Histoire et histoires des Coupes du monde
La sélection qui a ouvert le score a perdu six fois lors des neuf premières finales de Coupe du monde entre 1930 et 1970, dominées par le Brésil (trois titres), l'Uruguay et l'Italie (deux) puis l'Allemagne (de l'Ouest) et l'Angleterre, un titre chacune.
Uruguay 1930 L'Uruguay premier sacré
Pour sa première édition, la Coupe du monde n'est encore qu'un tournoi confidentiel, sur invitation, disputé à l'autre bout du monde pour les équipes européennes, après une longue traversée en bateau en guise de stage de préparation. Mais l'Uruguay s'impose à domicile en finale contre l'Argentine (4-2) dans un Centenario de Montevideo comble (80.000 spectateurs officiellement, sans doute plus), un grand spectacle qui fera beaucoup pour le succès des éditions suivantes. L'Argentin Guillermo Stabile (8 buts) survole le tournoi. Les Etats-Unis atteignent les demi-finales pour la première et dernière fois.
France 1938 L'Italie prolonge son règne
Dans un contexte géopolitique crépusculaire (guerre civile espagnole, Anschluss...), la troisième Coupe du monde couronne encore l'Italie, qui succède à l'Uruguay comme épouvantail du football mondial. Victor Pozzo est à ce jour le seul sélectionneur deux fois champion du monde.
Cette fois, la «Nazionale» a survolé tous les obstacles, battant l'une des meilleures équipes d'Europe, la Hongrie (4-2), dont les clubs dominaient la Mitropa Cup, un des ancêtres des Coupes d'Europe, avant d'éliminer le pays organisateur (la France) en quart de finale (3-1), puis l'un des grands favoris (le Brésil, 2-1) en demi-finale. Lors de ce match, l'Italie a bénéficié de l'incroyable péché d'orgueil du sélectionneur brésilien, Adhemar Pimenta, qui s'est privé de son meilleur joueur, Leonidas, expliquant qu'il le laissait «se reposer pour la finale». Sans son «Diamant noir», qui a fini nu-pieds le match contre la Pologne (6-5, quadruplé de Leonidas), la Seleçao s'est inclinée...
Italie 1934 La Squadra Azzura devant Mussolini
La «Nazionale» s'impose à domicile, comme l'Uruguay quatre ans plus tôt, sous les yeux de Benito Mussolini, qui fait la propagande de la «race italienne» à travers ce succès. Le parcours est pourtant très difficile : match d'appui contre l'Espagne en quart de finale (1-1, puis 1-0) et victoire à l'arraché en demi-finale contre la grande Autriche de Matthias Sindelar (1-0). A chaque fois, le buteur est Giuseppe Meazza. En finale face à la Tchécoslovaquie, l'Italie est d'abord menée dans le silence désolé de Rome, mais elle égalise puis Meazza, pourtant blessé, offre à Schiavio le but vainqueur (2-1). Le succès commence à poindre pour le grand tournoi de la Fifa, auquel 32 équipes ont voulu participer. Il a fallu organiser des qualifications.
Brésil 1950 La tragédie du Maracaña
Après la Seconde Guerre mondiale, la Coupe du monde reprend. Tout était prêt au pays du football roi : 200 000 spectateurs survoltés au Maracaña, une différence de but qui permettait à la Seleçao de se contenter d'un nul (une poule finale de quatre couronnait le vainqueur), une équipe qui venait de marquer 21 buts en 4 matches... Le Brésil allait enfin être champion du monde, à domicile.
La Seleçao a même ouvert la marque en finale par Friacca. Las, les Uruguayens ont égalisé par Juan Schiaffino avant qu'Alcides Ghiggia ne glace le Maracaña à 11 minutes de la fin. Barbosa, le gardien brésilien qui a laissé passer le but, en a entendu parler jusqu'à sa mort... La défaite a été vécue comme un drame national, au point que les responsables brésiliens ont oublié de remettre la coupe au capitaine uruguayen. Jules Rimet, président de la Fifa, a dû s'en charger. L'autre surprise de cette Coupe du monde est la victoire des amateurs américains contre l'Angleterre (1-0), qui participait pour la première fois.
