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Les ultra-orthodoxes repartent en guerre contre les laïcs à Jérusalem

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  • Les ultra-orthodoxes repartent en guerre contre les laïcs à Jérusalem

    Depuis le début de la semaine, Jérusalem est le théâtre d'un nouvel épisode de la petite guerre qui oppose à intervalles réguliers les forces de l'ordre aux radicaux de la communauté ultra-orthodoxe (les haredim, les "craignant Dieu"). Jeudi 16 juillet, pour la troisième journée consécutive, des milliers d'entre eux, vêtus de l'habit noir des religieux ont semé la désolation dans les rues de la ville sainte, pour protester contre l'arrestation d'une des leurs, accusée d'avoir laissé dépérir son garçon, âgé de 3ans.

    L'enfant, qui ne pèse que 7 kg, a été hospitalisé, tandis que sa mère, visiblement affligée de troubles mentaux, a été placée en garde à vue. En représailles, des poubelles ont été incendiées, des feux de signalisation ont été cassés et des véhicules de police et des services municipaux ont été caillassés. Dix policiers ont été blessés par des jets de pierre et une vingtaine d'émeutiers ont été appréhendés.

    En juin, des violences similaires s'étaient déjà déroulées, à la suite de la décision de la mairie de Jérusalem d'ouvrir un parking le samedi, jour du shabbat. Une mesure jugée profanatoire par les hommes en noir, arc-boutés sur une stricte lecture de la halakhah, la tradition religieuse, qui prohibe tout travail et toute dépense d'énergie ce jour-là. Une contre-manifestation avait eu lieu, réunissant quelques centaines de Yérosolomitains, agacés de voir leur ville se figer chaque samedi et inquiets de l'arrivée de familles ultra-orthodoxes dans des quartiers jusqu'à présent laïcs.

    "La bataille pour le shabbat dure depuis plus de soixante-dix ans, explique Yehouda Goodman, sociologue à l'université hébraïque de Jérusalem. Sous le mandat britannique, les ultra-orthodoxes se soulevaient déjà contre l'entrée des camions de l'armée dans leurs quartiers. L'affaire de la mère, c'est autre chose. Il y a un sentiment d'insulte, car les haredim ont tendance à se considérer moralement supérieurs. Mais, in fine, les deux histoires alimentent un nouvel épisode de la guerre culturelle que les haredim mènent contre le monde laïc." Cette poussée de fièvre intervient huit mois après que les ultrareligieux, qui représentent deux cinquièmes de la population juive de Jérusalem, ont perdu la municipalité au profit de Nir Barkat, le candidat laïc.

    "ILS SERRENT LES RANGS"

    Divisés pour le scrutin, les haredim sont en train de sceller leur réconciliation dans cette démonstration de force. Ses instigateurs sont des membres d'Eda Haredit, l'une des sectes les plus antisionistes du mouvement haredi, farouchement opposée aux symboles et institutions de l'Etat d'Israël. Pour autant, leur révolte ne déplaît pas aux fractions plus modérées, comme l'atteste le fait que les députés ultra-orthodoxes de la Knesset, davantage légalistes, répugnent pour l'instant à dénoncer les violences.

    "Dans les périodes de tensions, les ultra-orthodoxes fonctionnent à l'égard des laïcs comme les juifs à l'égard des gentils. Ils serrent les rangs, persuadés qu'ils sont à la fois le peuple élu et le peuple le plus haï", dit Gilad Malach, doctorant à l'université hébraïque, spécialiste des haredim. Nir Barkat, le nouveau maire devra se montrer habile pour ne pas perdre dans la rue le pouvoir décroché dans les urnes.

    Par Le Monde
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