Article un peu long mais très intéressant à lire pour comprendre le conflit en Palestine ...
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Introduction au débat sur cette idéologie
À Marseille
le 15 janvier 2009
Pierre Stambul
Bureau National de l’Ujfp
(Union Juive Francaise Pour la Paix)
La guerre sanglante que l’armée israélienne mène à Gaza n’est pas venue de nulle part. Tzipi Livni a prévenu tous les partis politiques sionistes 48 heures avant l’agression et tous l’ont approuvée, y compris le Meretz (la gauche sioniste). Le mouvement « La Paix Maintenant » et les écrivains dits « de gauche » (mais farouchement sionistes) Amos Oz, Avraham Yehoshua et David Grossman ont aussi approuvé l’invasion en prônant peu après une trêve. Tous partagent le point de vue officiel en Israël : pour eux, le Hamas est un monstre infréquentable contre lequel le droit de tuer va de soi, même s’il y a des « dommages collatéraux ».
Des Israéliens juifs anticolonialistes s’opposent à la guerre. Ils témoignent et manifestent quotidiennement avec un grand courage. Ils ne représentent qu’une petite minorité (il paraît que 95% des Israéliens juifs étaient d’accord avec la perspective d’attaquer le Hamas) mais leur importance et leur influence dépassent leur nombre. Tous sont non sionistes ou antisionistes. Ils sont les seuls à comprendre la nature du crime commis à Gaza : crime de guerre et crime contre l’humanité. Il faudra bien qu’on en finisse avec l’impunité de cet Etat-voyou. Cela passera par le boycott d’Israël tant que durera l’occupation et par le jugement des criminels de guerre.
Une idéologie totalitaire
En Israël, tout est sioniste. L’identité, la mentalité, l’histoire enseignée, les médias, les lois, l’air que l’on respire. Personne ne peut échapper à cette idéologie qui s’insinue partout. Au nom de cette idéologie, 60 ans après la création de l’Etat d’Israël, la moitié des Bédouins du Néguev vivent dans des bidonvilles sans route, ni eau, ni électricité, ni maison en dur, parce que l’Etat Juif ne reconnaît pas leurs villages et leurs actes de propriété. Entre Méditerranée et Jourdain, il y a environ 5 millions de Palestiniens et 5 millions et demi de Juifs. À cause du sionisme, les premiers n’ont aucun droit. Ils sont soit bombardés et massacrés, soit occupés, soit des sous citoyens dans leur propre pays.L’apartheid s’est installé.
Dans l’histoire multiple et diverse du judaïsme, le sionisme a fait irruption, il y a un peu plus d’un siècle et il a la prétention aujourd’hui de s’imposer à tous les Juifs. Si on le critique et qu’on n’est pas juif, on est forcément antisémite. Si on est juif, alors on est un « traître qui a la haine de soi ». Et si on est palestinien, le sionisme délivre un droit de tuer, pour la bonne cause bien sûr, la sacro-sainte « sécurité d’Israël ».
Il n’en a pas toujours été ainsi. En 1948, tous les grands noms du judaïsme américain avec en tête Albert Einstein et Hannah Arendt signent une adresse au président Truman lui enjoignant d’arrêter ou d’expulser le terroriste Menahem Begin qui vient de massacrer 200 villageois à Deir Yassine. Aux yeux du monde, le judaïsme à l’époque, c’est Rosa Luxembourg, Freud, Kafka, Einstein, Arendt. Tou-te-s étaient non croyant-e-s et non sionistes comme la majorité des 6 millions de morts du génocide nazi. Comment est-on arrivé à cette inversion qui fait que les valeurs de fascistes (je ne trouve pas d’autre mot) comme Begin, Shamir, Liberman , Sharon se sont imposées et sont devenues celles des criminels Olmert, Perès, Barak, Livni …ou celles d’un grand nombre de dirigeants communautaires en France.
Cette mutation est incompréhensible si on n’examine pas ce qu’est le sionisme : à la fois un nationalisme, une forme de colonialisme, un messianisme qui a fabriqué un « homme juif nouveau ». Et une idéologie devenue ultra militariste, ayant fabriqué un pays devenu la tête de pont de l’impérialisme au Proche-Orient. Une idéologie affirmant offrir un « havre de paix » aux Juifs. Avec à la clé une instrumentalisation du génocide nazi et de l’antisémitisme.
