LE PRÉSIDENT BOUTEFLIKA À BLIDA
Un tour d’échauffement de précampagne
La ville de Blida et quelques-unes de ses agglomérations périphériques auront servi, l’intervalle d’une journée, de terrain d’exercice, physique et discursif, au président de la République appelé à convenir à des joutes électorales officielles dès le 19 mars prochain. Une randonnée pédestre, un discours et quelques inaugurations ont constitué l’essentiel de cette foulée d’échauffement.
De notre envoyée spécial à Blida Sofiane Ait Iflis
Le président, candidat à sa propre succession à la tête de l’Etat, n’a pas dérogé au rituel auquel il s’adonne à chaque visite d’inspection depuis dix années pleines maintenant. La verve et l’entrain en moins. Les écoliers en tablier blanc lui entonnèrent dans une flagrante désharmonie la désormais rengaine de «Ouhda Thalitha». Plutôt par amusement que par conviction. C’était dans la commune de Bouarfa, seconde escale de son périple blidéen. Il n’y avait pas là de quoi rasséréner un président candidat qui, à défaut de concurrents sérieux, aura à lutter contre une abstention électorale que d’aucuns craignent des plus fortes cette fois-ci. Le bain de foule, au centre-ville, sur une centaine de mètres, était juste un accueil courtois, orphelin, pour le moins qu’on puisse dire, de l’enthousiasme populaire que Bouteflika suscitait durant sa première mandature. Même le folklore n’était pas celui des grandes liesses. Le décor y était mais pas l’animation. Vint alors le moment de produire le laïus. La salle omnisports du complexe Tchaker était aux couleurs chatoyantes des uniformes sportifs et des tenues de parade des scouts. Ceci côté tribunes. Côté esplanade, un agglomérat recruté parmi les notabilités locales et les militants des organisations de la société civile appuyant la candidature présidentielle. Sidi Saïd, le patron de l’UGTA, Tayeb Lahouari, de l’Organisation des enfants de chouhada, Benbrahem, le commandant des scouts, étaient là. Entre autres. Le président-candidat avait à discourir sur un de ses thèmes de prédilection : la révolution et l’histoire. L’occasion s’y prêtait : la Journée nationale du chahid. Sans abuser de liminaires, le président salua le sacrifice de ces Algériens, chahids et moudjahids, qui vainquirent le colonialisme français. L’hommage sera complété par un exposé de ce que l’Etat a fait pour les moudjahidine et les ayants droit des chahids. Pensions conséquentes, prises en charge médicales, centres de repos mais surtout et, là est l’essentiel, en termes de message politique, la constitutionnalisation de l’histoire. A posteriori, il faut bien le dire, le président a entrepris de défendre l’amendement constitutionnel du 12 novembre dernier, plutôt défendre son entreprise qui n’a pas recueilli l’assentiment de toute la classe politique. Il expliquera que «la constitutionnalisation de l’emblème national, de l’hymne national et de l’enseignement de l’histoire intégrait les priorités». Pourquoi ? Parce que, a-t-il considéré, il y avait et il y a encore besoin d’irriguer davantage le nationalisme. La hargua, devenue un véritable fléau, est visiblement mal vécue en ce qu’elle sonne l’échec d’une gouvernance. Elle est aussi comprise comme un déficit de nationalisme. «Ça sera encore mieux si les jeunes qui sortiront demain des écoles auront la tête en Algérie et non pas ailleurs et qu’ils lieront leur destin à celui de la nation.» Et comme il fallait justifier l’autre chapitre de la révision constitutionnelle, le président dira que la constitutionnalisation de la question de la femme se veut «un barrage contre toute remise en cause des acquis». C’est suffisant pour recueillir une salve de youyous. Le président se plaît dans une pause prolongée. Il reprendra la lecture de son discours et enchaînera par un aperçu de son bilan de deux décennies qu’il a voulu, évidemment, positif. Il promettra que, si les Algériens venaient à compter sur eux-mêmes et à exécuter convenablement les programmes de développement, l’image de l’Algérie changerait dans un proche avenir.
