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Attaques militaires contre les médias non soumis ?

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  • Attaques militaires contre les médias non soumis ?

    Un nouveau rapport, émanant d’un groupe néoconservateur qui promeut, au nom de “Israël d’abord”, un programme belliqueux de conquête du Moyen-Orient, suggère que, dans les prochaines guerres, les USA devront faire de la censure des médias une politique officielle, et préconise « des attaques militaires contre les médias non complices.

    Un groupe de néo-conservateurs préconise des frappes militaires sur les médias.

    Par Jeremy Hill

    A l’ère des medias incorporés, les journalistes indépendants sont devenus les yeux et les oreilles du monde. Sans la volonté de journalistes non incorporés, de risquer leur vie pour se placer de l’autre côté du canon du tank ou du fusil ou encore sous les frappes aériennes, l’histoire ne serait presque racontée que du point de vue des troupes qui tirent et non de celui des civils, qui paient presque toujours le prix fort.

    Dans le cas de l’invasion et de l’occupation de l’Irak, les journalistes qui se sont mis en danger sont le plus souvent des journalistes irakiens. Quelque 116 Irakiens journalistes ou travaillant dans les médias ont été tués tandis qu’ils accomplissaient leur tâche depuis mars 2003. En tout, ce sont 189 journalistes qui ont été tués en Irak. Seize au moins d’entre eux ont été tués par l’armée américaine, selon le Comité pour la Protection des Journalistes. Le réseau qui s’est le plus souvent trouvé sous attaque américaine est Al-Jezirah. Comme je l’ai écrit voilà quelques années dans La Nation :

    “Les Etats-Unis ont bombardé ses bureaux d’Afghanistan en 2001, envoyé en avril 2003 des obus sur l’Hôtel Bassorah dont les seuls clients étaient des journalistes d’Al-Jazeera, tué à Bagdad quelques jours plus tard son correspondant Tareq Ayoub, et emprisonné (notamment à Guantanamo) plusieurs reporters d’Al-Jezirah, dont certains disent avoir été torturés. Outre les attaques militaires, le gouvernement irakien, appuyé par les Etats-Unis, a interdit à la chaîne de faire des reportages en Irak. »
    Un nouveau rapport, émanant d’un groupe néoconservateur qui promeut, au nom de “Israël d’abord”, un programme belliqueux de conquête du Moyen-Orient, suggère que dans les guerres futures les USA devront faire de la censure des médias une politique officielle, et préconise « des attaques militaires contre les médias non complices (par l’intermédiaire de MuzzleWatch). Le rapport destiné à l’Institut Juif pour les Affaires de Sécurité Nationale (JINSA) avait pour auteur le Colonel Ralph Peters, retraité de l’armée américaine. Il est paru dans la « publication phare » du JINSA, Le Journal des Affaires de Sécurité Internationale. « Aujourd’hui, les Etats-Unis et leurs alliés ne se trouveront jamais face à un ennemi isolé sur le champ de bataille. Il y aura toujours dans le combat un tiers hostile », écrit Peters, qui traite les médias de « tueurs sans fusils ».
    “Certes, les medias ont façonné depuis des siècles l’issue des conflits, depuis les Guerres de Religion en Europe jusqu’au Viet-Nam. Mais, à date plus récente, ce sont les médias qui ont déterminé le résultat de conflits. Même si, au bout du compte, journalistes et éditeurs n’ont pas réussi à faire échouer le gouvernement américain en Irak, des caméras-vidéo et des reportages biaisés ont permis au Hezbollah de survivre à la guerre de 2006 avec Israël et semblent à Gaza avoir sauvé le Hamas de la destruction…

    Même si cela semble actuellement impensable, les guerres à venir peuvent avoir besoin de la censure, de nouveaux black-outs et, en dernier recours, d’attaques militaires contre les medias non soumis. En se percevant eux-mêmes comme des êtres supérieurs, les journalistes se sont érigés en militants de la protection des espèces. Mais la liberté de la presse s’arrête là où ses abus tuent nos soldats et renforcent nos ennemis. Une telle vision des choses suscite aujourd’hui le dédain, mais la corporation médiatique, qui a oublié tout sens de patriotisme bien entendu, pourrait découvrir qu’elle sera devenir la sagesse ordinaire de demain.
    L’enjeu est d’une parfaite simplicité : gagner. Dans la guerre, rien d’autre n’importe. Si vous ne pouvez pas gagner proprement, gagnez salement.
    Mais gagnez. Nos victoires sont au bout du compte dans l’intérêt de l’humanité, tandis que nos échecs nourrissent des monstres ».

    Il est, bien sûr, tout à fait approprié qu’un cri de guerre aussi ignoble incitant au meurtre des acteurs des medias apparaisse dans une publication de la JINSA. L’organisation a de longue date fait valoir un brillant casting de « conseillers » criminels, parmi lesquels Dick Cheney, Richard Perle, James Woolsey, John Bolton et Douglas Feith. L’Institut Juif pour les Affaires de Sécurité Nationale, en concordance avec le Projet pour un Nouveau Siècle de l’Amérique (PNAC), fut un des groupes majeurs qui ont façonné la politique américaine durant les années Bush et il garde une formidable force avec Obama à la Maison Blanche.

