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La bonne santé du marché du travail en Libye attire les travailleurs du Maghreb

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  • La bonne santé du marché du travail en Libye attire les travailleurs du Maghreb

    Après des années d'isolement sur la scène continentale et mondiale, la Libye connaît désormais un boom économique. L'un des moteurs de cette croissance est une large main d'oeuvre originaire du Maghreb et d'Afrique subsaharienne.

    Un vent de sable souffle sur Tripoli ; le sable de la plage qui entoure la ville se mêle au sable du désert. Mais pour les nombreux travailleurs maghrébins et africains venus en Libye, ce sable n'empêche pas de rêver au retour à domicile avec une richesse acquise dans un pays passé en l'espace de quelques années seulement de l'état de nation nord-africaine isolée à celui d'un pays affichant les signes manifestes d'une forte croissance économique.

    Le paysage balayé par le sable se transforme en un gigantesque atelier de construction.

    La semaine dernière, les services de cotation de Standard & Poor's ont attribué à la Libye une notation A- sur la devise à long terme, soulignant "les forts actifs publics du pays et son faible taux d'endettement, des engagements financiers relativement faibles et de solides perspectives de croissance à moyen terme dans le secteur de l'énergie".

    "Après des années d'isolement international, la Libye semble engagée dans le processus qu'elle avait initié en 2003 de reconstruction de ses structures économiques et politiques avec le reste du monde", explique le rapport de S&P.

    Les banques et les entreprises libyennes sont "relativement protégées de la crise financière mondiale, dans la mesure où les engagements extérieurs sont minimes", poursuit cette analyse, ajoutant que "les garde-fous financiers de la Libye… sont suffisants pour lui permettre de passer cette crise mondiale sans trop entraver les projets de développement du pays."

    La crise financière mondiale est en fait un atout potentiel pour la Libye, dans la mesure où les responsables du fonds souverain du pays – Libya Investment Authority (LIA) – cherchent les moyens de dépenser les 70 milliards de ce fonds dans les domaines de l'immobilier, des entreprises de service public et d'autres en Occident. "C'est pour nous une excellente opportunité de rechercher de bons investissements en Europe, aux Etats-Unis et sur d'autres marchés", a expliqué le président de la LIA Mohamed Layas au Financial Times, mardi 17 mars.

    Cette explosion de croissance est évidente au sein même de la Jamahiriya. Selon certaines sources de l'Autorité des Investissements de Tripoli, cette importante main-d'oeuvre africaine et asiatique travaille actuellement en Libye sur plus de six cents projets d'investissement. En fait, les travailleurs expatriés représentent environ un cinquième de la main d'oeuvre totale.

    Les travailleurs des pays du Maghreb sont préférés à ceux d'autres nations, a déclaré une source proche du gouvernement libyen à Magharebia, du fait des "habitudes et traditions similaires et de l'absence de barrière linguistique entre les Libyens et leurs frères du Maghreb".

    Le gouvernement libyen accorde un traitement spécial aux travailleurs du Maghreb ; il n'exige aucun visa à l'entrée dans le pays. L'an dernier, il a même abrogé une loi qui exigeait des voyageurs originaires du Maghreb en Libye d'avoir un minimum de mille euros en leur possession.

    "Il est rare de trouver un immigrant tunisien ou marocain au chômage ; les possibilités de travail sont là", explique Maher Tlili, l'un des quelque 80 000 Tunisiens travaillant en Libye.

    Les travailleurs du Maghreb ont peu de difficultés à trouver un emploi dans un secteur privé en pleine expansion dans le pays. Les partenariats d'entreprises fleurissent, avec des bureaux de consultants, des agences immobilières ou des bureaux d'ingénieurs conjoints dirigés par les Libyens et des Marocains ou des Libyens et des Tunisiens.

    De nombreux arrivants en provenance du Maghreb peuvent créer un petit commerce ou une petite entreprise, à l'instar de Mokhtar, un jeune Tunisien, qui dirige un atelier de métallurgie moderne dans le quartier de Seraj, ou son compatriote Moncef, qui dirige un élégant salon de thé qu'il a baptisé "Al Mashtal", du nom d'un hôtel de Tunis.

    Mais il y a peu de serveurs libyens dans les cafés et les restaurants de la Jamahiriya. Leurs propriétaires comptent plutôt sur les travailleurs marocains ou tunisiens. Les Maghrébins qui travaillent dans ces établissements affirment être heureux de leur déménagement en Libye voisine.

