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Le défi culturel d’Abdeslam Ahizoune en Afrique

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  • Le défi culturel d’Abdeslam Ahizoune en Afrique

    En huit ans, Abdeslam Ahizoune aura changé profondément Maroc Télécom. L’office monolithique d’hier s’est transformé aujourd’hui en un groupe compétitif de plus en plus présent en Afrique, où l’attendent des défis culturels.

    Les gestionnaires glosent trop souvent sur l’incapacité des ingénieurs à mener des opérations stratégiques à bon port : « Les télécoms c’est comme l’informatique. Trop sérieux pour être laissés à des ingénieurs ou à des informaticiens ». Abdeslam Ahizoune est peut-être l’exception à la règle. Voilà un diplômé des télécoms à Paris qui a réussi en tant que ministre à révolutionner un ministère. En tant que patron, à transformer un office monolithique en une multinationale moderne. La saga de Maroc Télécom commence avec son arrivée en tant que PDG, en février 2001

    Chèque en blanc
    A la même époque, Vivendi Universal, de Jean Marie Messier, entre dans le capital à hauteur de 35% en se plaçant tout de suite au-dessus de la minorité de blocage et en signant une option de contrôle avec l’Etat marocain. Le groupe détient aujourd’hui 53% du capital de Maroc Télécom. Abdeslam Ahizoune, qui bénéficie de la confiance des Français, s’est vu signé un « chèque en blanc dès le départ », dixit l’un de ses collaborateurs, pour renforcer le leadership de Maroc Télécom, menacé alors par l’attribution, en juillet 1999, de la deuxième licence GSM à Méditel, joint ventue entre Telefonica, Portugal Telecom et des participations marocaines.
    Sa politique d’innovation et de prépayé ont, dix ans plus tard, maintenu le statu quo entre les deux opérateurs, obligés désormais de compter avec un troisième, Wana, qui peine à bousculer la hiérarchie.
    Aussi, au 31 décembre 2008, la plus rentable des filiales de Vivendi, cotée en simultané, depuis 2005, à la Bourse de Paris et à Casablanca, après une opération de souscription record, dégageait un chiffre d’affaires consolidé de 29 521 millions de dirhams. (1 euro = 11 dirhams environ). Une grande partie de la pomme (25 738 millions) est toujours réalisée au Maroc où le groupe règne sur le mobile, le fixe, l’internet et la télévision par ADSL.

    Succès mauritanien
    Mais, Abdeslam Ahizoune le sait, c’est à l’international qu’il faut désormais chercher des relais de croissance. L’Afrique subsaharienne s’est imposée dès le départ comme une suite logique aux succès engrangés au Maroc. La mauritanienne Mauritel, acquise à hauteur de 54% dès 2001, illustre, dès le départ, l’importance de la dimension culturelle dans la réussite des grands projets. La presse mauritanienne transpose le deal sur le terrain nationaliste et accuse Maroc Télécom de pomper les recettes de sa filiale. « Pourtant, nous n’avons jamais rapatrié un seul dirham de Mauritel », explique en aparté un cadre du groupe. In fine, Mauritel aura réussi à reproduire, avec beaucoup de réussite, le modèle marocain en Mauritanie, en s’imposant en leader sur tous les segments.

