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Crise économique : Les investisseurs naviguent à vue

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  • Crise économique : Les investisseurs naviguent à vue

    Gorgés d'espoir, sûrs que la récession mondiale va bientôt prendre fin, persuadés que le pire de la crise est passé, les investisseurs sont devenus beaucoup, beaucoup, plus optimistes. A tel point que, depuis le début du mois de mars, les marchés d'actions ont rebondi de plus de 30 %.
    Mais l'espoir ne suffit plus. Les investisseurs ont maintenant besoin de preuves manifestes de l'amélioration de l'économie. Le problème est qu'il n'y en a pas. "On est dans un no man's land, on sent que le pire est sans doute passé, mais aucune statistique ne démontre que l'économie repart", indique Gregori Volokine, analyste chez Meeschaert, à New York.

    Autrement dit, les investisseurs naviguent à vue. Ils sont tantôt confiants, tantôt inquiets. Et les marchés traduisent ces incertitudes, enchaînant à leur tour hausses brutales et rechutes imprévues. In fine, à l'issue d'une semaine agitée, les Bourses de Paris, de Londres et de New York, ont pu gagner encore un peu de terrain. Entre le lundi 18 et le vendredi 22 mai le CAC 40 s'est apprécié de 1,86 %, tandis que le Footsie grignotait 0,4 % et le Dow Jones 0,1 %.

    De fait, il y a quelques raisons d'espérer. Les interventions des Etats ont rassuré. Désormais, plus personne ne croit à un effondrement du système économique mondial. En outre, il est sûr et certain que la récession va, un jour, s'arrêter. Reste à savoir quand. Au troisième trimestre ? Au début de 2010 ? Plus tard ?

    Dans l'immédiat, croire à l'embellie semble prématuré. Aux Etats-Unis, les membres de la Réserve fédérale (Fed), la banque centrale américaine, ont dévoilé mercredi qu'ils s'attendaient, au contraire, à une contraction de l'économie plus sévère qu'attendu. Selon eux, le produit intérieur brut (PIB) américain pourrait se contracter de 1,3 % à 2,0 % en 2009, contre 0,5 % à 1,3 % pour leurs précédentes estimations.

    Surtout, le taux de chômage - aujourd'hui à 8,9 %, au plus haut depuis 25 ans - pourrait monter à 9,6 % en 2009 et rester élevé (entre 7,7 % et 8,5 %) jusqu'en 2011. Un fléau qui risque d'"étouffer" la reprise de la consommation des ménages et des investissements dans le logement, selon la Fed, deux conditions essentielles de la croissance.

    En Europe, le climat n'est guère plus enthousiasmant. Les analystes ont révisé à la baisse les bénéfices des entreprises de l'ordre de 15 %, en moyenne, pour le deuxième trimestre. De fait les résultats des sociétés ne sont pas bons à l'image des pertes d'Air France-KLM dévoilées cette semaine.

    Dans ce contexte, comment expliquer que la Bourse progresse malgré tout ? "Ce rebond ne signifie pas un regain de confiance, les investisseurs ont toujours peur, estime Maurice Gravier, directeur à la gestion actions chez Natixis AM. Mais s'ils n'ont plus peur que le système s'effondre, ils ont peur de rater la reprise."

    Or, lorsque l'économie repartira, "compte tenu des efforts faits par les entreprises, 2 % de hausse du chiffre d'affaires se traduirait par 10 % de bénéfices en plus", calcule-t-il. Dans le cas contraire, la situation sera toutefois bien plus délicate encore pour les sociétés, car "elles n'ont plus de gras", ajoute-t-il. Autrement dit, une correction des marchés n'est pas exclue.

    D'autant plus que la remontée de la Bourse traduit "un manque de discernement", de la part des investisseurs estime M. Gravier.

    Après avoir cru à la fin du monde, qui a entraîné un massacre boursier de secteurs comme l'automobile ou les banques, les gérants jugent aujourd'hui que ces actions, injustement sanctionnées ne peuvent que rebondir. Ils rachètent donc des valeurs bancaires et automobiles. C'est-à-dire,... toutes les actions des secteurs bancaire et automobile. Voire... n'importe quelle valeur des secteurs bancaire et automobile. Et y compris, par exemple, les actions d'établissements irlandais, pourtant dans une situation plus que périlleuse. Ou des actions comme Peugeot, la plus forte hausse du CAC 40 avec un gain de plus de 60 % depuis le début de l'année.

    Or, non seulement l'économie mondiale n'est pas encore tirée d'affaires, mais si reprise il y a, il est peu probable qu'elle soit spectaculaire. Selon les experts du Crédit suisse, elle pourrait même être "médiocre". Mais quels termes retenir, "reprise" ou "médiocre" ?, s'interrogent-ils. Seule certitude : dans un tel contexte, toutes les entreprises ne sauront pas faire face de la même manière. Et leurs actions ne devraient donc pas progresser au même rythme.

    Claire Gatinois (Le Monde)
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