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L’offensive de Nedjma piétine le territoire de Djezzy en Algérie

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  • L’offensive de Nedjma piétine le territoire de Djezzy en Algérie

    Les lignes bougent dans la téléphonie mobile en Algérie. Nedjma, dernier venu, est passé à l’offensive après avoir tiré profit de la désactivation des puces anonymes. Djezzy est encore premier mais perd des positions. La seconde place de Mobilis est en jeu.
    PAR SAMY INJAR, ALGER



    L’offensive lancée fin 2007 par le troisième opérateur de téléphonie mobile en Algérie, Nedjma, pour agrandir ses parts de marché, a pris des allures spectaculaires ces derniers mois : nouvelles offres aux clients, communication médias et hors médias expansive, engagement – avec la FAF – dans le parrainage de l’équipe algérienne en course pour les qualifications pour la Coupe du monde de football, avec 300 millions de dinars.

    Le président Bouteflika n’a pas apprécié, et l’a fait savoir ouvertement en juillet 2008, que l’investissement du groupe égyptien dans le ciment soit passé entre les mains du français Lafarge sans que le gouvernement ne soit mis au courant.

    Pour Joseph Ged, le très visible patron de Watania Télécom Algérie (WTA), les premiers résultats sont bien là. Il annonçait récemment, dans le forum El biled, un taux de croissance de 35% au 3e trimestre 2008, un premier passage à l’équilibre financier en juin 2008 – en fait un déficit ramené à 4 millions de dollars sur un semestre – et un portefeuille d’abonnés qui a dépassé « le prévisionnel » de 5 millions. A la source d’un tel redressement « une meilleure rentabilité », tirée par un chiffre d’affaires galopant (27,5% au premier semestre 2008). Un chiffre non confirmé du côté de Nedjma évoque 350 000 nouvelles activations rien qu’au mois de mars 2009 : « Un ordre de grandeur digne du Djezzy de la grande période » commente un ancien senior chez l’opérateur numéro un du marché. « Pour la première fois depuis 2003, le leadership de Djezzy sur le marché paraît pouvoir être contesté par la politique commerciale très agressive de Nedjma » s’aventure-t-il à conclure.

    Un pronostic, pressenti dès la prise de contrôle de Watania Télécom par Qatar Télécom (Qtel) en avril 2007, mais qui a quelque peu reflué lorsqu’au second semestre 2007, l’ampleur des difficultés de Nedjma s’était révélée au nouvel actionnaire qatari. Avec cependant 63% de parts de marché revendiquées, Orascom Télécom Algérie peut encore voir venir. Et la première victime du déploiement de Nedjma n’est pas Djezzy mais Mobilis.



    « La fin des puces anonymes redistribue les cartes »

    Pour un expert du secteur, « il s’agit d’un raid de Qtel pour gonfler le chiffre des abonnées de sa filiale algérienne sans regarder à la dépense afin de préparer sa cession avantageusement aussitôt qu’une offre se présentera ». C’est le nom d’Orange qui revient régulièrement depuis que l’entrée de France Télécom – maison mère d’Orange – dans le capital d’AT n’est plus à l’ordre du jour. Plus prosaïquement, Algérie Télécom poursuit également Nedjma pour un détournement supposé de trafic à l’international : « Suite à une analyse des CDRs d’interconnexion avec les opérateurs mobiles, nous avons constaté qu’il y a toujours un trafic important émanant de l’international, empruntant les faisceaux nationaux de Wataniya Telecom Algérie qui se termine sur le réseau d’Algérie Télécom » a expliqué le PDG d’AT dans une lettre adressée à l’ARPT, l’Agence de régulation du secteur des télécommunications. « La montée de Nedjma n’est pas seulement un phénomène médiatique, explique une source proche de l’ARPT, la désactivation de quelques quatre à cinq millions de puces anonymes l’automne dernier a redistribué les cartes. » Dernier arrivé sur le marché (2004), Nedjma est l’opérateur qui a le moins souffert de cette perte de clients, reconnue par Mobilis. Son offre phare de l’illimité – en version prépayé – est venue enfoncer le clou. « Les chiffres précis sur les migrations d’un opérateur à l’autre ne sont pas disponibles. Mais il est aisé de relever que c’est Nedjma qui a le mieux tiré profit de l’obligation pour des centaines de milliers de clients de reprendre un nouveau contrat avec un opérateur après que leur puce ait été désactivée » poursuit la même source.



    La discrétion énigmatique de OTA

    Mais le grand perdant de ces derniers mois pourrait bien être finalement Djezzy. Sa discrétion du moment accentue ce sentiment. Elle serait « voulue », et le leader du marché préparerait tranquillement sa contre-offensive. « Ce n’est pas l’offre récente Tic Tac de facturation à la seconde qui constitue la réponse stratégique de Djezzy. Elle touche un segment de clients petits consommateurs, sur lequel ne se réalise pas la moyenne du revenu par abonné » explique l’ancien manager chez la maison des Sawiris. Il faudra attendre et voir. Mais, pour de nombreux spécialistes du secteur, c’est sans doute du « petit coup de moins bien » affiché par OTA en Algérie, que sont nées les grandes ambitions de QTEL sur ce marché à travers Nedjma. Le groupe de la famille Sawiris est en phase de désamour auprès du pouvoir politique en Algérie. Le président Bouteflika n’a pas apprécié, et l’a fait savoir ouvertement en juillet 2008, que l’investissement du groupe égyptien dans le ciment soit passé entre les mains du français Lafarge sans que le gouvernement ne soit mis au courant. L’ARPT avait déjà rendu plusieurs arbitrages défavorables à Djezzy – notamment en annulant des offres promotionnelles. Et lui a demandé de ne pas abuser de sa position dominante sur le marché. Pour ajouter au tableau défiant, OTA a réduit de plus de moitié ses investissements en Algérie sur le premier trimestre 2008, laissant la sensation qu’il pouvait s’en désengager. Le président du groupe Najib Sawiris a du démentir les rumeurs persistantes, l’été dernier, de cession de sa filiale OTA. La prochaine publication des chiffres comptables de 2008 dira si Nedjma s’est donné les moyens financiers de poursuivre son offensive.
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