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Probiotiques :«Il n'y a pas de magie»

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  • Probiotiques :«Il n'y a pas de magie»

    Propos recueillis par Pauline Fréour (lefigaro.fr)
    18/03/2009 | Mise à jour : 14:34
    Voilà quelques années que le terme « probiotiques » a fait son apparition dans notre vocabulaire. Pourtant ces micro-organismes, vendus librement en pharmacie ou dans les magasins de diététique sous forme de compléments alimentaires, restent mal connus. Certains leur accordent de nombreuses vertus, quand d'autres dénoncent de simples arguments de vente construits par les industriels. Le point avec Thierry Piche, gastro-entérologue au CHU de Nice, qui étudie leurs effets sur l'homme depuis une quinzaine d'années.



    Dr Thierry Piche. DR

    Dans quels cas vous arrive-t-il de recommander les probiotiques ?
    Les probiotiques ont un rôle protecteur sur l'intestin et sur l'ensemble des barrières épithéliales (qui protègent le tube digestif des agression extérieures NDLR). Ils sont donc souvent conseillés dans le cas de colopathie fonctionnelle, également appelée syndrôme de l'intestin irritable : c'est une maladie très fréquente, le classique «j'ai mal au ventre». Cette pathologie est la première raison de consultations en gastro-entérologie et en médecine générale.
    Mais ces organismes sont également en train d'être évalués un peu pour tout, on les teste dans beaucoup de domaines. Ils peuvent notamment avoir une incidence dans le traitement des infections respiratoires (comme l'asthme), des allergies alimentaires ou du diabète n'oublions pas que l'intestin n'est pas une partie isolée du corps, la régulation de l'immunité est globale. A plus long terme, ils risquent d'être utilisés dans les vaccins. On pense en effet aux probiotiques pour véhiculer les agents actifs à des endroits particuliers du corps. Ils pourraient notamment jouer un rôle dans le développement des vaccins à administration orale en prévention de certains épisodes infectieux du tube digestif, comme lors des épidémies de gastro-entérite. Pour résumer, je distinguerais actuellement trois axes de recherches « à la mode » : les vaccins, les allergies et la prévention contre le cancer du côlon et des poumons, sur lesquels les chercheurs se penchent depuis environ 5 ans.
    Pourquoi cette controverse autour des probiotiques ?
    Nous savons que les probiotiques peuvent être bénéfiques à certains patients. Tous les gastro-entérologues ont des patients qui leur assurent que «ça mache». Néanmoins, les modèles expérimentaux dont nous disposons pour l'instant ne portent que sur quelques semaines, si bien que l'on ne connaît pas encore bien la durée du traitement et le dosage à prescrire à un homme pour noter une amélioration. Il est probable qu'il faille en prendre sur une longue période, voire toute la vie, pour que le malade se sente durablement soulagé. Par ailleurs, les recherches portent toujours sur un micro-organisme particulier, alors que certains malades réagiraient sans doute plus efficacement à un cocktail de bactéries.
    Certains aliments, notamment les yaourts, contiennent naturellement des probiotiques. Est-ce qu'une alimentation équilibrée ne suffirait pas à nous en assurer un apport suffisant ?
    Idéalement, les probiotiques doivent effectivement être des « compagnons » de notre vie. Mais cela ne suffit pas toujours, car nous sommes tous plus ou moins vulnérables. Certaines pathologies, par exemple, rendent la flore intestinale instable. De même, le stress, la fatigue, les variations hormonales peuvent également nuire à son équilibre. Enfin, nous ne partons pas tous égaux : l'hérédité rend certains d'entre nous plus sensibles.
    Comment distinguer alors les vrais effets des «miracles» promis par les industriels ?
    Rappelons que les probiotiques ne sont pas des médicaments mais des compléments nutritionnels, et qu'ils n'ont donc pas d'effet immédiat. Ce n'est pas de la magie. En outre, comme lil ne s'agit pas de médicaments, on ne peut éviter la publicité. Mais à mon sens cela n'explique pas l'explosion des ventes dans le monde, il y a forcément des gens pour qui ça marche. D'une façon générale, je dirais qu'il vaut mieux en prendre régulièrement que beaucoup d'un coup. C'est cet apport régulier qui va permettre de modifier la flore intestinale. Cela pose d'ailleurs un problème pour les personnes qui y répondent bien, car tout ça a un coût. Et si l'on veut se traiter régulièrement avec des probiotiques, cela revient en gros à 30 euros par mois - non remboursés car il ne s'agit pas de médicaments
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