Khouidmi et son collègue ont traversé le passage de Rafah. Ils étaient en contact, dès les premières heures du conflit, avec leurs homologues du Croissant-Rouge palestinien.

    “Dès qu’on a traversé la frontière, quatre F16 de l’armée israélienne ont commencé à bombarder la bande frontalière.”

    Emmené à l’hôpital Nasser de Khan Younes, le Dr Khouidmi, au regard de sa formation de médecin de guerre, a été vite orienté vers l’hôpital Chifa de Gaza-ville qui recevait le plus grand nombre de blessés. Sur place, il découvre une situation catastrophique : pas d’eau, pas de courant électrique, ni vivres.

    L’hôpital conçu pour recevoir 400 patients comptait plus de 1 000 blessés, avec un manque criant en médicaments.

    De par son expérience dans les conflits armés, le Dr Khouidmi fut désigné pour diriger les urgences de l’hôpital Chifa et orienter les blessés vers l’ensemble des services de l’hôpital. Il sera sollicité dès les premières heures pour prendre en charge les blessés qui ne cessaient d’affluer vers l’hôpital.

    “J’ai découvert qu’il y avait des lésions étranges que je n’ai jamais vues auparavant. Deux faits ont attiré mon attention : sur les cadavres, dès qu’on ouvrait la peau, la chair commençait à brûler et dégageait une odeur ressemblant à celle de l’ail. Au niveau du bloc opératoire, quand les victimes sont admises et quand on ouvre l’abdomen, les organes internes commencent à brûler et une odeur s’en dégage.

    Nous avons fait des recherches et nous nous sommes aperçus qu’il y avait un produit chimique qui produisait cet effet : le phosphore blanc. Nous avons dû ajuster le traitement des brûlés, en faisant appel au lait et au bicarbonate de sodium, car l’eau et l’huile accéléraient la dégradation du tissu.”

    Mais ce n’est pas tout, le Dr Khouidmi parle de l’utilisation de l’uranium : “L’armée israélienne utilisait des missiles antipersonnel qui explosaient juste à la surface, à hauteur de 50 centimètres, ce qui entraîne l’amputation des membres inférieurs.

    Ces blessés, une fois arrivés au bloc, et après quatre heures d’intervention chirurgicale, l’amputation est faite, la plaie suturée, le malade est admis au service de réanimation.

    Au bout de deux ou trois heures, rebelote, c’est la plaie qui s’ouvre et c’est l’hémorragie qui tue la victime. Nous avons conclu qu’il y avait présence d’uranium dans ces missiles. Nous avons eu deux ou trois blessés qui en sont morts. Après, nous avons dû réajuster notre thérapie.”
    Le Dr Khouidmi n’est pas resté au stade du constat. Avec des collègues palestiniens, jordaniens et égyptiens, ils ont alerté l’opinion publique internatio-nale :

    “Nous avons mis une semaine pour préparer un dossier solide, avec toutes les preuves nécessaires quant à l’utilisation par l’armée israélienne d’armes non conventionnelles ; nous avons organisé sur place une conférence de presse dans laquelle nous avons annoncé cela et nous avons saisi officiellement par écrit le Comité international de la Croix-Rouge pour diligenter une commission d’enquête composée d’experts neutres pour faire les investigations, confirmer nos dires et présenter les résultats d’enquête à qui de droit”.

    Sa première mission à Gaza était de désengorger l’hôpital Chifa où convergeaient la plupart des victimes des attaques israéliennes en les orientant vers d’autres établissements de la région.

    Sa seconde mission fut la prise en charge des victimes de cette agression. Mais sa mission était également celle d’un témoin : “Nous avons été chargés de dire la vérité à la communauté internationale quant à la violation par l’armée israélienne des droits humanitaires internationalement reconnus.”

    Le Dr Khouidmi avoue n’être jamais sorti de l’hôpital depuis son arrivée à Gaza. “L’armée israélienne n’a épargné ni staff médical ni secouristes. Deux jours avant le cessez-le-feu, un missile a touché neuf jeunes de la Protection civile palestinienne, dont six ont été amputés des membres inférieurs.

    Ils ont même atteint l’hôpital El-Qods, appartenant au Croissant- Rouge palestinien. J’étais obligé de négocier avec le délégué du CICR l’arrêt des combats pour permettre aux secours de se déplacer à l’hôpital El-Qods qui est à 2 kilomètres de l’hôpital Chifa.

    Tous les médecins de ce dernier hôpital voulaient partir porter secours à leurs collègues de l’hôpital El-Qods. Au bout des négociations, nous avons pu évacuer 30 blessés de l’hôpital El-Qods, dont une femme qui venait de subir une césarienne de 4 heures”.

    Le Dr Khouidmi affirme que les bombardements se déroulaient à 60 mètres de l’hôpital Chifa. “Une fois, ils ont bombardé le siège du syndicat des infirmiers qui se trouve à 30 mètres de mon lieu de travail”.
    De retour au pays, Dr Khouidmi n’est pas encore remis de ce qu’il a vu et vécu à Gaza.

    Déjà choqué par les images diffusées par la télévision aux premières heures de l’agression israélienne, il a été touché par les marques de solidarité du peuple algérien vis-à-vis de ses frères palestiniens, notamment des jeunes.

    “Je suis allé représenter ces jeunes et tout le peuple algérien”, dira-t-il avant de nous livrer ses sentiments sur ce qui l’a le plus touché durant sa mission à Gaza. D’abord une image négative : “celle d’un père serrant ses deux enfants. Les trois étaient morts calcinés. Ils ont été atteints par un missile alors qu’ils circulaient en voiture”.

    Ensuite, une image positive : “Dieu merci que je suis parti. Les Palestiniens ont un très bon moral.

    C’est un peuple brave qui aime le peuple algérien. Un jeune de 22 ans m’a ramené une panoplie de livres sur l’Algérie. Il les réunit depuis l’âge de six ans. À chaque fois, les Palestiniens me rappellent que nous sommes le peuple du million et demi de martyrs. Ils sont convaincus que si nous étions leurs voisins, cela fait longtemps qu’ils auraient prié à la mosquée El-Aqsa d’El-Qods”.

    Nous quittons le Dr Khouidmi et le laissons finir ses démarches pour envoyer davantage d’équipes du Croissant-Rouge algérien, notamment des psychologues pour apporter un soutien aux enfants de Gaza.

    Liberté

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