La décision soudaine du Maroc de rompre ses relations diplomatiques avec l’Iran demeure une énigme, alors que des observateurs parlent d’une disponibilité de Téhéran à réexaminer sa position sur le conflit du Sahara occidental.
Le fait est presque passé inaperçu pour les médias, y compris les chaînes de télévision satellitaires telles Al Jazeera et Al Arabya, sans doute en raison de la faible densité des échanges à tous les niveaux entre le Maroc et l’Iran.
Sans doute, aussi, l’éloignement géographique fait qu’il n’y a peut-être pas d’enjeu géopolitique entre le Maroc tourné vers le Maghreb et l’Europe et l’Iran dont la politique étrangère est axée sur le Moyen-Orient et le Golfe. Officiellement, le Maroc a décidé vendredi dernier de rompre ses relations diplomatiques avec l’Iran, dix jours après avoir rappelé, pour consultations, son chargé d’affaires par intérim à Téhéran, afin de protester contre des «expressions inopportunes» de l’Iran à propos du soutien de Rabat au Bahreïn.
La presse marocaine a argué de manque de respect, d’expansionnisme iranien, de tentative d’exportation de la révolution iranienne. Et la rencontre footballistique Maroc-Iran, prévue début avril, a été également annulée. En réaction, l’Iran s’est dit surpris par la décision du Maroc. Téhéran a en outre rejeté les accusations d’«ingérence» iranienne au Maroc formulées par Rabat.
Cela, d’autant que les responsables du Bahreïn et ceux de l’Iran ont eu plusieurs contacts pour aplanir un conflit né, du reste, non pas de la position officielle de Téhéran, mais des propos d’un député iranien qui a évoqué la souveraineté de l’Iran sur le Bahreïn.
S’agissant de la rupture des relations diplomatiques, le ministère iranien des Affaires étrangères a considéré que «la décision marocaine va à l’encontre de l’unité du monde islamique».
Mais que veut dire exactement le Maroc par «les ingérences iraniennes», pour expliquer sa décision de rompre ses relations diplomatiques avec Téhéran? Si les mots sont choisis et la formule trop généraliste, le tableau est cependant complété par de nombreuses sources diplomatiques qui s’expriment par médias interposés.
En résumé, beaucoup voient que l’affaire du Bahreïn est un motif peu convaincant. Il est fréquent que des incidents de ce genre éclatent entre tel et tel pays arabe et le régime de Mollahs mais, généralement, les choses finissent par rentrer dans l’ordre. Pour cette catégorie d’observateurs, l’affaire du Bahreïn n’était qu’un prétexte, d’autant que le contexte de l’après-guerre de Ghaza a débouché sur un front arabe anti-Iran, mené principalement par l’Egypte et l’Arabie Saoudite.
Le vrai problème serait dans le soutien présumé de Téhéran à des activistes chiites en terre marocaine. En effet, le ministère marocain des Affaires étrangères a en outre dénoncé «l’activisme avéré» des autorités iraniennes «et notamment de sa représentation diplomatique à Rabat, visant à altérer les fondamentaux religieux du royaume (...) et à tenter de menacer l’unicité du culte musulman et le rite malékite sunnite au Maroc».
«Ce type d’actions structurées et soutenues, poursuit le ministère, constitue une ingérence intolérable dans les affaires intérieures du royaume», a déclaré le ministère marocain des Affaires étrangères.
Mais, parce que le soutien de l’Iran aux organisations chiites, et même celles sunnites, voire non musulmanes, n’est un secret pour personne, une autre version est avancée par les observateurs. Selon eux, le Maroc aurait été informé de la disponibilité de l’Iran à réexaminer sa position sur le conflit du Sahara occidental, sujet sur lequel la monarchie est extrêmement sourcilleuse.
L’Iran, qui soutenait jusque-là «une solution juste et durable» pour le Sahara occidental, a donné des signes d’un recentrage en faveur du Front Polisario. La presse française, elle, n’a pas manqué de parler de la position vacillante de l’Iran à propos de la RASD et noté que l’ambassadeur d’Iran à Alger vient de faire des déclarations édifiantes dans ce sens.
En réponse, le ministre de la Communication du Maroc a nié, dans un point de presse, tout lien entre la décision marocaine et la question du Sahara. Mais, il s’est aussi contredit dans la foulée de ses déclarations en soulignant qu’«aucune puissance au monde ne peut entamer la détermination du Maroc de préserver son intégrité territoriale».
Cette tension entre le Maroc et l’Iran intervient dans un contexte où de plus en plus de pays semblent gagnés par la cause sahraouie. Ce jeudi, l’Algérie et le Paraguay ont souligné, dans un communiqué commun sanctionnant la visite officielle du ministre des Affaires étrangères du pays sud-américain, «les efforts soutenus et réalisés par les Nations Unies en vue de parvenir à une solution satisfaisante, pour les parties concernées, qui garantisse le droit à la libre détermination du peuple du Sahara occidental».
