http://www.*********/story/6901/bara...nia-popularite
Récemment, alors que je critiquais gentiment Barack Obama, une dame de ma connaissance m'a demandé, interloquée : « Mais... vous n'aimez pas Obama ? ». Sa réaction, à la fois triste et dubitative m'a rappelé que le président des Etats-Unis représente un fantasme pour les Français, et qu'il est souvent perçu comme une force presque surnaturelle. Il était de bon ton, voire recommandé, de haïr George W. Bush, tout en moquant ses manières de péquenaud et son entourage occulte. Concernant Barack H. Obama, il est préférable de voir en lui le messie métis sous peine d'être perçu comme un hérétique. Ce que l'on a nommé justement « Obamamania » domine les médias, français comme « étrangers », et le président américain a intérêt, pour ne pas décevoir les foules, à pouvoir marcher sur l'eau à défaut d'amener la paix au Moyen-Orient ou de sauver l'économie mondiale.
Comment expliquer un tel engouement ou en tout cas un tel a priori positif pour Barack Obama ? On peut avancer quelques éléments de réponse relatifs à la conjoncture et à la crise économique mondiale, la personnalité charismatique d'Obama, et surtout à la remarquable stratégie de communication qui l'a amené à la présidence de la première puissance du monde. En premier lieu, Obama est le produit réussi de l'Affirmative action, cette doctrine des années 60 consistant à favoriser les minorités notamment dans l'accès à l'éducation. Ancien des prestigieuses universités de la Ivy League, Columbia et Harvard, il a enseigné le droit à la non moins réputée University of Chicago Law School. Obama a ensuite gravi les échelons de la politique américaine en étant élu au Sénat de l'Illinois, puis au Sénat de l'Etat fédéral en 2004. La carrière d'Obama ressemble à s'y méprendre à la carrière de n'importe quel politicien américain brillant, sauf qu'il est métis, ce qui engendre des sentiments mitigés: admiration de la part des WASP (Blancs anglo-saxons proetstants) qui y voient un exemple d'intégration réussie, mais suspicion de la part des activistes noirs, habitués à des figures plus radicales. Au final, Obama représente cette fusion réussie entre ses origines ethniques qui symboliseraient sa capacité à rassembler les minorités d'un pays divers et divisé.
Bush possédait Karl Rove, son «spin-doctor» (conseiller en communication) qui lui a toujours conseillé de faire «terroir», en d'autres termes de faire oublier les origines patriciennes des Bush de la côte est, en accentuant le côté texan à la limite du ***-terreux. Beaucoup s'y sont laissé prendre, considérant Bush comme un idiot incapable de lire un livre à l'endroit, alors même que la stratégie rovienne consistait justement à faire d'un homme du meilleur monde un homme comme tout le monde. Les équipes de communication d'Obama ont préféré jouer le retour de balancier, en misant sur un candidat à l'opposé du président sortant.
Une fois Obama désigné par les caciques du parti, sa campagne présidentielle a été un modèle du genre. Les équipes démocrates ont rapidement compris l'intérêt que représente Internet en tant qu'arme électorale et ont su utiliser Youtube ou Facebook alors que les Républicains persistaient à utiliser des robots téléphoniques. L'image soigneusement travaillée d'Obama, entre «self-made man» (homme qui s'est construit lui-même) et produit du melting-pot, a permis d'amasser un confortable trésor de guerre. Le parti républicain traîne l'image du parti des riches, alors même que pour les campagnes de John Kerry en 2004 et d'Obama en 2008, le parti démocrate est celui qui a drainé le plus de dons.
Le New York Times estimait ainsi qu'en septembre 2008, l'équipe d'Obama avait réussi à collecter 440 millions de dollars, un record dans l'histoire des campagnes électorales américaines. Obama, comme Kerry avant lui, a su donner l'image du challenger contre la Machine, alors même que l'un comme l'autre sont issus de milieux aisés. Obama a su mettre en avant non sa couleur de peau mais, de façon plus intelligente, son mélange culturel et international. Le reste du monde, charmé par ce candidat si atypique en apparence, s'est mobilisé pour celui qui ressemble au rêve américain: mi-noir, mi-blanc, mariage stable, discours posé, sourire Kennedy et surtout, si différent du style de Bush.
Le style Obama consiste à adopter une attitude «cool» et ouverte, en jouant sur une modestie qui parfois fait place à une grande fermeté de langage. Le discours du Caire le 4 juin dernier est un modèle du genre. Intitulé «Un nouveau départ», il entend réconcilier Occident et Orient sur la base du dialogue entre les civilisations, contrairement à la théorie du choc des civilisations perçue par l'opinion publique comme prévalant dans la précédente administration.