    Au pays des hommes intègres
    Autre acquisition tout aussi suspendue au facteur culturel, la prise de 51% du capital du Burkinabé Onatel en décembre 2006. Une belle entreprise leader qui joue un rôle de premier plan, avec une tenue des comptes rigoureuse et des chiffres transparents. En fait, toute la description du Burkinabé, « l’homme intègre », incapable de brûler un feu rouge, mais qui n’a pas la même conception du PDG qu’en France ou au Maroc.
    Sur le terrain économique, Onatel performe avec un chiffre d’affaires global en hausse de 7% en 2008. Mais sur le front culturel, l’année aura été marquée par un bras de fer entre le PDG de l’Onatel, et une partie du personnel qui vivait alors le double choc : le devoir de se conformer aux horaires et à la rigueur d’une entreprise privée et l’abandon des privilèges de fonctionnaires gagnés par des années de syndicalisme. Voilà l’explication des jours de grève.
    Pour le PDG de l’Onatel, en ingénieur rigoureux et, dit-on, en homme pieux qui ne tolère pas l’injustice, la logique des chiffres l’emporte sur l’affect. Pour les ex-fonctionnaires, rebutés par la culture du résultat, il faut solliciter l’arbitrage suprême du président de la République pour obtenir des « garanties ». D’où le déclenchement d’une grève, restée longtemps sans motif clair et amplifiée par la presse. « Le nouveau PDG a étalé un tapis rouge de l’ascenseur à son bureau. Pour le voir, il faut prendre rendez-vous ! », explique l’un de ses fonctionnaires qui sollicitèrent et obtinrent l’intervention présidentielle. Il aura fallu tout le doigté d’Abdeslam Ahizoune, venu en personne discuter avec les uns et les autres, et avec le président Blaise Compaoré, pour faire repartir la machine Onatel. Beaucoup de cadres ont apprécié l’esprit sincère du « grand PDG » qui se sera initié à l’occasion aux us et coutumes de l’arbre à palabres.
    Pragmatique, le PDG de Maroc Télécom est le premier à souscrire moralement à l’opération de placement de 20% du capital de l’Onatel à la Bourse régionale des valeurs mobilières d’Abidjan. La période de souscription qui devait prendre fin le 31 janvier devrait rendre compte de l’ancrage populaire de l’entreprise, la première burkinabée à venir se frotter à la cote. Le personnel pourra, par la suite, hériter de 6% du capital de la filiale de Maroc Télécom. Savoir si la période – décembre-janvier – est bien choisie relève d’un autre ordre.

    Grèves et palabres
    Ces mêmes difficultés, qui relèvent de l’esthétique de la réception, selon l’expression consacrée par les sociologues, s’étaient posées un peu plus tôt à Gabon Télécom. Là, sur la ligne de l’Equateur, on est loin de la rigueur qui caractérisait les comptes d’Onatel au moment de sa reprise. Dès ses prises de fonctions, le préposé à la compagnie se heurte à la réalité d’une comptabilité aux comptes non certifiés et, c’est classique, à la résistance des syndicats. La mise à plat des chiffres dérangera bien des positions et conduira inévitablement à l’affrontement. Des grèves et des palabres plus tard, suivis par un changement du PDG (concession devenue nécessaire), ont remis Gabon Télécom en marche. Les méthodes de gestion du nouveau patron, nommé à la tête de l’opérateur, qui n’hésite pas, dit-on depuis Libreville, à participer aux activités sociales organisées par le personnel et à décréter son bureau « porte ouverte aux doléances », auront été déterminantes dans le redressement de Gabon Télécom et dans le retour de la confiance. Cette approche humaine du nouveau PDG a été sanctionnée par un chiffre d’affaires 2008 en hausse de 18,6% par rapport à 2007.

    L’aventure continue
    Après la Mauritanie, le Burkina Faso et le Gabon, le groupe marocain, appuyé par sa maison mère, vient de s’offrir Sotelma, début janvier, en reprenant 51% de son capital. Et c’est en nouvel expert des relations interculturelles africaines que le PDG de Maroc Télécom a démarré des négociations serrées avec une partie malienne, assaillie par des émissaires de Sudatel (qui rêve d’un pont entre ses filiales sénégalaise, mauritanienne et Sotelma).
    Plus que l’argent, Abdeslam Ahizoune pourra compter sur sa culture, sachant que tout business plan, admirable sur Excel, doit être validé culturellement sur le terrain.
    Plus que son blackberry qui ne le quitte jamais, en ce début 2009, le président de Maroc Télécom, administrateur de Vivendi, par ailleurs président de Medisat 1, président de l’athlétisme marocain, administrateur de la Fondation Mohammed V pour la solidarité, de la fondation Mohammed VI pour l’environnement, de l’Université Al Akhawayne, du comité exécutif de la Chambre internationale de commerce, aura besoin de temps pour raccorder les hommes.

  • #2
    « Les télécoms c’est comme l’informatique. Trop sérieux pour être laissés à des ingénieurs ou à des informaticiens »
    haha
    je ne sais mais j'ai tout de suite penser à mohamed benchaboune ..Ex president de l'ANRT ..actuel PDG de la BCP

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