Une histoire falsifiée
Les sionistes ont fabriqué une histoire fantastique du judaïsme. Alors que la grande majorité des premiers sionistes étaient non-croyants et souvent très hostiles aux religieux, ils sont allés chercher dans la Bible toutes les « justifications » au projet colonial qu’ils étaient en train d’inventer.
Depuis des dizaines d’années, il y a consensus chez les archéologues et les spécialistes de l’histoire antique (lire « La Bible Dévoilée » de Finkelstein et Silberman chez Bayard). Les épisodes d’Abraham et de Moïse sont totalement légendaires. Mais, ce qui est plus important, la conquête de Canaan par Josué est totalement légendaire. Ce texte qui est une véritable apologie du nettoyage ethnique et du massacre de « l’autre » n’a aucune réalité historique. C’est pourtant lui qui sert de base « historique » à l’installation des colons en Cisjordanie et aux partisans de l’expulsion des Palestiniens (la moitié de la société israélienne y est favorable). Il n’y a aucune trace archéologique de l’existence du royaume unifié de David et Salomon. À l’époque, Jérusalem était un village. Il est très probable que le royaume d’Israël (détruit par les Assyriens) et celui de Juda (détruit par les Babyloniens) aient toujours été des entités distinctes. Et il est surtout avéré que, pendant toute l’antiquité des peuples différents, des langues différentes et des religions différentes ont cohabité sur cette terre qui était un véritable carrefour. Les sionistes qui affirment que c’est la terre du peuple juif et que l’Etat d’Israël est une reconstitution du « royaume unifié » ont entériné une légende religieuse à laquelle ils ne croyaient pas eux-mêmes.
Dans la théorie sioniste, le peuple juif a été expulsé de sa terre au moment de la guerre menée par Titus et de la destruction du temple. Il aurait vécu 2000 ans en exil dans des conditions épouvantables jusqu’à ce que le sionisme lui permette de retourner dans son pays.
Or cette théorie est une affabulation. Dans « Comment le peuple juif fut inventé » (chez Fayard), Shlomo Sand montre, documents à l’appui, qu’il n’y a eu ni exil ni retour. Au moment de la destruction du temple, il y avait déjà des Juifs à Babylone, Alexandrie, Rome, en Espagne …Après la défaite face aux Romains, c’est la religion qui s’est dispersée, pas le peuple. Donc les descendants des Hébreux sont essentiellement les Palestiniens. Ben Gourion en était d’ailleurs persuadé et il a d’abord songé à les intégrer au projet sioniste.
Pendant plusieurs siècles dans l’empire Romain puis dans d’autres régions, la religion juive a été prosélyte. Les Juifs ont formé un pourcentage notable des habitants de l’empire romain. De nombreuses conversions ont eu lieu plus tard chez les Berbères d’Afrique du Nord puis chez les Khazars (une tribu turque ayant établi un empire entre Caspienne et Mer Noire). Bref les Juifs d’aujourd’hui seraient majoritairement descendants de convertis. Quant au retour, à plusieurs reprises, les Juifs auront l’occasion de s’installer à Jérusalem et ils préfèreront aller à Bagdad, Alexandrie ou Salonique. Il n’y a pas de « race » juive et (d’après Sand) même pas de « peuple » juif. La théorie sioniste de l’exil et du retour est complètement une construction idéologique.
Les sionistes ont instrumentalisé l’épisode de Massada. Après la prise de Jérusalem par Titus, des Juifs révoltés sont assiégés par les Romains dans la citadelle de Massada au-dessus de la Mer Morte et ils préfèrent le suicide à la reddition. D’où le complexe de Massada : « personne n’aime les Juifs, ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes et ils sont menacés en permanence de destruction ». En réalité, les révoltés de Massada étaient des fanatiques religieux (les zélotes) qui ont commencé par massacrer les Juifs qui acceptaient le mélange avec les autres peuples de la région et la souveraineté romaine.
