Pour une jeune fille qui veut se marier, les temps sont difficiles et les moyens impossibles. Aujourd’hui, pour se marier, les hommes veulent connaître la femme avant le mariage, pas après. Dans les grandes villes, les choses sont donc faciles: il y a les salons de thé, les plages, les rues à vitrine, les centres commerciaux, le taxiphone, ou la sortie de l’université. Les grandes villes assurent l’anonymat et évitent la tbahdilat et les rumeurs. Une jeune fille peut rencontrer son futur ami ou candidat, sous prétexte d’aller acheter une carte Flexy par exemple. C’est dans les villages et les douars que le problème se pose. Là, on se marie après un coup d’oeil, pas après une fréquentation. L’homme a le droit d’envoyer sa sœur, de surveiller la sortie du Hammam, d’attendre le jour du vote, ou de prendre une photo avec son portable. Pour le reste, rien: dans les villages, il n’y a pas de salon de thé et à peine des salons de coiffure, le commerce est masculin, les frères et cousins trop nombreux, les yeux trop électroniques et les langues mesurent des kilomètres. Une jeune fille, qui adresse trois mots à un inconnu, le paie avec trois ans de réclusion. Elle sera «grillée», «fichée», mis au banc et accusée d’adultère optique et de débauche par satellites. C’est ainsi: l’absurdité de la situation ne heurte personne et pourtant, il s’agit de quelque chose de légitime pour l’homme et la femme: se connaître un peu mieux, avant de s’engager dans le projet le plus lourd de la vie. Le mariage.
M.M
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