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Maroc - Espagne : La guerre des aéroports

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  • Maroc - Espagne : La guerre des aéroports

    Maroc -Espagne. La guerre des aéroports

    Les aéroports du Nord du royaume drainent de plus en plus de voyageurs originaires de Sebta et Melilia. Une concurrence qui met à mal les infrastructures aéroportuaires des enclaves espagnoles.

    Entre le Maroc et l’Espagne, les rivalités peuvent prendre de drôles de formes. Il y a bien eu les “escarmouches de la tomate”, la “bataille du poisson”, le “match Tanger Med - Algésiras”. Mais depuis quelques mois, cette “guerre économique” s’est déplacée sur le terrain aérien. A l’origine de l’offensive commerciale, le Maroc a ouvert le feu en déroulant le tapis rouge aux compagnies aériennes low- cost qui effectuent la liaison entre les villes nordiques du royaume et des villes espagnoles comme Madrid, Malaga, Almeria, Tarragone… Ce faisant, le royaume a gagné une bataille, accueillant de plus en plus de voyageurs originaires de Sebta et Melilia souhaitant se rendre en Espagne.

    Nador - Madrid pour un euro
    Les chiffres sont édifiants : en 2007, selon les données rendues publiques par l’autorité espagnole de l’aviation civile, 339 244 passagers ont transité par Melilia. A la fin 2008, ils n’étaient plus que 314 643 à décoller à partir de l’enclave espagnole. Quid des 25 000 voyageurs manquants ? “Ils choisissent toujours le transport aérien mais à partir de Nador, c’est le principe des vases communicants”, explique un professionnel du secteur. Pour Sebta, même topo. A la différence près que la petite cité méditerranéenne ne dispose pas d’un aéroport à proprement parler, mais d’un héliport inauguré en 2004, qui assure les liaisons avec le sud de la péninsule ibérique. Entre septembre et octobre 2009, le transit a baissé de près de 30%, passant de 1700 à 1200 passagers héliportés.
    Question : comment expliquer le désintérêt grandissant des Espagnols pour les infrastructures aéroportuaires de Sebta et Melilia ? La raison réside essentiellement dans les prix. Parmi les compagnies aériennes basées au Maroc qui ont su tirer profit de la donne géographique : Ryanair, Andalus Lineas, Jet4you. La première a par exemple décidé de proposer aux Sebtis et aux Melilis des billets d’avion à un euro pour rejoindre le Vieux continent à partir du Maroc. “Ryanair est même allée jusqu’à organiser une tombola dans des supermarchés de Melilia. Avec un achat de 5 euros, les participants pouvaient gagner un billet aller-retour Nador-Madrid pour deux personnes”, explique un journaliste espagnol qui suit de près l’évolution du secteur aérien.
    En Espagne, la donne est tout autre. Iberia est la seule compagnie aérienne autorisée par le gouvernement espagnol à desservir Sebta et Melilia, à travers sa filiale régionale Air Nostrum. En situation de monopole, Iberia dicte sa loi. Le prix des billets s’élève à plusieurs centaines d’euros. Du coup, les habitants des deux enclaves préfèrent se rabattre sur l’offre low-cost des compagnies basées sur le sol marocain, nettement plus concurrentielles.

    Raid marocain
    Entre 2005 et 2009, le nombre de passagers qui transitent par l’aéroport Al Aroui de Nador a quasiment triplé, passant de 94 380 à plus de 260 000 à fin octobre. “Nous attendons 40 à 50 000 voyageurs supplémentaires d’ici la fin de l’année”, souligne Habib Rahhali, directeur de l’aéroport d’Al Aroui. Notre homme ajoute, pas peu fier : “Entre 2008 et 2009, de nouvelles lignes aériennes reliant Nador à plusieurs villes, notamment d'Espagne et d'Allemagne, ont été lancées par une dizaine de compagnies aériennes nationales et étrangères”.
    A quelques centaines de kilomètres de Nador, Tanger croule sous la demande. De 2005 à 2009, son aéroport Ibn Battouta a doublé son trafic, passant de 262 000 à 536 000 passagers. L’aéroport Saniat R’mel de Tétouan n’est pas en reste. Sur les cinq dernières années, il a plus que doublé son trafic, accueillant aujourd’hui 24 000 voyageurs.
    Flairant le bon filon depuis quelques années, l’ONDA (Office national des aéroports) avait balisé le terrain en plaçant la rénovation des trois aéroports parmi ses priorités : pistes refaites à neuf, terminaux réaménagés, tours de contrôle modernisées… Le lifting aura coûté près de 200 millions de dirhams.
    Pour certains observateurs, “il s’agit d’une politique de l’Etat marocain consistant à affaiblir économiquement les deux enclaves”. Mais du côté de l’ONDA, un responsable balaie cette théorie d’un revers de la main : “Le programme de développement du trafic aérien au Maroc prévoit des travaux de rénovation et d’agrandissement de tous les aéroports du pays. Aucun d’entre eux n’a eu droit à un traitement privilégié”.


    Melilia. Histoire d’un aéroport enclavé
    C’est en octobre 1913 que les autorités espagnoles mettent en place les premiers aérodromes du Rif. Ces infrastructures aériennes servent alors essentiellement à accueillir des convois militaires. A Nador, l’emplacement de l’aérodrome change au gré de l’évolution politique et militaire de la région, mais demeure, pendant des décennies, le seul aérodrome international de la région. Au milieu des années 1950, et avec l’indépendance du Maroc, la situation reste inchangée. Les Marocains comme les Melilis peuvent y accéder sans problème.
    La création d’une frontière terrestre entre les deux pays oblige les Espagnols à prendre une série de mesures de sécurité. L'accès des passagers ayant atterri à Nador et souhaitant se rendre à Melilia se fait désormais dans un autobus blindé escorté par des militaires des deux pays. Cette situation durera jusqu'en 1967, lorsque le gouvernement ibérique se résout à construire un aéroport dans l’enclave espagnole de Melilia. Le site choisi se trouve à trois kilomètres au sud de la ville. Le premier avion décollera à partir du nouvel aéroport en juillet 1969 à destination de Malaga. Depuis, l’infrastructure a été agrandie. Plus récemment, des travaux d’élargissement et de modernisation du terminal passagers ont été entamés. Officiellement, il s’agit d’un programme d’investissement décidé de longue date par Madrid. Officieusement, il pourrait s’agir de contrecarrer l’offensive (économique) marocaine.


    tel quel

  • #2
    Ils vont pas tenir longtemps à ce rythme
    Prochaine étape leur faire passer leurs vacances en dehors des enclaves et les faire acheter dans nos supermarchés.
    La guerre, c'est la guerre des hommes ; la paix, c'est la guerre des idées. V. Hugo

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