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Introduction au débat sur cette idéologie
À Marseille
le 15 janvier 2009
Pierre Stambul
Bureau National de l’Ujfp
(Union Juive Francaise Pour la Paix)
La guerre sanglante que l’armée israélienne mène à Gaza n’est pas venue de nulle part. Tzipi Livni a prévenu tous les partis politiques sionistes 48 heures avant l’agression et tous l’ont approuvée, y compris le Meretz (la gauche sioniste). Le mouvement « La Paix Maintenant » et les écrivains dits « de gauche » (mais farouchement sionistes) Amos Oz, Avraham Yehoshua et David Grossman ont aussi approuvé l’invasion en prônant peu après une trêve. Tous partagent le point de vue officiel en Israël : pour eux, le Hamas est un monstre infréquentable contre lequel le droit de tuer va de soi, même s’il y a des « dommages collatéraux ».
Des Israéliens juifs anticolonialistes s’opposent à la guerre. Ils témoignent et manifestent quotidiennement avec un grand courage. Ils ne représentent qu’une petite minorité (il paraît que 95% des Israéliens juifs étaient d’accord avec la perspective d’attaquer le Hamas) mais leur importance et leur influence dépassent leur nombre. Tous sont non sionistes ou antisionistes. Ils sont les seuls à comprendre la nature du crime commis à Gaza : crime de guerre et crime contre l’humanité. Il faudra bien qu’on en finisse avec l’impunité de cet Etat-voyou. Cela passera par le boycott d’Israël tant que durera l’occupation et par le jugement des criminels de guerre.
Une idéologie totalitaire
En Israël, tout est sioniste. L’identité, la mentalité, l’histoire enseignée, les médias, les lois, l’air que l’on respire. Personne ne peut échapper à cette idéologie qui s’insinue partout. Au nom de cette idéologie, 60 ans après la création de l’Etat d’Israël, la moitié des Bédouins du Néguev vivent dans des bidonvilles sans route, ni eau, ni électricité, ni maison en dur, parce que l’Etat Juif ne reconnaît pas leurs villages et leurs actes de propriété. Entre Méditerranée et Jourdain, il y a environ 5 millions de Palestiniens et 5 millions et demi de Juifs. À cause du sionisme, les premiers n’ont aucun droit. Ils sont soit bombardés et massacrés, soit occupés, soit des sous citoyens dans leur propre pays.L’apartheid s’est installé.
Dans l’histoire multiple et diverse du judaïsme, le sionisme a fait irruption, il y a un peu plus d’un siècle et il a la prétention aujourd’hui de s’imposer à tous les Juifs. Si on le critique et qu’on n’est pas juif, on est forcément antisémite. Si on est juif, alors on est un « traître qui a la haine de soi ». Et si on est palestinien, le sionisme délivre un droit de tuer, pour la bonne cause bien sûr, la sacro-sainte « sécurité d’Israël ».
Il n’en a pas toujours été ainsi. En 1948, tous les grands noms du judaïsme américain avec en tête Albert Einstein et Hannah Arendt signent une adresse au président Truman lui enjoignant d’arrêter ou d’expulser le terroriste Menahem Begin qui vient de massacrer 200 villageois à Deir Yassine. Aux yeux du monde, le judaïsme à l’époque, c’est Rosa Luxembourg, Freud, Kafka, Einstein, Arendt. Tou-te-s étaient non croyant-e-s et non sionistes comme la majorité des 6 millions de morts du génocide nazi. Comment est-on arrivé à cette inversion qui fait que les valeurs de fascistes (je ne trouve pas d’autre mot) comme Begin, Shamir, Liberman , Sharon se sont imposées et sont devenues celles des criminels Olmert, Perès, Barak, Livni …ou celles d’un grand nombre de dirigeants communautaires en France.
Cette mutation est incompréhensible si on n’examine pas ce qu’est le sionisme : à la fois un nationalisme, une forme de colonialisme, un messianisme qui a fabriqué un « homme juif nouveau ». Et une idéologie devenue ultra militariste, ayant fabriqué un pays devenu la tête de pont de l’impérialisme au Proche-Orient. Une idéologie affirmant offrir un « havre de paix » aux Juifs. Avec à la clé une instrumentalisation du génocide nazi et de l’antisémitisme.
