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Yemma Gouraya: La légende sacrée

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  • Yemma Gouraya: La légende sacrée

    Yemma Gouraya est là , surplombant l’île aux pigeons et la baie de saphir à veiller sur Vgayeth et ses habitants tel un infatigable soldat qui les protège.
    Pour y monter, il faut emprunter son chemin fait de pierre usé par le fil des ages. De là haut, le paysage ne peut que couper le souffle et on frole les nuages d'un regard émerveillé.

    ===

    Haut perchée, à 660 mètres d’altitude, surplombant l’île aux pigeons et la baie de saphir dominant la ville de Béjaïa qui, blottie dans son giron s’estime bien protégée, Yemma Gouraya continuera à intriguer touristes et visiteurs.
    Curieux seront plutôt les historiens et même certains habitants de Béjaïa, qui, de tout temps, ont été fascinés par les multiples légendes liées à la sainte mère que le mystère sur ses origines rend encore plus passionnantes.
    Pour les anciens, la question demeure sacrée. Ils se basent surtout sur les croyances populaires. Les uns racontent que Yemma Gouraya, à l’instar de ses deux soeurs, Yemma Bridja et Yemma Yamna, a préféré la ville de Béjaïa pour y élire domicile sur les hauteurs de ses montagnes, afin de pouvoir méditer, et divulguer son savoir aux habitants de la contrée, très au fait de ses connaissances théologiques.

    Pour quelques-uns, le nom de Yemma Gouraya dérive de Yemma El Koraïa (La mère enseignante). Et elle aurait effectivement enseigné le soufisme.
    Pour les archéologues, l’emplacement du site sacré (marabout) de Yemma Gouraya, n’est autre qu’un sordide fort espagnol, rénové par les Turcs, et édifié auparavant sur les ruines d’un ancien mausolée. En dialecte espagnol à la même époque «Ya Goura» signifiait promontoire d’observation.
    En remontant plus loin, nous avons constaté que les Vandales désignaient aussi la ville par le nom de «Gour» (Montagne). Certains historiens avancent l’hypothèse de Gour-Alia (La haute ville ou la haute montagne) d’où dérivera Gouraya, nom transformé par le temps et les civilisations.
    A l’époque hammadite, la montagne portait le nom d’Amsiouen, et comme les Espagnols n’ont envahi l’antique Nacéria que cinq siècles plus tard, l’hypothèse des historiens paraît plus logique que la légende véhiculée par les autochtones.

    Mais la légende demeure vivante, et au-delà des vestiges-ruines du fort espagnol - les Bédjaouis s’amusent à échafauder mille et une suppositions à l’égard de celle qui, si elle avait été homme, aurait formé la boucle du 100ème saint de la région, qui en cumule pas moins de 99.
    De ce fait, nous retrouvons le surnom de «Petite Mecque» à Béjaïa. Appellation attribuée par ses propres habitants qui épouseront la croyance spirituelle pour vous assurer qu’il ne manquait qu’un seul saint pour que la terre sainte et le berceau du Prophète soient la contrée de Béjaïa.
    Mais au lieu d’un saint, c’est plutôt une sainte qu’on retrouve pour le centième noeud, et qui n’est autre que la fameuse Yemma Gouraya. Une simple femme, qui ne pourra rivaliser avec les «pouvoirs masculins» pour former la chaîne sacrée.

    Yemma Gouraya est d’origine arabe, nous dira-t-on...!? Ses deux soeurs et elle sont donc venues (On ne sait pas encore d’où) pour propager l’Islam et instaurer la paix. Elles furent persécutées impitoyablement par les non-croyants, mais tinrent quand même à rester dans la région et à lutter pour une cause qu’elles jugèrent juste et sereine.

    Yemma Gouraya, plus que ses deux soeurs, luttera davantage et gagnera le respect et la considération des autochtones, qui consentirent en fin de compte, à ce qu’elle s’établisse sur le sommet de leur montagne, où elle s’y retirera vers la fin de sa vie pour de longues méditations, et sera un modèle incomparable de courage, de sérénité, et d’abnégation.
    Survivant à ses deux soeurs, elle continuera à propager son savoir jusqu’à un âge avancé. A sa mort, les habitants de la contrée firent de son lieu de méditation un mausolée et un lieu de dévotion et de prière.

