Madrid n'a fait en retour "aucune concession" au Maroc. "Nous avons travaillé de manière coordonnée avec deux pays aussi importants que les Etats-Unis et la France",
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La militante sahraouie Aminatou Haidar, qui observait une grève de la faim depuis plus d'un mois en Espagne pour dénoncer son expulsion du Maroc par les autorités, a pu rentrer dans son pays dans la nuit de jeudi à vendredi. Rabat aurait finalement accepté un accord proposé par Washington, Paris et Madrid. Accord dont on ignore les conditions exactes.
Le cas Aminatou Haidar s'est débloqué en quelques heures. Dans la nuit de jeudi à vendredi, cette militante sahraouie a pu regagner le Maroc. Agée de 42 ans, cette mère de famille observait une grève de la faim depuis plus d'un mois en Espagne, après avoir été expulsée du Maroc au retour d'un voyage aux Etats-Unis. Elle avait d'ailleurs été hospitalisée d'urgence jeudi, en raison de la dégradation de son état de santé. Le 14 novembre dernier, Aminatou Haidar avait été privée de son passeport par les autorités marocaines, celles-ci lui reprochant son refus de remplir les formalités nécessaires à son entrée sur le territoire. Cette militante des droits de l'Homme, surnommée la "Gandhi du Sahara" et connue pour son combat en faveur de l'indépendance du Sahara occidental (voir encadré), avait notamment refusé d'écrire qu'elle était de nationalité marocaine.
L'affaire a fait grand bruit en Espagne, plaçant le gouvernement en situation difficile, non seulement par rapport au Maroc, mais aussi par rapport à l'opposition et même à l'opinion publique espagnole. De nombreuses manifestations avaient été organisées dans plusieurs villes espagnoles, pour dénoncer le sort réservé à Aminatou Haidar. Le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, avait même été jugé personnellement responsable de la santé de cette mère de famille. Vendredi, le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, s'est donc déclaré "satisfait" du retour au Sahara occidental de la militante. Selon lui, Madrid n'a fait en retour "aucune concession" au Maroc. "Nous avons travaillé de manière coordonnée avec deux pays aussi importants que les Etats-Unis et la France", a-t-il précisé, selon des propos rapportés par le quotidien espagnol El Pais.
L'intervention de Paris
L'affaire était en effet remontée jusqu'à Washington, où le roi du Maroc, Mohammed VI, avait dépêché deux de ses émissaires. Dans un communiqué publié jeudi soir, l'Elysée a par ailleurs fait savoir que le président français Nicolas Sarkozy est directement intervenu dans ce dossier, notamment lors d'un entretien à Paris le 15 décembre avec le ministre marocain des Affaires étrangères, Taïeb Fassi Fihri. "Comme suite à cet entretien", le roi "Mohammed VI a informé le président Sarkozy, par message, le 17 décembre 2009, de l'accord de l'Etat marocain. Dans ces conditions, Madame Aminatou Haidar peut regagner le Maroc", précise ce communiqué.
Selon El Pais , une solution était à l'étude ces derniers jours pour trouver une "formule imaginative" qui permette à Aminatou Haidar de rentrer au Sahara occidental sans que les autorités marocaines paraissent reculer. Les détails de cette "formule" n'ont pas été dévoilés. Dans les colonnes du quotidien marocain Al Jarida al Oula, un proche du roi, Fouad Ali el Himma, assure que ce retour a été accepté "pour des raisons humanitaire et sans conditions". Rabat peut toutefois se réjouir des propos du gouvernement espagnol: dans un communiqué, celui-ci écrit que "la loi marocaine s'applique au Sahara occidental".
Réagissant au retour de la militante, le Maroc s'est contenté de préciser vendredi qu'il avait accédé à la demande de "pays amis et partenaires". Sur le fond toutefois, rien n'est réglé. Le royaume a fait savoir qu'il restait ferme "sur le respect total de la loi marocaine, par tous, sans exception et sur l'intégralité du territoire national", estimant que les "agissements" de la militante "ne sont pas liés à la promotion des droits de l'Homme". Et d'ajouter: "Elle a bel et bien agi pour le compte du Polisario [voir encadré], qui demeure un mouvement militaire et totalitaire, à la solde de l'Algérie qui l'abrite, le finance et le soutient". Si Aminatou Haidar est bien rentrée chez elle, le dossier du Sahara occidental n'a, lui, pas avancé d'un pouce. Arrivée sur le sol sahraoui dans la nuit, la militante a promis de "poursuivre sa lutte jusqu'au bout" .