    "La plupart des gens sont gentils et vous accueillent bien lorsqu'ils savent que vous venez d'un pays du Maghreb", explique Najat, une jeune Marocaine qui travaille dans un café luxueux dans le centre commercial Al Fateh, en plein coeur de Tripoli.

    "Il est vrai que les gens n'avaient pas l'habitude de voir une fille les servir dans un café, où la majorité des clients sont des hommes. Mais avec le temps, leur surprise s'est transformée en sourire, et j'ai rapidement bénéficié du respect de la plupart d'entre eux", explique-t-elle.

    Meriem, qui a quitté la Tunisie pour un emploi de gérante d'un salon de coiffure détenu par une Libyenne, a connu la même expérience positive. "Je n'ai eu aucune difficulté à m'habituer aux [Libyens], même si ma famille hésitait à me laisser partir", raconte-t-elle à Magharebia.

    Walid, un jeune homme originaire du Maroc, se prépare à rentrer au pays l'été prochain pour s'y marier. Il ne sait pas s'il reviendra en Libye. "J'ai économisé tout ce que je pouvais en prévision de mon mariage, après plus de quatre années passées ici."

    L'afflux d'étrangers a incité les autorités à traiter le manque de Libyens formés à certaines spécialités et capables de répondre aux besoins du nouveau marché du travail. Aux termes d'une nouvelle législation, trente pour cent de tous les employés embauchés par les sociétés étrangères doivent être des Libyens. Mohammed Ali, directeur régional de projet, se plaint du manque de Libyens formés, ou désireux de répondre à ce critère de trente pour cent. "Il est en fait difficile d'atteindre ce pourcentage", a-t-il indiqué au journal Quryna dans un entretien publié en début de mois.

    "Vous ne trouvez aucun jeune Libyen acceptant de travailler comme charpentier ou dans un atelier de métallurgie, ou encore dans le secteur du bâtiment", explique Abdullah, un jeune diplômé de la faculté de droit.

    Il est encore à la recherche d'un emploi qui corresponde à sa formation.

    Mais même les Libyens qui disposent d'une formation choisissent souvent de quitter leur pays natal, précise-t-il à Magharebia. Malte est leur destination favorite.

    "Les salaires y sont quatre fois supérieurs. Et plus important, le travail se passe loin de la famille et des proches."

    Mais la présence maghrébine ne se limite pas au seul marché du travail. On compte des dizaines d'étudiants tunisiens, mauritaniens et marocains dans les universités libyennes. Les étudiants tunisiens, par exemple, viennent aux termes d'un accord de coopération signé entre Tripoli et Tunis.

    "Les diplômés des universités libyennes n'ont aucune difficulté à faire valoir leurs diplômes en Tunisie", ajoute Abdullah. "Je connais beaucoup de diplômés en droit qui se sont lancés dans les professions juridiques en Tunisie."

    Hajj Ahmed, propriétaire d'une usine de fabrication de plaques dans la banlieue de Tripoli, aime embaucher des Tunisiens, des Marocains et des Egyptiens à cause de la langue et de l'expérience communes. Montrant une foule d'immigrants d'origine subsaharienne, il explique qu'ils font des travaux simples, comme nettoyer les rues et déplacer les objets lourds.

    "Ils sont ici pour saisir leur chance de s'embarquer secrètement pour l'Europe", explique-t-il. "Ils ne restent pas ici très longtemps. Ils auront peut-être de la chance et pourront atteindre les côtes italiennes ; sinon, ils se feront dévorer par les poissons s'ils n'atteignent pas l'autre rivage, et la mer balaiera leurs traces."

    Pour échapper aux poursuites des garde-côtes du Maghreb, de nombreux jeunes qui souhaitent émigrer clandestinement en Italie se rendent dans la Libye voisine pour tenter leur chance. Ils travaillent dans des restaurants ou font d'autres travaux pour amasser le prix de leur voyage.

    Seifeddine Al Faitouri, un étudiant libyen, a expliqué à Magharebia que les réseaux du crime au Maghreb ne se limitent pas au trafic d'êtres humains. Ils s'orientent de plus en plus vers le trafic de drogues et d'antiquités.

    "Ce sont des domaines dans lesquels la coopération maghrébine a été fructueuse !", ajoute-t-il en riant.

    Magharebia
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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