S. A. I.
Un tour d’échauffement de précampagne
La ville de Blida et quelques-unes de ses agglomérations périphériques auront servi, l’intervalle d’une journée, de terrain d’exercice, physique et discursif, au président de la République appelé à convenir à des joutes électorales officielles dès le 19 mars prochain. Une randonnée pédestre, un discours et quelques inaugurations ont constitué l’essentiel de cette foulée d’échauffement.
De notre envoyée spécial à Blida Sofiane Ait Iflis
Le président, candidat à sa propre succession à la tête de l’Etat, n’a pas dérogé au rituel auquel il s’adonne à chaque visite d’inspection depuis dix années pleines maintenant. La verve et l’entrain en moins. Les écoliers en tablier blanc lui entonnèrent dans une flagrante désharmonie la désormais rengaine de «Ouhda Thalitha». Plutôt par amusement que par conviction. C’était dans la commune de Bouarfa, seconde escale de son périple blidéen. Il n’y avait pas là de quoi rasséréner un président candidat qui, à défaut de concurrents sérieux, aura à lutter contre une abstention électorale que d’aucuns craignent des plus fortes cette fois-ci. Le bain de foule, au centre-ville, sur une centaine de mètres, était juste un accueil courtois, orphelin, pour le moins qu’on puisse dire, de l’enthousiasme populaire que Bouteflika suscitait durant sa première mandature. Même le folklore n’était pas celui des grandes liesses. Le décor y était mais pas l’animation. Vint alors le moment de produire le laïus. La salle omnisports du complexe Tchaker était aux couleurs chatoyantes des uniformes sportifs et des tenues de parade des scouts. Ceci côté tribunes. Côté esplanade, un agglomérat recruté parmi les notabilités locales et les militants des organisations de la société civile appuyant la candidature présidentielle. Sidi Saïd, le patron de l’UGTA, Tayeb Lahouari, de l’Organisation des enfants de chouhada, Benbrahem, le commandant des scouts, étaient là. Entre autres. Le président-candidat avait à discourir sur un de ses thèmes de prédilection : la révolution et l’histoire. L’occasion s’y prêtait : la Journée nationale du chahid. Sans abuser de liminaires, le président salua le sacrifice de ces Algériens, chahids et moudjahids, qui vainquirent le colonialisme français. L’hommage sera complété par un exposé de ce que l’Etat a fait pour les moudjahidine et les ayants droit des chahids. Pensions conséquentes, prises en charge médicales, centres de repos mais surtout et, là est l’essentiel, en termes de message politique, la constitutionnalisation de l’histoire. A posteriori, il faut bien le dire, le président a entrepris de défendre l’amendement constitutionnel du 12 novembre dernier, plutôt défendre son entreprise qui n’a pas recueilli l’assentiment de toute la classe politique. Il expliquera que «la constitutionnalisation de l’emblème national, de l’hymne national et de l’enseignement de l’histoire intégrait les priorités». Pourquoi ? Parce que, a-t-il considéré, il y avait et il y a encore besoin d’irriguer davantage le nationalisme. La hargua, devenue un véritable fléau, est visiblement mal vécue en ce qu’elle sonne l’échec d’une gouvernance. Elle est aussi comprise comme un déficit de nationalisme. «Ça sera encore mieux si les jeunes qui sortiront demain des écoles auront la tête en Algérie et non pas ailleurs et qu’ils lieront leur destin à celui de la nation.» Et comme il fallait justifier l’autre chapitre de la révision constitutionnelle, le président dira que la constitutionnalisation de la question de la femme se veut «un barrage contre toute remise en cause des acquis». C’est suffisant pour recueillir une salve de youyous. Le président se plaît dans une pause prolongée. Il reprendra la lecture de son discours et enchaînera par un aperçu de son bilan de deux décennies qu’il a voulu, évidemment, positif. Il promettra que, si les Algériens venaient à compter sur eux-mêmes et à exécuter convenablement les programmes de développement, l’image de l’Algérie changerait dans un proche avenir.
S. A. I.
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