Si l’Etat hébreu s’intéresse subitement au Sénégal, c’est très certainement pour revenir dans la zone après en avoir été chassé par la Mauritanie.
L’actualité cette semaine contenait un sujet qui n’a pas fait la Une des médias malgré son importance. Israël veut prendre pied en Afrique en tenant un discours digne de mère Thérésa. L’Etat hébreu vient de dépêcher son ministre de l’Agriculture au Sénégal pour lui promettre de l’aider à «devenir en trois années un exportateur de légumes vers l’Europe...l’agriculture traditionnelle du Sénégal fonctionne au rythme d’une récolte par an. Nous savons comment faire pour passer à trois ou quatre récoltes annuelles». Pour un pays qui importe 80% de ses besoins alimentaires l’offre ne peut être qu’alléchante. Pour «vendre» son aide, l’argumentaire du ministre envoyé par Tel-Aviv peut paraître tenir la route. «Israël est le seul pays au monde qui a été en mesure de conquérir le désert. Plus de 50% de ce que nous exportons est produit dans des zones semi-arides. C’est notre atout et c’est ce que nous aimerions apporter ici», a-t-il déclaré aux responsables sénégalais avant d’ajouter que «dans les années 50-60 nous étions exactement dans la même situation que le Sénégal aujourd’hui». Proposer un savoir-faire et une expertise a un prix. Lequel? Le ministre israélien avait précédé la question qu’il savait inévitable en accordant une interview à l’agence Reuters où il déclare la main sur le coeur: «Nous ne venons pas ici en Afrique pour prendre leurs ressources aux pays africains. Nous venons ici pour donner notre savoir-faire à ces pays afin qu’ils se développent.» Quand on vous disait que mère Thérésa n’aurait pas proposé mieux. Discours merveilleux sauf que...
La visite du ministre israélien dans cette partie de la bande sahélienne intervient à un moment très sensible. Des groupes de terroristes s’agitent dans la région et ils viennent de prendre deux otages (l’un français et l’autre algérien). Si Israël s’intéresse subitement au Sénégal c’est très certainement pour revenir dans la zone après en avoir été chassé par la Mauritanie. Mais ce qui a fait courir le plus les Israéliens, c’est l’annonce de l’ouverture de l’ambassade d’Iran à Nouakchott. Et ça les Israéliens ne peuvent l’accepter sans rien faire. Peut-on un instant croire un Etat qui ne vit que par la guerre et pour la guerre depuis sa création, verser subitement dans la charité? Un Etat qui après avoir massacré des milliers d’enfants, de femmes, de vieux sans défense et qui maintient les rescapés dans une immense prison à ciel ouvert, peut-il, dans le même temps, promettre le bonheur et la prospérité à d’autres humains? L’angélisme n’a pas sa place dans un Etat guerrier. Un Etat qui refuse obstinément la paix car en totale incompatibilité avec ses desseins expansionnistes. Un Etat qui a dévoilé son caractère religieux après l’avoir longtemps caché du voile de la démocratie. Voilà que cet Etat s’éloigne de sa région qu’il met sens dessus dessous pour aller prêcher la bonne parole plus loin.
Il ne se trouvera personne au monde pour croire un instant qu’Israël peut proposer son aide sans arrière-pensée. Et si «ce n’est pas pour prendre leurs ressources», comme l’a si bien précisé le ministre israélien à Dakar c’est tout simplement pour s’y installer. Carrément. Une base au Sénégal remplacerait bien celle qui vient de fermer en Mauritanie.
Pour nous Algériens, tout ceci nous permet de mieux comprendre ce qui se «joue» au Sahel comme nous avions commencé à le faire dans notre édition d’hier. Ceci nous permet aussi de mieux comprendre les liens plus qu’étroits qu’entretiennent Israël et la France, laquelle est très active dans la région et qui pousse jusqu’à hypothéquer ses propres intérêts dans les gisements d’uranium du Niger.
Il serait franchement débile de croire que de si grands enjeux peuvent être cachés par une plantation de tomates, comme s’époumone à le faire croire le ministre hébreu. Si c’est l’idée qu’Israël a des Africains, il se trompe lourdement. Son opposition à la condamnation de l’esclavage et toutes les misères faites à Dieudonné à cause de son combat pour cette cause, devraient suffire pour apprécier «l’amour» que peut porter l’Etat hébreu au continent noir. Même les falashas «rapatriés» en Israël ne sont que des bras dans les tâches les plus ingrates. Qui a dit que le racisme existait en Israël?