«Barack Hussein Obama a prononcé les mots qu'il fallait. Il sait que, pour être entendu, il faut parler aux gens leur langage» commentait l'envoyée spéciale du Monde. Le 44ème président américain sait effectivement employer les mots justes, notamment lorsqu'il cite le Coran devant une foule musulmane. Cet aspect de Barack Obama a été mis sur le compte d'une ouverture à l'autre, et non sur une tendance à utiliser la religion à des fins politiques. Pourtant, Obama cite plus la parole divine que George W. Bush, réputé être un fidèle chrétien.
Si Obama a trouvé les mots justes, il l'a fait vis-à-vis de son public, car il a surtout fustigé la laïcité à la française pour montrer qu'Américains et Egyptiens peuvent avoir des positions communes. Surtout le président américain n'a jamais mentionné une seule fois le mot «terrorisme». On peut penser qu'il a ainsi voulu initier un dialogue avec une partie du monde particulièrement touchée par ce fléau sans prononcer de mots qui fâchent, mais le résultat est que les pays que ce discours a le plus séduits ont au final été les occidentaux. De la part du Hamas ou du Hezbollah, entités ouvertement opposées à la paix avec Israël, les réactions ont été plutôt méprisantes. Obama a beau être le nouveau président des Etats-Unis, il n'en reste pas moins un adversaire idéologique et si ses paroles charment, elles fonctionnent principalement sur les déçus de l'Amérique, pas sur ses ennemis.
Obama hérite un pays d'un président qui ne s'est jamais soucié de l'opinion publique mondiale. George W. Bush s'est toujours concentré sur le peuple américain qui lui en a su gré en l'élisant par deux fois. Sa première accession au pouvoir a été fortement contestée, notamment en raison du vote litigieux de la Floride qui aurait donné son adversaire Albert Gore gagnant. Toutefois, le fait que Bush soit réélu montre qu'il a su trouver les arguments pour être un président apprécié par une majorité d'Américains, du moins suffisamment pour un deuxième mandat. Que ce soit par ses choix de politique interne ou sa stratégie agressive dans le reste du monde, Bush a incarné une Amérique conquérante, dans la tradition républicaine de son père avant lui ou bien sûr de Ronald Reagan, lui aussi détesté, notamment en France.
Récemment, alors que je critiquais gentiment Barack Obama, une dame de ma connaissance m'a demandé, interloquée : « Mais... vous n'aimez pas Obama ? ». Sa réaction, à la fois triste et dubitative m'a rappelé que le président des Etats-Unis représente un fantasme pour les Français, et qu'il est souvent perçu comme une force presque surnaturelle. Il était de bon ton, voire recommandé, de haïr George W. Bush, tout en moquant ses manières de péquenaud et son entourage occulte. Concernant Barack H. Obama, il est préférable de voir en lui le messie métis sous peine d'être perçu comme un hérétique. Ce que l'on a nommé justement « Obamamania » domine les médias, français comme « étrangers », et le président américain a intérêt, pour ne pas décevoir les foules, à pouvoir marcher sur l'eau à défaut d'amener la paix au Moyen-Orient ou de sauver l'économie mondiale.
Comment expliquer un tel engouement ou en tout cas un tel a priori positif pour Barack Obama ? On peut avancer quelques éléments de réponse relatifs à la conjoncture et à la crise économique mondiale, la personnalité charismatique d'Obama, et surtout à la remarquable stratégie de communication qui l'a amené à la présidence de la première puissance du monde. En premier lieu, Obama est le produit réussi de l'Affirmative action, cette doctrine des années 60 consistant à favoriser les minorités notamment dans l'accès à l'éducation. Ancien des prestigieuses universités de la Ivy League, Columbia et Harvard, il a enseigné le droit à la non moins réputée University of Chicago Law School. Obama a ensuite gravi les échelons de la politique américaine en étant élu au Sénat de l'Illinois, puis au Sénat de l'Etat fédéral en 2004. La carrière d'Obama ressemble à s'y méprendre à la carrière de n'importe quel politicien américain brillant, sauf qu'il est métis, ce qui engendre des sentiments mitigés: admiration de la part des WASP (Blancs anglo-saxons proetstants) qui y voient un exemple d'intégration réussie, mais suspicion de la part des activistes noirs, habitués à des figures plus radicales. Au final, Obama représente cette fusion réussie entre ses origines ethniques qui symboliseraient sa capacité à rassembler les minorités d'un pays divers et divisé.