    Elle est pour les Bédjaouis, ce soldat infatigable qui veille sur leur ville, et la protège grâce à la bénédiction divine qu’elle aurait reçue. Quelles que soient ses origines, Yemma Gouraya continuera longtemps encore à protéger ses enfants, à guider les marins, et à exaucer les voeux de ceux qui lui sont dévoués et qui font appel à sa sainteté. On dit que sa baraka n’a pas d’égal.
    Du point de vue touristique, Yemma Gouraya fascinera toujours par sa beauté et son élégance. La hauteur de son site vous subjuguera et la splendeur de la ville qui s’étale en amphithéâtre à ses pieds, vous pousse au rêve et au romantisme. De loin, et en particulier à l’entrée de la ville, (Bir Essalam) vous la verrez telle une esquisse contournant le corps étendu d’une femme dont la tête est en altitude et le reste du corps allongé sur le flanc de la montagne. Une «fiction réelle» en somme, qui, au fil des temps, a poussé les gens à tisser plus d’un mythe.

    Pour rendre hommage à la sainte du bled, des familles entières organisent des sorties, et des pique-nique sur ses hauteurs. Quelques-unes iront jusqu’à faire des offrandes annuellement, et convient les visiteurs à des waâdates. Beignets et café ou carrément un grand couscous à la viande d’agneau. Des moutons sont égorgés sur place, et les repas sont préparés et offerts à toute l’assistance. Une façon comme une autre de prouver la reconnaissance des gens envers leur mère protectrice. Ces sorties, programmées des jours à l’avance, permettent surtout aux gens de se rencontrer, de faire connaissance et de tisser des liens d’amitié. Sur le plan santé et forme, l’air des hauteurs de Yemma Gouraya, attire les sportifs, et même les non sportifs, qui viennent se réoxygéner, et oublier, ne serait-ce que pour un moment, le stress de la vie quotidienne. La magnificence de l’endroit est spécialement désignée et recommandée.

    Avant de clôturer ce chapitre, nous avons jugé opportun de vous rapporter cette légende (fort belle d’ailleurs) racontée et véhiculée par les authentiques habitants de la ville.
    La légende raconte que dans les temps anciens, c’était le saint Sidi Abdelkader qui veillait sur la ville et siégeait sur le sommet de la haute montagne.

    Un jour, en scrutant l’horizon, il aurait constaté que la mer, avide et toujours à l’affût de terres avoisinantes, voulait s’emparer de Béjaïa, et étaler ses eaux sur les roches environnantes, tout en mordant dans la montagne, dont elle n’en fera qu’une bouchée. Dès lors, Sidi Abdelkader qui aurait eu cet écho par la voie sainte, convoquera les 98 saints de la région et les sommera de veiller sur la ville et de repousser les gigantesques vagues envahissantes de la grande Bleue...

    Mais hélas, devant le pouvoir des eaux, aucun saint ne s’estimera en position de force, et chacun réintégrera son lieu de méditation sans donner suite à la sollicitation du grand saint Sidi Abdelkader El Djillali.
    Ce dernier, motivé par une force supérieure, se retournera donc vers la sainte Yemma Gouraya. Mise au courant des faits, Yemma Gouraya, qui avait élu domicile à cette époque-là, à l’emplacement actuel du marabout de Sidi Abdelkader, consentira à monter plus haut sur la montagne pour veiller sur la ville, tandis que Sidi Abdelkader, redescendra et prendra l’ancien promontoire de la Sainte, pour repousser les vagues terrassantes de la mer...
    Et c’est ainsi nous raconte-on que Yemma Gouraya, se retrouva définitivement sur la plus haute crête de la montagne afin de protéger la ville de Béjaïa, et Sidi Abdelkader, le saint protecteur des marins, juste à l’entrée de la porte du port....

    Extrait de : Si Béjaïa m’était contée de.

    Vue de Béjaïa à partir de yemma gouraya.

  • #2
    Tres bel endroit, tres belle vue, regroupant Beaute et histoire. Merci d'en avoir parlé . Merci pour l'article, tres interessant

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