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2.450 milliards de dinars de crédits accordés aux entreprises en 2008

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  • 2.450 milliards de dinars de crédits accordés aux entreprises en 2008

    Des experts préconisent des octrois ciblés pour plus de rentabilité

    Le financement bancaire est-t-il un obstacle à la relance de l’appareil productif national? Le sujet est d’actualité. Les prêts accordés sous différentes formules aux entreprises algériennes, ont atteint un niveau record de 2.450 milliards de dinars (environ 24 milliards d’euros) à la fin de l’année dernière, soit une évolution de plus de 53% en 4 années seulement. Les crédits, octroyés pour le financement des entreprises, étaient de 1.200 milliards de dinars en 2003. La moitié de ces engagements a été absorbée par le secteur privé. Les petites et moyennes entreprises avaient bénéficié de plus de 48% de ce portefeuille. En 2008, elles étaient près de 200.000 à profiter de la générosité des banques. Cette souplesse des banques publiques en matière d’octroi de crédits aux entreprises économiques se justifie par l’existence de surliquidités bancaires. A fin 2008, plus de 2.000 milliards de dinars (plus 20 milliards d’euros) dormaient dans les caisses des établissements financiers publics. Avec cette explosion des surliquidités dans les banques algériennes, le problème de l’intermédiation financière commence à surgir en Algérie. Des sommes colossales sont englouties dans des crédits sous différentes formules mais, sur le terrain, les résultats en matière de création de richesses et de valeur ajoutée restent modestes, voire médiocres. Le taux élevé du chômage et la fragilité du tissu industriel algérien renseignent sur l’incapacité bancaire à traduire les ressources disponibles en projets productifs de biens et services créateurs d’emplois et de richesses. Les experts s’interrogent désormais sur les capacités des établissements financiers à analyser les dossiers d’investissement. Certains experts proposent la création, au niveau des banques publiques, de structures d’analyses des dossiers de crédits d’investissement par des experts nationaux et étrangers compétents. D’autres, plus radicaux, vont jusqu’à prôner une désintermédiation financière. Les économistes se sont rendu compte, ces dernières années, que les systèmes de financement étaient porteurs d’effets pervers et de gaspillage de ressources. Le cas algérien fait cas d’école. Des milliards de dollars partent en fumée pour le financement de projets aux perspectives douteuses.

    Evaluer les projets financés

    La réforme du système bancaire nécessite, aujourd’hui, la mise en place des règles prudentielles avec, comme obligation pour les établissements financiers publics, d’appliquer le coefficient de solvabilité. Pour les économistes, cette surliquidité du marché bancaire national est un cadeau empoisonné qui aura des répercussions graves sur l’avenir de toute l’économie nationale. Outre le gaspillage des ressources dans des projets peu rentables, le spectre de la thésaurisation plane sur le marché bancaire algérien. Cette préférence pour la liquidité de la part des banques publiques par manque d'un meilleur emploi se manifeste en Algérie sous son aspect le plus massif, à savoir une accumulation de l’argent dans les caisses des établissements financiers. Les effets de la thésaurisation sur l'économie nationale peuvent être irréversibles, en particulier dans ces temps de récession de l’économie mondiale. La première retombée de la thésaurisation a été la création d’une rigidité à la baisse des taux d'intérêt. Par le biais du mécanisme du multiplicateur, ce surplus d'épargne va diminuer la consommation puis l'investissement, du fait d'anticipations négatives (sur la consommation) des entrepreneurs et, in fine, le revenu national. Preuve de cette menace de la thésaurisation sur l’économie nationale, la Banque d’Algérie avait réagi, fin février dernier, dans l’espoir d’assécher le marché bancaire de ses liquidités. Dans une instruction adressée aux banques primaires, l'institution monétaire avait fixé le taux d'intérêt applicable à la facilité de dépôt rémunéré à 0,30% au lieu de 0.75% précédemment, soit une baisse de 40%. La Banque d'Algérie a également baissé le taux de rémunération des réserves obligatoires d'un demi-point à 0,50% par an. La première baisse est entrée en vigueur le 1er mars et la seconde le 15 mars. La baisse de ces deux taux d'intérêt a deux objectifs.

    Nouvelle politique monétaire

    Le premier est de permettre à la Banque d'Algérie de poursuivre, à moindre coût, sa politique d'assèchement du marché bancaire de ses liquidités estimées, fin 2008, à près de 25 milliards d'euros. Le second objectif de cette baisse des loyers de l'argent est de pousser les banques, notamment publiques qui disposent d'importantes liquidités, à faire davantage de crédits à l'économie. Le taux offert par la Banque d'Algérie est proche de zéro. Les banques publiques vont devoir faire davantage de crédits pour rentabiliser leur argent au lieu de le déposer à la Banque centrale. Ces baisses interviennent quelques mois après la décision du gouvernement d'obliger les entreprises algériennes et étrangères à financer leurs projets localement auprès des banques algériennes. La baisse de ces taux d'intérêt n'arrange pas l'affaire des banques. Elles sont désormais contraintes à prendre des risques, en accordant davantage de crédits à l'économie au lieu de se contenter de déposer leurs excédents auprès de la Banque d'Algérie. Les chiffres communiqués récemment sur le marché bancaire algérien révèlent que la Banque extérieure d’Algérie (BEA) vient en tête de liste des établissements financiers souffrant de surliquidités avec 10 milliards de dollars, talonnée de près par la Cnep Banque avec 8 milliards de dollars à fin 2008. Pour les experts en finances, les banques publiques, confinées depuis l’indépendance dans rôle de bailleurs de fonds, doivent désormais se convertir en partenaires assurant une responsabilité économique de première importance dans l’économie nationale. Un échec de cette conversion pourrait avoir des répercussions irréversibles sur l’économie nationale.

    Le Financier
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