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L'Irak ouvre ses gisements aux compagnies étrangères

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    L'Irak rouvre ses gisements de pétrole et de gaz au capital et à l'expertise étrangère

    S'il est une mesure, une seule, prise jadis par Saddam Hussein, alors vice-président, et qui fait, trente-sept ans plus tard, la quasi-unanimité chez les Irakiens, c'est la nationalisation complète du pétrole et l'expulsion, en 1972, de l'Iraq Petroleum Company, conglomérat franco-américano-britannique qui exploitait à vil prix l'or noir mésopotamien depuis 1929

    L'état lamentable de ses installations, victimes d'une décennie d'embargo international, puis de deux guerres successives, et la situation alarmante de ses finances contraignent aujourd'hui l'Irak à rouvrir ses gisements au capital et à l'expertise étrangère.

    Critiquée jusque sur les bancs de sa coalition parlementaire, la décision du gouvernement de Nouri Al-Maliki de mettre aux enchères, mardi 30 juin et mercredi 1er juillet, des "contrats de service" pour l'exploitation de ses six plus grands gisements de pétrole et de deux champs gaziers peu développés a attiré à Bagdad les plus importantes compagnies mondiales.

    Les six champs recèlent 43 milliards de barils de brut sur un total de 115 milliards de réserves prouvées au plan national. L'Irak détient actuellement, derrière l'Arabie saoudite et l'Iran, les troisièmes réserves d'or noir du monde. Mais de nombreuses zones n'ont jamais été explorées et certains n'excluent pas que le pays possède en réalité les premières réserves de la planète. "Tout le monde veut être en Irak précisément pour cette raison, nous explique l'une des meilleures spécialistes du secteur, Rouba Housari, la directrice fondatrice d'un site Internet spécialisé. Avec l'Iran, ce pays représente une opportunité rare."

    Ceci explique sans doute que, malgré le caractère jugé "peu lucratif" de l'offre irakienne, mais avec un oeil gourmand sur les possibilités d'obtenir de meilleures conditions lors des prochaines adjudications, début 2010, de licences d'exploitation pour 16 autres gisements non développés, 31 sociétés internationales aient été présélectionnées.

    L'or noir irakien est l'un des moins chers du monde à extraire (1,5 à 2 dollars au baril). "Même en ajoutant 10 % à 15 % de surcoût pour la sécurité des employés dans un pays où la stabilité politique est loin d'être assurée et où des attentats ont lieu tous les jours, l'affaire reste bonne", dit un autre expert.

    Pour éviter au maximum les manipulations et les dessous de table - dans un pays qui figure au deuxième rang des plus corrompus de la planète -, le processus d'adjudication devait être télévisé.

    Les compagnies choisies devront obligatoirement s'associer avec l'une des deux sociétés publiques pétrolières nationales, et partager avec elles le management de gisements dont elles financeront seules le développement, puisque l'Irak n'a plus d'argent. Les sociétés étrangères sélectionnées ne seront pas rémunérées par un prélèvement d'une part de la production, mais sur la base d'un montant fixe par baril produit, et uniquement après avoir atteint le seuil de production préalablement fixé dans le contrat par le gouvernement.

    L'Irak, qui a pourtant dépensé 8 milliards de dollars (5,6 milliards d'euros) depuis l'invasion américaine de 2003 pour remettre sa production en route, ne parvient toujours pas à extraire autant de pétrole que sous Saddam Hussein (2,4 millions de barils par jour, contre 2,6 à la veille de l'invasion et 3,5 millions dans les années 1970). Son projet d'association avec les compagnies étrangères vise à "doubler la production des six gisements sélectionnés dans les cinq prochaines années", a expliqué Hussein Sharistani, le ministre chargé du dossier.

    Selon lui, cette seule augmentation permettrait aux cours actuels de dégager au moins 1 700 milliards de dollars dans les vingt ans, "qui serviront à financer la reconstruction du pays et les infrastructures". De fait, le gouvernement, aujourd'hui contraint de négocier un emprunt de 5,5 milliards de dollars avec le Fonds monétaire international (FMI) pour boucler un budget en déficit de 20 milliards de dollars pour la seule année 2009, a commis une grave erreur financière ces deux dernières années en tablant sur un prix moyen du baril - son unique source de devises - de 90 dollars.

    Pour donner un emploi à tous ceux qui avaient pris les armes contre l'occupation américaine, mais aussi contre le gouvernement, plus d'un million de nouveaux salariés publics ont été recrutés (2,5 millions à présent, soit plus du double de ce qu'ils étaient sous la dictature). Mais l'Etat, qui vient de renoncer à embaucher 30 000 soldats et policiers supplémentaires (ils sont déjà 760 000), a maintenant du mal à les payer.

    Par le Monde
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