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Approvisionnement énergétique : Gazprom perd l’Europe

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  • Approvisionnement énergétique : Gazprom perd l’Europe

    Le spectre d’une réédition du conflit gazier qui a opposé Moscou à Kiev en début d’année hante toujours le Vieux Continent, l’Algérie tentant pour sa part de profiter de cette conjoncture et croitre ses chances de livrer plus de gaz à l’Europe qui, elle, mise plutôt sur le gazoduc Nabucco contournant la Russie afin de garantir plus de sécurité énergétique.

    Le patron du géant gazier russe Gazprom, Alexeï Miller, a estimé hier que la diversification des sources d’approvisionnements en gaz naturel à laquelle œuvre l’Union européenne (UE) pour réduire sa dépendance vis-à vis de la Russie, pourrait se répercuter négativement sur la fiabilité des livraisons de combustible bleu au Vieux Continent. Le désir de l'Europe de «diversifier les itinéraires de transport de gaz est parfaitement compréhensible, mais (…) la diversification au détriment des relations avec les fournisseurs traditionnels peut aboutir à un résultat contraire: plus importante sera la diversification, moins fiables seront les livraisons», a-t-il soutenu lors d’une assemblée annuelle des actionnaires du groupe.

    Les déclarations de Miller qui interviennent au lendemain de l’engagement de la Turquie de signer d'ici la mi-juillet un accord sur le projet de gazoduc Nabucco avec quatre pays de l'UE, confirment en fait les appréhensions de la Russie de voir son rôle de principal fournisseur de gaz à l’Europe remis en cause, relèvent les observateurs.

    Le ministre turc chargé des négociations en vue de l'adhésion de son pays à l'UE, Egemen Bagis, avait indiqué jeudi à Bruxelles que l’accord sera signé la mi-juillet pour la mise en œuvre du gazoduc Nabucco soutenu par les Occidentaux et perçu par Moscou comme un concurrent à son projet de gazoduc South Stream. Alors que la Russie ne cesse d’appeler l’UE à inscrire le gazoduc South Stream parmi ses projets prioritaires affirmant qu’il contribue à garantir sa sécurité énergétique, l’Europe qui veut se défaire de sa dépendance vis-à-vis de la Russie, ou du moins la réduire, préfère œuvrer à la réalisation de nouvelles canalisations, comme le gazoduc Nabucco qui devrait approvisionner ses marchés en gaz en provenance d'Asie centrale en contournant la Russie dont 65% des exportations de gaz sont destinés à l’Europe.

    Naftogaz en difficulté

    Selon Miller, la capacité de South Stream sera portée 63 milliards de mètres cubes ce qui permettra d’assurer 35% du volume total des livraisons de gaz russe vers l'Europe en 2015, et garantir ainsi des livraisons stables à l’Europe en contournant les pays de transit, notamment l’Ukraine avec laquelle les conflits gaziers sont de plus en plus fréquents et se répercutent sur l’approvisionnement de l’UE.

    Il a indiqué à ce propos qu’il espérait que les négociations devant avoir lieu vendredi entre Gazprom et la compagnie ukrainienne Naftogaz permettront d'éviter une nouvelle crise gazière. La partie ukrainienne éprouve des difficultés de plus en plus grandes à payer ses achats de gaz russe, a-t-il affirmé, soulignant que «la situation de Naftogaz est très difficile». Kiev doit apporter une solution de fond au problème, a-t-il dit, avant d’appeler l'Union européenne et les institutions financières internationales à aider l'Ukraine à régler ses factures gazières.

    Il a de nouveau souligné que la Russie était disposée à contribuer à trouver une solution à condition que l'Union européenne et les organisations financières internationales «prennent la bonne décision» à travers «l’octroi de crédits pour les achats de gaz russe par l'Ukraine». Ce serait selon lui, le seul moyen d’éviter une réédition de la grave crise qui avait opposé Moscou et Kiev en début d’année privant les consommateurs européens de gaz russe pendant deux semaines. L’Ukraine a besoin au total de pas moins 4,2 milliards de dollars pour financer ses achats de gaz à la Russie qui refuse de supporter seule le fardeau d’un tel crédit à l’Ukraine et presse l’UE ainsi que le FMI et la BM d'apporter de leur côté leur contribution. Faute de paiement, Kiev ne sera pas en mesure de remplir ses stocks souterrains de gaz nécessaire aussi bien pour la consommation locale que pour assurer la pression indispensable dans son système de gazoducs par lequel transite 80% du gaz russe destiné aux marchés européens.

    Mardi, le Premier ministre russe Vladimir Poutine avait rappelé que le prochain paiement était prévu d’ici le 7 juillet, soulignant que si celui-ci n’était pas effectué, Moscou pourrait se voir dans l’obligation de prendre des mesures pouvant «compliquer la situation pour les consommateurs européens». Tout en affirmant que la Russie ne ménageait aucun effort pour éviter une nouvelle crise gazière il avait prévenu qu’en cas de retard de paiement, la Russie se réservait le droit d’exiger le prépaiement de ses livraisons comme prévu dans les contrats conclus entre Moscou et Kiev. «La discipline contractuelle doit être pleinement respectée. Si les paiements ne sont pas effectués, la Russie se réserve le droit d'agir conformément au contrat», avait-il averti.

    Conséquence de la crise économique

    En gros, La crise économique a entraîné une baisse du prix du gaz exporté par la Russie vers l'Europe, ainsi que du volume de ces livraisons. Mais certains experts affirment ces derniers temps que la réduction considérable des exportations de gaz russe vers l'Europe s'explique par une autre raison, une raison importante: la politique de formation des prix appliquée par Gazprom manque de souplesse, ce qui pourrait faire perdre des parts de marché au gaz russe en Europe. Gazprom n'envisage pas pour autant de modifier sa politique de formation des prix et ne voit aucune raison de céder à la panique ou de sombrer dans le pessimisme.

    Le vice-ministre de l'Energie Sergueï Koudriachov a indiqué, le 23 juin, que l'un des problèmes de l'exportation du gaz russe résidait dans l'incapacité d'agir de manière souple sur les marchés libéralisés d'Europe, alors que la concurrence augmente, faisant référence au futur gazoduc et l’entrée en production des pipes algériens Medgaz et Galsi. Selon les estimations du vice-ministre russe, au premier trimestre de cette année, la demande de gaz en Europe n'a baissé que de 5%, alors que les livraisons de combustible bleu russe ont diminué d'environ 60%. On peut en déduire que Gazprom, outre sa perte de bénéfices, a cédé à ses concurrents des parts de marché en Europe. Une aubaine pour l’Algérie.

    Le Financier
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