Zouhir MEBARKI
L’actualité cette semaine contenait un sujet qui n’a pas fait la Une des médias malgré son importance. Israël veut prendre pied en Afrique en tenant un discours digne de mère Thérésa. L’Etat hébreu vient de dépêcher son ministre de l’Agriculture au Sénégal pour lui promettre de l’aider à «devenir en trois années un exportateur de légumes vers l’Europe...l’agriculture traditionnelle du Sénégal fonctionne au rythme d’une récolte par an. Nous savons comment faire pour passer à trois ou quatre récoltes annuelles». Pour un pays qui importe 80% de ses besoins alimentaires l’offre ne peut être qu’alléchante. Pour «vendre» son aide, l’argumentaire du ministre envoyé par Tel-Aviv peut paraître tenir la route. «Israël est le seul pays au monde qui a été en mesure de conquérir le désert. Plus de 50% de ce que nous exportons est produit dans des zones semi-arides. C’est notre atout et c’est ce que nous aimerions apporter ici», a-t-il déclaré aux responsables sénégalais avant d’ajouter que «dans les années 50-60 nous étions exactement dans la même situation que le Sénégal aujourd’hui». Proposer un savoir-faire et une expertise a un prix. Lequel? Le ministre israélien avait précédé la question qu’il savait inévitable en accordant une interview à l’agence Reuters où il déclare la main sur le coeur: «Nous ne venons pas ici en Afrique pour prendre leurs ressources aux pays africains. Nous venons ici pour donner notre savoir-faire à ces pays afin qu’ils se développent.» Quand on vous disait que mère Thérésa n’aurait pas proposé mieux. Discours merveilleux sauf que...
La visite du ministre israélien dans cette partie de la bande sahélienne intervient à un moment très sensible. Des groupes de terroristes s’agitent dans la région et ils viennent de prendre deux otages (l’un français et l’autre algérien). Si Israël s’intéresse subitement au Sénégal c’est très certainement pour revenir dans la zone après en avoir été chassé par la Mauritanie. Mais ce qui a fait courir le plus les Israéliens, c’est l’annonce de l’ouverture de l’ambassade d’Iran à Nouakchott. Et ça les Israéliens ne peuvent l’accepter sans rien faire. Peut-on un instant croire un Etat qui ne vit que par la guerre et pour la guerre depuis sa création, verser subitement dans la charité? Un Etat qui après avoir massacré des milliers d’enfants, de femmes, de vieux sans défense et qui maintient les rescapés dans une immense prison à ciel ouvert, peut-il, dans le même temps, promettre le bonheur et la prospérité à d’autres humains? L’angélisme n’a pas sa place dans un Etat guerrier. Un Etat qui refuse obstinément la paix car en totale incompatibilité avec ses desseins expansionnistes. Un Etat qui a dévoilé son caractère religieux après l’avoir longtemps caché du voile de la démocratie. Voilà que cet Etat s’éloigne de sa région qu’il met sens dessus dessous pour aller prêcher la bonne parole plus loin.
Il ne se trouvera personne au monde pour croire un instant qu’Israël peut proposer son aide sans arrière-pensée. Et si «ce n’est pas pour prendre leurs ressources», comme l’a si bien précisé le ministre israélien à Dakar c’est tout simplement pour s’y installer. Carrément. Une base au Sénégal remplacerait bien celle qui vient de fermer en Mauritanie.
Pour nous Algériens, tout ceci nous permet de mieux comprendre ce qui se «joue» au Sahel comme nous avions commencé à le faire dans notre édition d’hier. Ceci nous permet aussi de mieux comprendre les liens plus qu’étroits qu’entretiennent Israël et la France, laquelle est très active dans la région et qui pousse jusqu’à hypothéquer ses propres intérêts dans les gisements d’uranium du Niger.
Il serait franchement débile de croire que de si grands enjeux peuvent être cachés par une plantation de tomates, comme s’époumone à le faire croire le ministre hébreu. Si c’est l’idée qu’Israël a des Africains, il se trompe lourdement. Son opposition à la condamnation de l’esclavage et toutes les misères faites à Dieudonné à cause de son combat pour cette cause, devraient suffire pour apprécier «l’amour» que peut porter l’Etat hébreu au continent noir. Même les falashas «rapatriés» en Israël ne sont que des bras dans les tâches les plus ingrates. Qui a dit que le racisme existait en Israël?
Zouhir MEBARKI
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