Une histoire falsifiée
Les sionistes ont fabriqué une histoire fantastique du judaïsme. Alors que la grande majorité des premiers sionistes étaient non-croyants et souvent très hostiles aux religieux, ils sont allés chercher dans la Bible toutes les « justifications » au projet colonial qu’ils étaient en train d’inventer.
Depuis des dizaines d’années, il y a consensus chez les archéologues et les spécialistes de l’histoire antique (lire « La Bible Dévoilée » de Finkelstein et Silberman chez Bayard). Les épisodes d’Abraham et de Moïse sont totalement légendaires. Mais, ce qui est plus important, la conquête de Canaan par Josué est totalement légendaire. Ce texte qui est une véritable apologie du nettoyage ethnique et du massacre de « l’autre » n’a aucune réalité historique. C’est pourtant lui qui sert de base « historique » à l’installation des colons en Cisjordanie et aux partisans de l’expulsion des Palestiniens (la moitié de la société israélienne y est favorable). Il n’y a aucune trace archéologique de l’existence du royaume unifié de David et Salomon. À l’époque, Jérusalem était un village. Il est très probable que le royaume d’Israël (détruit par les Assyriens) et celui de Juda (détruit par les Babyloniens) aient toujours été des entités distinctes. Et il est surtout avéré que, pendant toute l’antiquité des peuples différents, des langues différentes et des religions différentes ont cohabité sur cette terre qui était un véritable carrefour. Les sionistes qui affirment que c’est la terre du peuple juif et que l’Etat d’Israël est une reconstitution du « royaume unifié » ont entériné une légende religieuse à laquelle ils ne croyaient pas eux-mêmes.
Dans la théorie sioniste, le peuple juif a été expulsé de sa terre au moment de la guerre menée par Titus et de la destruction du temple. Il aurait vécu 2000 ans en exil dans des conditions épouvantables jusqu’à ce que le sionisme lui permette de retourner dans son pays.
Or cette théorie est une affabulation. Dans « Comment le peuple juif fut inventé » (chez Fayard), Shlomo Sand montre, documents à l’appui, qu’il n’y a eu ni exil ni retour. Au moment de la destruction du temple, il y avait déjà des Juifs à Babylone, Alexandrie, Rome, en Espagne …Après la défaite face aux Romains, c’est la religion qui s’est dispersée, pas le peuple. Donc les descendants des Hébreux sont essentiellement les Palestiniens. Ben Gourion en était d’ailleurs persuadé et il a d’abord songé à les intégrer au projet sioniste.
Pendant plusieurs siècles dans l’empire Romain puis dans d’autres régions, la religion juive a été prosélyte. Les Juifs ont formé un pourcentage notable des habitants de l’empire romain. De nombreuses conversions ont eu lieu plus tard chez les Berbères d’Afrique du Nord puis chez les Khazars (une tribu turque ayant établi un empire entre Caspienne et Mer Noire). Bref les Juifs d’aujourd’hui seraient majoritairement descendants de convertis. Quant au retour, à plusieurs reprises, les Juifs auront l’occasion de s’installer à Jérusalem et ils préfèreront aller à Bagdad, Alexandrie ou Salonique. Il n’y a pas de « race » juive et (d’après Sand) même pas de « peuple » juif. La théorie sioniste de l’exil et du retour est complètement une construction idéologique.
Les sionistes ont instrumentalisé l’épisode de Massada. Après la prise de Jérusalem par Titus, des Juifs révoltés sont assiégés par les Romains dans la citadelle de Massada au-dessus de la Mer Morte et ils préfèrent le suicide à la reddition. D’où le complexe de Massada : « personne n’aime les Juifs, ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes et ils sont menacés en permanence de destruction ». En réalité, les révoltés de Massada étaient des fanatiques religieux (les zélotes) qui ont commencé par massacrer les Juifs qui acceptaient le mélange avec les autres peuples de la région et la souveraineté romaine.
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