Amine B.
Le fait est presque passé inaperçu pour les médias, y compris les chaînes de télévision satellitaires telles Al Jazeera et Al Arabya, sans doute en raison de la faible densité des échanges à tous les niveaux entre le Maroc et l’Iran.
Sans doute, aussi, l’éloignement géographique fait qu’il n’y a peut-être pas d’enjeu géopolitique entre le Maroc tourné vers le Maghreb et l’Europe et l’Iran dont la politique étrangère est axée sur le Moyen-Orient et le Golfe. Officiellement, le Maroc a décidé vendredi dernier de rompre ses relations diplomatiques avec l’Iran, dix jours après avoir rappelé, pour consultations, son chargé d’affaires par intérim à Téhéran, afin de protester contre des «expressions inopportunes» de l’Iran à propos du soutien de Rabat au Bahreïn.
La presse marocaine a argué de manque de respect, d’expansionnisme iranien, de tentative d’exportation de la révolution iranienne. Et la rencontre footballistique Maroc-Iran, prévue début avril, a été également annulée. En réaction, l’Iran s’est dit surpris par la décision du Maroc. Téhéran a en outre rejeté les accusations d’«ingérence» iranienne au Maroc formulées par Rabat.
Cela, d’autant que les responsables du Bahreïn et ceux de l’Iran ont eu plusieurs contacts pour aplanir un conflit né, du reste, non pas de la position officielle de Téhéran, mais des propos d’un député iranien qui a évoqué la souveraineté de l’Iran sur le Bahreïn.
S’agissant de la rupture des relations diplomatiques, le ministère iranien des Affaires étrangères a considéré que «la décision marocaine va à l’encontre de l’unité du monde islamique».
Mais que veut dire exactement le Maroc par «les ingérences iraniennes», pour expliquer sa décision de rompre ses relations diplomatiques avec Téhéran? Si les mots sont choisis et la formule trop généraliste, le tableau est cependant complété par de nombreuses sources diplomatiques qui s’expriment par médias interposés.
En résumé, beaucoup voient que l’affaire du Bahreïn est un motif peu convaincant. Il est fréquent que des incidents de ce genre éclatent entre tel et tel pays arabe et le régime de Mollahs mais, généralement, les choses finissent par rentrer dans l’ordre. Pour cette catégorie d’observateurs, l’affaire du Bahreïn n’était qu’un prétexte, d’autant que le contexte de l’après-guerre de Ghaza a débouché sur un front arabe anti-Iran, mené principalement par l’Egypte et l’Arabie Saoudite.
Le vrai problème serait dans le soutien présumé de Téhéran à des activistes chiites en terre marocaine. En effet, le ministère marocain des Affaires étrangères a en outre dénoncé «l’activisme avéré» des autorités iraniennes «et notamment de sa représentation diplomatique à Rabat, visant à altérer les fondamentaux religieux du royaume (...) et à tenter de menacer l’unicité du culte musulman et le rite malékite sunnite au Maroc».
«Ce type d’actions structurées et soutenues, poursuit le ministère, constitue une ingérence intolérable dans les affaires intérieures du royaume», a déclaré le ministère marocain des Affaires étrangères.
Mais, parce que le soutien de l’Iran aux organisations chiites, et même celles sunnites, voire non musulmanes, n’est un secret pour personne, une autre version est avancée par les observateurs. Selon eux, le Maroc aurait été informé de la disponibilité de l’Iran à réexaminer sa position sur le conflit du Sahara occidental, sujet sur lequel la monarchie est extrêmement sourcilleuse.
L’Iran, qui soutenait jusque-là «une solution juste et durable» pour le Sahara occidental, a donné des signes d’un recentrage en faveur du Front Polisario. La presse française, elle, n’a pas manqué de parler de la position vacillante de l’Iran à propos de la RASD et noté que l’ambassadeur d’Iran à Alger vient de faire des déclarations édifiantes dans ce sens.
En réponse, le ministre de la Communication du Maroc a nié, dans un point de presse, tout lien entre la décision marocaine et la question du Sahara. Mais, il s’est aussi contredit dans la foulée de ses déclarations en soulignant qu’«aucune puissance au monde ne peut entamer la détermination du Maroc de préserver son intégrité territoriale».
Cette tension entre le Maroc et l’Iran intervient dans un contexte où de plus en plus de pays semblent gagnés par la cause sahraouie. Ce jeudi, l’Algérie et le Paraguay ont souligné, dans un communiqué commun sanctionnant la visite officielle du ministre des Affaires étrangères du pays sud-américain, «les efforts soutenus et réalisés par les Nations Unies en vue de parvenir à une solution satisfaisante, pour les parties concernées, qui garantisse le droit à la libre détermination du peuple du Sahara occidental».
Amine B.
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