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L'exemple impossible des manifestants Iraniens .

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  • L'exemple impossible des manifestants Iraniens .

    L'exemple impossible des manifestants iraniens
    par Kamel Daoud
    Sous le soleil de l'été, ayons une pensée pour les révoltés d'Iran aujourd'hui au banc des accusés dans leur propre pays. Et si l'Iran est un pays si lointain qu'on n'en connaît que ce qu'en dit l'Occident ou ce qu'on lit sur le net, la leçon iranienne est là, pour nous, peuplade aux émeutes avortées. Ce sont les lendemains des révoltes qui sont les plus dures dans les pays d'Allah. Sans l'effet de loupe des médias qui se lassent très vite, sans possibilité d'effet domino dans des géographies policières, les révoltes contre les régimes dans les pays musulmans ou arabes surtout n'ont aucun avenir. Il leur manque les leaders décimés, des classes porteuses réduites par la peur ou le besoin, des solidarités aujourd'hui trop douteuses et des alliances encore impossibles. Aujourd'hui, une révolte si elle n'est pas islamiste, n'est plus qu'esthétique. Les Iraniens qui ont dénoncé la fraude électorale dans ce pays ont tenté de casser ce cycle stérile en démontrant que l'on peut faire l'inverse: dénoncer un régime islamiste par une revendication de démocratie simple et sincère. Et ce capital de demandes de rupture a été utilisé par tous: les pseudo réformateurs iraniens, les conservateurs pour en illustrer l'interventionnisme étranger, les Occidentaux, les pays arabes hantées par la menace perse dite historique. Dans le tas, on en n'a pas retenu la principale évidence: les printemps ne sont plus possibles et les mobilisations populaires ne servent presque à rien qu'à remplir des prisons ou pousser aux exils. Les régimes ont appris à y survivre et à «casser» les demandes sociales de changements. A terme, c'est seulement en Iran qu'on a eu droit à un sursaut ou à son spectacle. Pour le reste des pays de la planète d'Allah, la prise d'otage sociale et de l'exercice de l'opposition par les islamistes et les soutiens occidentaux, intéressés par des contrats de stabilité et de ressources, ont aidé les régimes à s'offrir le luxe de seconde jeunesse sans fin. Aujourd'hui, on ne craint plus de frapper dans le tas, d'emprisonner des opposants ou de manipuler des révoltes. On ne craint plus de violer les urnes et de se choisir soi-même ses propres concurrents en carton pour maquiller les putschs. Et s'il faut saluer des Iraniens pour leur courage, il faut surtout ne pas oublier l'effet miroir de ce printemps perse avorté: chez nous, la lassitude et le pessimisme ont atteint ce stade où toute révolte pour autre chose que le pain ou l'électricité n'est que naïveté et démonstration d'angélisme. La croyance générale est qu'il n'y pas de possibilité d'indépendance et de guerre victorieuse lorsqu'on est colonisé par les siens, porteur du même drapeau et fort de la même armée. De la Jordanie au Maroc, les gens préfèrent le fatalisme, la chaloupe ou l'ascension céleste par la barbe, à la révolution, la télécommande, à l'histoire.

    Le Quotidien d'Oran
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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