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Les infections néonatales en Algérie

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  • Les infections néonatales en Algérie

    La Tribune : La prise en charge des infections néonatales est considérée par les organismes internationaux comme un paramètre important de développement humain. Qu’en est-il de l’Algérie ?

    Pr Mohamed El Mokhtar Khiari chef du service pédiatrie au CHU de Beni Messous
    : Tout à fait. La prise en charge des infections néonatales est considérée comme un paramètre et un critère de développement humain dans tous les pays du monde, y compris dans le nôtre. Pour l’Algérie, la mortalité néonatale a baissé de façon spectaculaire. Depuis l’indépendance, on assiste à une réduction et à une diminution du taux de mortalité de façon régulière.

    Dans un pays qui ne semble pas très développé, la mortalité néonatale est actuellement à 7 pour 1 000, à l’exemple de Cuba, alors qu’aux Etats-Unis d’Amérique, le taux est de 8 pour 1 000. Donc, il y a une différence entre le développement économique et technique et le degré de développement humain et ce que vit réellement la population. C’est aussi valable pour l’Algérie où le taux de mortalité néonatale est estimé à 27,73 pour 1 000 naissances normales.

    L’amélioration de la prise en charge du nouveau-né est tributaire des structures spécialisées dotées d’un personnel qualifié. Quel est votre point de vue là-dessus ?

    La meilleure prise en charge du nouveau-né passe par une bonne prise en charge de la femme enceinte. Je pense que celle-ci s’est nettement améliorée en comparaison des années précédentes. Actuellement, nous sommes en face d’une transition épidémiologique. La prise en charge du nouveau-né ne peut se faire que lorsqu’une formation spécifique et convenable, en particulier des pédiatres, est assurée.

    En tout cas, à Alger, il existe des structures aptes à prendre en charge le nouveau-né, aussi bien en maternité que dans les services de néonatologie et de pédiatrie. Ce qui pose problème, et là-dessus je m’insurge, c’est de vouloir séparer l’unité mère-enfant de la pédiatrie en général. Parce qu’on ne peut pas prendre en charge cette catégorie lorsque ces unités sont isolées du service de pédiatrie. Ceux qui prennent en charge ces nouveau-nés sont les résidents en pédiatrie. A notre niveau, au CHU Beni Messous, par exemple, à chaque fois qu’un nouveau-né pose problème, nous appelons l’équipe de garde en pédiatrie pour sa prise en charge immédiate.

    Qu’en est-il de ces structures, de la formation médicale et paramédicale dans ce domaine en Algérie ?


    Les structures sont disponibles, bien évidemment, mais il faut qu’il y ait une structure mère-enfant qui comprenne la pédiatrie en général, avec ses différentes spécialités, éventuellement formées d’une unité de néonatologie, d’un service de chirurgie pédiatrique et d’un service de maternité. Le problème ne pourra être résolu en Algérie tant que les unités mère-enfant ne possèdent pas toutes les spécialités que j’ai citées plus haut. On n’invente pas une structure juste comme cela. Il faut que le fonctionnement soit assuré H24. Ce n’est pas une question ou un problème de structures spécialisées, c’est un problème d’organisation du travail. L’essentiel est de former des spécialistes avant de créer des structures. J’insiste sur ce point, car il faut que le ministère de la Santé comprenne qu’il ne faut plus créer des maternités avec des services de néonatologie isolés du reste de la pédiatrie. Il faut qu’il y ait un service de néonatologie et de maternité adossé aux deux services, notamment la pédiatrie et la chirurgie pédiatrique, cela pour avoir un réel travail d’équipe. Pour le personnel médical, la formation s’assure au sein des CHU, tandis que le personnel paramédical sera astreint à des formations pour une bonne maîtrise des techniques et des soins paramédicaux.

    Quelles sont les infections qui touchent cette frange de la population ?

    Il faut savoir que les infections néonatales représentent, dans notre service, la troisième cause d’hospitalisation et la première cause de mortalité. Il existe trois types d’infections générales, locales et focales. Les infections materno-fœtales (IMF), par contamination verticale, à début précoce, voire congénitales, les infections postnatales, qui surviennent surtout chez les enfants (prématurés) hospitalisés et sont du domaine de compétence du spécialiste, sauf l’infection urinaire, qui mérite une mention séparée.

    Y a-t-il une épidémiologie particulière pour les pays comme le nôtre ?


    L’épidémiologie est un caractère de développement humain, elle dépend de la qualité de la prise en charge de la femme enceinte. Ces infections néonatales, appelées également materno-fœtales, sont transmises par la mère pendant la grossesse ou lors de l’accouchement. Elles dépendent nécessairement de l’état de la femme. La femme doit être suivie durant sa grossesse.

    Quel est le rôle des services de maternité dans la prise en charge de ces pathologies ? Sont-ils en mesure de l’assumer ?


    Je dirai que oui, en présence des pédiatres, notamment durant les gardes. Mais je le réitère : il ne faut pas séparer les services de pédiatrie de ceux de la maternité, de la néonatologie et de la chirurgie pédiatrique.

    Les cardiopathies congénitales constituent une part importante des affections néonatales. Le déficit de leur prise en charge est un fait avéré. Quels sont les efforts déployés pour améliorer leur prise en charge
    ?

    La prise en charge de ces pathologies relève de la médecine spécialisée. Actuellement, en Algérie, leur prise en charge s’est améliorée. En ce qui concerne la chirurgie, elle relève des structures spécialisées.

    Malheureusement, la plupart des interventions chirurgicales concernant les cardiopathies étaient faites à l’étranger.

    Actuellement on tente de les faire faire dans les structures publiques. A ma connaissance, la seule c’est la clinique de Bou Ismaïl conventionnée avec la CNAS, ou chez le privé avec la présence de spécialistes étrangers. Le pays s’est développé en comparaison des années précédentes où le malade était pris en charge à l’étranger.

    Y a-t-il des mesures préventives qui peuvent être conseillées ou recommandées aux femmes enceintes, afin d’éviter ce genre d’affections ou d’améliorer leur prise en charge du moins dans des délais acceptables ?

    Il y a des malformations qui sont inévitables. Celle qu’on peut diminuer ou éviter, c’est bien l’infection materno-fœtale, qui dépendra de la qualité et du sérieux de la prise en charge de la femme enceinte durant la grossesse et l’accouchement. De manière systématique, lorsque la femme a une infection, il lui faut une prise en charge immédiate par un obstétricien et non pas par un gynécologue pour l’identification de l’infection. En fait, il s’agit d’avoir une idée sur l’organe et le germe mis en cause afin de lui adapter un traitement. Le suivi de la femme enceinte ne se limite pas uniquement à une échographie, sauf dans des cas particuliers. C’est avec une prise en charge des infections néonatales que nous pourrons diminuer la morbidité néonatale, avec l’identification, la surveillance et le traitement. Le carnet de santé ne doit pas être délivré à la naissance. Il doit l’être pendant la grossesse et doit contenir tous les diagnostics et les traitements prescrits durant cette grossesse. De cette façon, lors de l’accouchement, le médecin saura comment procéder au cas où celui-ci se présenterait mal. Il est très important que la prise en charge du nouveau-né commence pendant la grossesse.

    Par la Tribune
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