Marianne Enault - leJDD.fr
Vendredi 18 Décembre 2009
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La militante sahraouie Aminatou Haidar, qui observait une grève de la faim depuis plus d'un mois en Espagne pour dénoncer son expulsion du Maroc par les autorités, a pu rentrer dans son pays dans la nuit de jeudi à vendredi. Rabat aurait finalement accepté un accord proposé par Washington, Paris et Madrid. Accord dont on ignore les conditions exactes.
Le cas Aminatou Haidar s'est débloqué en quelques heures. Dans la nuit de jeudi à vendredi, cette militante sahraouie a pu regagner le Maroc. Agée de 42 ans, cette mère de famille observait une grève de la faim depuis plus d'un mois en Espagne, après avoir été expulsée du Maroc au retour d'un voyage aux Etats-Unis. Elle avait d'ailleurs été hospitalisée d'urgence jeudi, en raison de la dégradation de son état de santé. Le 14 novembre dernier, Aminatou Haidar avait été privée de son passeport par les autorités marocaines, celles-ci lui reprochant son refus de remplir les formalités nécessaires à son entrée sur le territoire. Cette militante des droits de l'Homme, surnommée la "Gandhi du Sahara" et connue pour son combat en faveur de l'indépendance du Sahara occidental (voir encadré), avait notamment refusé d'écrire qu'elle était de nationalité marocaine.
L'affaire a fait grand bruit en Espagne, plaçant le gouvernement en situation difficile, non seulement par rapport au Maroc, mais aussi par rapport à l'opposition et même à l'opinion publique espagnole. De nombreuses manifestations avaient été organisées dans plusieurs villes espagnoles, pour dénoncer le sort réservé à Aminatou Haidar. Le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, avait même été jugé personnellement responsable de la santé de cette mère de famille. Vendredi, le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, s'est donc déclaré "satisfait" du retour au Sahara occidental de la militante. Selon lui, Madrid n'a fait en retour "aucune concession" au Maroc. "Nous avons travaillé de manière coordonnée avec deux pays aussi importants que les Etats-Unis et la France", a-t-il précisé, selon des propos rapportés par le quotidien espagnol El Pais.
L'intervention de Paris
L'affaire était en effet remontée jusqu'à Washington, où le roi du Maroc, Mohammed VI, avait dépêché deux de ses émissaires. Dans un communiqué publié jeudi soir, l'Elysée a par ailleurs fait savoir que le président français Nicolas Sarkozy est directement intervenu dans ce dossier, notamment lors d'un entretien à Paris le 15 décembre avec le ministre marocain des Affaires étrangères, Taïeb Fassi Fihri. "Comme suite à cet entretien", le roi "Mohammed VI a informé le président Sarkozy, par message, le 17 décembre 2009, de l'accord de l'Etat marocain. Dans ces conditions, Madame Aminatou Haidar peut regagner le Maroc", précise ce communiqué.
Selon El Pais , une solution était à l'étude ces derniers jours pour trouver une "formule imaginative" qui permette à Aminatou Haidar de rentrer au Sahara occidental sans que les autorités marocaines paraissent reculer. Les détails de cette "formule" n'ont pas été dévoilés. Dans les colonnes du quotidien marocain Al Jarida al Oula, un proche du roi, Fouad Ali el Himma, assure que ce retour a été accepté "pour des raisons humanitaire et sans conditions". Rabat peut toutefois se réjouir des propos du gouvernement espagnol: dans un communiqué, celui-ci écrit que "la loi marocaine s'applique au Sahara occidental".
Réagissant au retour de la militante, le Maroc s'est contenté de préciser vendredi qu'il avait accédé à la demande de "pays amis et partenaires". Sur le fond toutefois, rien n'est réglé. Le royaume a fait savoir qu'il restait ferme "sur le respect total de la loi marocaine, par tous, sans exception et sur l'intégralité du territoire national", estimant que les "agissements" de la militante "ne sont pas liés à la promotion des droits de l'Homme". Et d'ajouter: "Elle a bel et bien agi pour le compte du Polisario [voir encadré], qui demeure un mouvement militaire et totalitaire, à la solde de l'Algérie qui l'abrite, le finance et le soutient". Si Aminatou Haidar est bien rentrée chez elle, le dossier du Sahara occidental n'a, lui, pas avancé d'un pouce. Arrivée sur le sol sahraoui dans la nuit, la militante a promis de "poursuivre sa lutte jusqu'au bout" .
Marianne Enault - leJDD.fr
Vendredi 18 Décembre 2009
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