    La lecture de l’essai morbide et pervers de Peters m’a remis en mémoire le rapport qui a fait surface fin 2005 sur un supposé complot de l’administration Bush – que j’ai couvert pour La Nation - en vue du bombardement du quartier général international d’Al-Jezirah au Qatar, “En Grande-Bretagne, le Daily Mirror a signalé que, au cours d’une réunion tenue en avril 2004 à la Maison Blanche avec le Premier Ministre Tony Blair, George W.Bush avait lancé l’idée de bombarder la base internationale d’Al-Jezirah au Qatar. Cette assertion se fondait sur une fuite des notes classées « Top Secret » du sommet Bush-Blair. L’Avocat Général britannique Lord Goldsmith avait mis en œuvre l’Official Secrets Act, menaçant toute diffusion d’une quelconque partie du memorandum (il avait déjà mis en accusation un ancien membre du Cabinet et un ancien assistant parlementaire). De sorte que, bien que nous ne connaissions pas encore le contenu du memo, nous savons qu’au moment de la rencontre de Bush avec Blair, l’administration était au plus haut niveau et de façon tout à fait publique dans les transes d’un gros accès de colère contre Al-Jezirah. La rencontre s’est tenue le 16 avril, au point culminant du siège de Fallujah, et Al-Jezirah était une des rares sources d’information émettant depuis l’intérieur de la ville. Son reportage exclusif avait été diffusé par toutes les chaînes, depuis CNN jusqu’à la BBC.

    L’offensive de Fallujah, l’une des plus sanglantes de l’occupation américaine, a constitué un tournant. En deux semaines de ce mois d’avril, trente Marines ont été tués tandis que des guérillas locales résistaient aux tentatives américaines de s’emparer de la ville. Quelque six cents Irakiens sont morts, des femmes et des enfants pour beaucoup. De l’intérieur de la cité assiégée, les émetteurs d’Al-Jezirah diffusaient des images au monde entier. En direct, la chaîne a donné l’évidence documentaire visible qui invalidait les dénégations des Américains quant au fait qu’ils tuaient des civils. Ce fut un désastre en matière de relations publiques et la réponse des USA a été d’attaquer le porteur de nouvelles.

    Quelques jours seulement avant que, à ce qu’il semble, Bush ait propose de bombarder Al-Jezirah, le correspondant de celle-ci à Fallujah, Ahmed Mansour, s’exprimait en direct. « La nuit dernière, des tanks nous ont pris pour cible par deux fois, mais nous nous en sommes sortis. Les USA nous veulent hors de Fallujah, mais nous y resterons ». Le 9 avril, Washington a posé comme une condition à un cesser-la-feu qu’Al-Jezirah quitte la ville. La chaîne a refusé. Le lendemain, Mansour écrivait que « des bombardiers américains ont tiré autour de notre nouveau site et bombardé la maison où nous avions passé la nuit précédente, causant la mort du propriétaire, M.Hussein Samir. Compte tenu de ces menaces sérieuses, nous avons dû cesser nos émissions durant quelques jours parce que, à chaque fois que nous essayions d’émettre, les bombardiers nous localisaient et nous nous trouvions sous leurs tirs ».

    Le 11 avril, le porte-parole de l’armée Mark Kimmit a declaré : “Les stations qui montrent des Américains tuant délibérément des femmes et des enfants ne sont pas des sources d’information légitimes. Ce n’est que propagande et mensonges ». Le 15 avril, Donald Rumsfeld faisait écho à ces remarques dans des termes notoirement peu diplomatiques, qualifiant les reportages d’Al-Jezirah de « vicieux, erronés et inexcusables… Ce que cette station fait est honteux ». Selon le Daily Mirror, c’est le lendemain même que Bush a fait part de son plan à Blair. Selon une source du Mirror « Il a clairement dit qu’il voulait bombarder Al-Jezirah, au Qatar et ailleurs.

    Il n’y a aucun doute quant à ce que Bush voulait faire – et aucun doute que Blair que voulait pas qu’il le fasse ». Afin que les gens ne pensent pas que les points de vue de gens comme Ralph Peters et les néo-conservateurs de la JINSA ou de la PNAC sont des reliques du passé, rappelons-nous que l’administration Obama compte dans ses rangs de rudes cogneurs de ce monde aussi bien que de farouches partisans des néo-conservateurs. Même si peut-être ils n’appellent plus littéralement à la bagarre, comme ils l’ont fait sous Bush et Cheney, leur influence disproportionnée sur la politique américaine subsiste.

    http://www.truthout.org
    (Traduit de l’anglais par Anne-Marie Perrin)

    CAPJPO-EuroPalestine
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