Bush possédait Karl Rove, son «spin-doctor» (conseiller en communication) qui lui a toujours conseillé de faire «terroir», en d'autres termes de faire oublier les origines patriciennes des Bush de la côte est, en accentuant le côté texan à la limite du ***-terreux. Beaucoup s'y sont laissé prendre, considérant Bush comme un idiot incapable de lire un livre à l'endroit, alors même que la stratégie rovienne consistait justement à faire d'un homme du meilleur monde un homme comme tout le monde. Les équipes de communication d'Obama ont préféré jouer le retour de balancier, en misant sur un candidat à l'opposé du président sortant.
Une fois Obama désigné par les caciques du parti, sa campagne présidentielle a été un modèle du genre. Les équipes démocrates ont rapidement compris l'intérêt que représente Internet en tant qu'arme électorale et ont su utiliser Youtube ou Facebook alors que les Républicains persistaient à utiliser des robots téléphoniques. L'image soigneusement travaillée d'Obama, entre «self-made man» (homme qui s'est construit lui-même) et produit du melting-pot, a permis d'amasser un confortable trésor de guerre. Le parti républicain traîne l'image du parti des riches, alors même que pour les campagnes de John Kerry en 2004 et d'Obama en 2008, le parti démocrate est celui qui a drainé le plus de dons.
Le New York Times estimait ainsi qu'en septembre 2008, l'équipe d'Obama avait réussi à collecter 440 millions de dollars, un record dans l'histoire des campagnes électorales américaines. Obama, comme Kerry avant lui, a su donner l'image du challenger contre la Machine, alors même que l'un comme l'autre sont issus de milieux aisés. Obama a su mettre en avant non sa couleur de peau mais, de façon plus intelligente, son mélange culturel et international. Le reste du monde, charmé par ce candidat si atypique en apparence, s'est mobilisé pour celui qui ressemble au rêve américain: mi-noir, mi-blanc, mariage stable, discours posé, sourire Kennedy et surtout, si différent du style de Bush.
Le style Obama consiste à adopter une attitude «cool» et ouverte, en jouant sur une modestie qui parfois fait place à une grande fermeté de langage. Le discours du Caire le 4 juin dernier est un modèle du genre. Intitulé «Un nouveau départ», il entend réconcilier Occident et Orient sur la base du dialogue entre les civilisations, contrairement à la théorie du choc des civilisations perçue par l'opinion publique comme prévalant dans la précédente administration.
«Barack Hussein Obama a prononcé les mots qu'il fallait. Il sait que, pour être entendu, il faut parler aux gens leur langage» commentait l'envoyée spéciale du Monde. Le 44ème président américain sait effectivement employer les mots justes, notamment lorsqu'il cite le Coran devant une foule musulmane. Cet aspect de Barack Obama a été mis sur le compte d'une ouverture à l'autre, et non sur une tendance à utiliser la religion à des fins politiques. Pourtant, Obama cite plus la parole divine que George W. Bush, réputé être un fidèle chrétien.
Si Obama a trouvé les mots justes, il l'a fait vis-à-vis de son public, car il a surtout fustigé la laïcité à la française pour montrer qu'Américains et Egyptiens peuvent avoir des positions communes. Surtout le président américain n'a jamais mentionné une seule fois le mot «terrorisme». On peut penser qu'il a ainsi voulu initier un dialogue avec une partie du monde particulièrement touchée par ce fléau sans prononcer de mots qui fâchent, mais le résultat est que les pays que ce discours a le plus séduits ont au final été les occidentaux. De la part du Hamas ou du Hezbollah, entités ouvertement opposées à la paix avec Israël, les réactions ont été plutôt méprisantes. Obama a beau être le nouveau président des Etats-Unis, il n'en reste pas moins un adversaire idéologique et si ses paroles charment, elles fonctionnent principalement sur les déçus de l'Amérique, pas sur ses ennemis.
Obama hérite un pays d'un président qui ne s'est jamais soucié de l'opinion publique mondiale. George W. Bush s'est toujours concentré sur le peuple américain qui lui en a su gré en l'élisant par deux fois. Sa première accession au pouvoir a été fortement contestée, notamment en raison du vote litigieux de la Floride qui aurait donné son adversaire Albert Gore gagnant. Toutefois, le fait que Bush soit réélu montre qu'il a su trouver les arguments pour être un président apprécié par une majorité d'Américains, du moins suffisamment pour un deuxième mandat. Que ce soit par ses choix de politique interne ou sa stratégie agressive dans le reste du monde, Bush a incarné une Amérique conquérante, dans la tradition républicaine de son père avant lui ou bien sûr de Ronald Reagan, lui aussi détesté, notamment en France.
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