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france telecom:A 22 suicides, c’est quand même qu'il y a un grave problème

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  • france telecom:A 22 suicides, c’est quand même qu'il y a un grave problème

    REPORTAGE

    En pleine série noire, les salariés de France Télécom ont manifesté leur désarroi ce jeudi. Direction et syndicats se sont mis d'accord sur l'ouverture la semaine prochaine de négociations sur le stress dans l'entreprise.
    CORDÉLIA BONAL
    «Pour vous dire, on est cinquante dans mon service, la moitié sont sous anti-dépresseurs. On va quand même pas attendre que d'autres collègues se suicident pour faire quelque chose!» Alicia travaille chez France Télécom dans le Val-de-Marne, au service réclamations internet. Avec quelques centaines de techniciens et commerciaux «FT» de la région, elle est venue manifester sous les fenêtres du siège des ressources humaines du groupe à Paris, dans le XVe arrondissement.
    C'est ce jeudi que syndicats et direction s'y retrouvaient pour un Comité national d'hygiène, sécurité et conditions de travail (CNHSCT) sous haute tension: 22 salariés du groupe se sont suicidés depuis février 2008 et à peu près autant auraient tenté de le faire, selon le décompte des syndicats. Hier encore, un salarié a tenté de mettre fin à ses jours.
    Pour sortir de la spirale infernale, les salariés réclament l'ouverture de négociations sur les conditions de travail et un moratoire sur les changements de postes forcés dans l'entreprise, qui, entrée en Bourse en 1997 et recapitalisée par l'Etat pour 9 milliards d'euros en 2004, restructure à grande échelle.
    Pendant que dans le bâtiment les représentants syndicaux - CFDT, CGT, Sud et FO - exposent leurs revendications au DRH du groupe, Olivier Barberot, sur la petite place en contrebas, autour d'un stand café-gâteaux, on parle boulot... et surtout mal-être au boulot. «Flicage», «infantilisation», «pressions», «stress», «dépression», «déshumanisant», «management par la terreur», «robots»... Les mêmes mots reviennent, lourds, dessinant un tableau effrayant de la vie à France Télécom.
    «Tout le monde s'écrase»

    «On nous fixe des objectifs intenables, on change les gens de postes tout le temps et toujours brusquement, sous prétexte que si on reste trop longtemps à un poste ça veut dire qu'on n'est pas efficace. A la 20e fois, vous êtes usé», peste Catherine, qui travaille à la gestion des dossiers des professionnels.
    Vient ensuite l'isolement, la solitude dans la détresse. «Les RH de proximité ont été supprimées au profit d'une plate-forte téléphonique où vous n'avez jamais le même interlocuteur, les cellules d'écoute n'inspirent confiance à personne, et vos responsables directs sont tellement obsédés par par les chiffres qu'ils ne savent plus écouter. Résultat, tout le monde s'écrase», résume Alicia.
    Tous parlent aussi du sentiment d'être poussés vers la sortie. Et «tous les moyens sont bons». Chistophe: «La boîte nous envoie toutes les semaines des mails avec des offres de postes extérieurs au groupe. Si on a le malheur de demander des renseignements, juste pour voir, c'est fini: ils ne vous lâchent plus jusqu'à ce que vous partiez, c'est du harcèlement.»
    Gel des restructurations


    Les salariés, enfin, ne pardonnent pas à la direction d'avoir laissé entendre que la vague de suicides tenait d'abord à des difficultés personnelles chez les salariés. «On ne peut jamais dire que c'est à 100% lié au travail, mais enfin, il y a eu des écrits, des échanges avec les élus du personnel, on sait très bien que certains ici sont cassés par les conditions de travail», dit Dominique, représentante Sud. «Et puis un, je veux bien, mais à 22 suicides, c'est quand même qu'il y a un grave problème», tempête un autre.
    Mais pour la direction, les suicides ne sont «pas en augmentation»: 28 en 2000 et 29 en 2002, pour environ 100.000 salariés.

    Midi. Philippe Meric, de Sud PTT, s'éclipse de la réunion et prend le mégaphone. «La direction s'est engagée sur un gel des restructurations et mobilités forcées jusqu'au 31 octobre», annonce-t-il. Huées dans l'assistance. «Un mois et demi tranquilles, c'est du foutage de gueule», s'énerve-t-on. «C'était une mesure d'urgence indispensable et c'est un signe d'ouverture», tempère Philippe Meric.
    Deuxième proposition mise sur la table par la direction, l'ouverture le 18 septembre de négociations «sur le stress à France Télécom», avec la désignation d'un cabinet d'experts externe. Mais rien de précis encore quant à l'objet exact des négociations, déplorent les syndicats, qui appellent à s'attaquer aux «vrais sujets», c'est-à-dire «le style du management et l'organisation du travail». La direction, enfin, prévoit et le recrutement de 100 DRH de proximité et de médecins du travail supplémentaires.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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