Suisse 1954 Le miracle de Berne
Un immense favori débarque en Suisse pour la cinquième Coupe du monde: la Hongrie. L'équipe magique de Ferenc Puskas, Sandor Kocsis, Zoltan Czibor ou Nador Hidegkuti, une des plus belles de l'histoire du jeu, a frappé un très grand coup en humiliant l'Angleterre à Wembley en novembre 1953. Les Magyars survolent la compétition, marquant 25 buts en quatre matches pour arriver en finale face à l'Allemagne de l'Ouest.
Mais au Wankhdorf de Berne, le ciel leur tombe sur la tête... Ils mènent 2-0 contre une équipe qu'ils ont étrillée (8-3) en poules, avant de se laisser remonter et dépasser par un doublé d'Helmut Rahn (2-3). Ce succès sportif aide l'Allemagne de l'Ouest à réintégrer le concert des nations moins de 10 ans après la fin de la guerre. Avec 5,4 buts de moyenne par match, cette Coupe du monde reste la plus prolifique de l'histoire.
Suède 1958 Enfin le Brésil
Après cinq tentatives malheureuses, le pays où le foot est une religion remporte le tournoi suprême, le premier télévisé. Cette consécration attendue s'accompagne de l'éclosion d'un prodigieux joueur de 17 ans, Pelé, qui marque 6 buts, dont un triplé contre la France en demi-finale et un doublé en finale. Il finit le tournoi en larmes en soulevant le trophée. La Seleçao est à ce jour la seule sélection américaine à s'être imposée en Europe, tandis que les Européens n'ont jamais gagné de Mondial hors de leur continent. La Suède atteint la finale, qu'elle croira gagner en ouvrant le score avant de s'effondrer (5-2 pour le Brésil), et la France se distingue en terminant troisième grâce aux 13 buts de Just Fontaine, un record qui semble imbattable.
Chili 1962 Encore le Brésil
Le Brésil prolonge son règne. Il remporte sa deuxième Coupe du monde d'affilée, emmené cette fois par Vava et Garrincha. Pelé, blessé, n'a joué que les deux premiers matches. La Seleçao se hisse en finale en dominant l'Angleterre en quart, l'hôte chilien en demi-finale et la Tchécoslovaquie (3-1) en finale. Josef Masopust ouvre pourtant le score à la 15e minute, mais deux minutes plus tard Amarildo égalise puis Zito et Vava donnent la victoire au Brésil, et infligent à la Tchécoslovaquie, sa deuxième défaite en finale après 1934. La surprise de ce Mondial a été le parcours héroïque du Chili, sublimé à domicile et demi-finaliste pour la seule fois de son histoire. En quart de finale, les Chiliens ont éliminé le champion d'Europe, l'URSS de Lev Yachine, le meilleur gardien du monde. Après avoir marqué le but vainqueur, Eladio Rojas salue obséquieusement «l'Araignée noire» en geste de fair-play.
Angleterre 1966 England rules the world !
Un siècle après avoir inventé ce jeu, l'Angleterre remporte enfin le tournoi mondial, à domicile. Dans son temple de Wembley, elle bat l'Allemagne de l'Ouest en finale, après une prolongation, un triplé (de Geoff Hurst) et un but accordé alors que le ballon n'a peut-être pas totalement franchi la ligne (4-2 a.p.). Nobby Stiles et ses dents de devant manquantes, les frères Jack et Bobby Charlton, Bobby Moore ou le gardien Gordon Banks sont les premiers hôtes à s'imposer depuis l'Italie en 1934. Les autres héros de cette Coupe du monde sont le Portugais Eusebio, meilleur buteur (8 buts), et les Nord-Coréens, quart de finalistes battus par le Portugal (5-3, quadruplé d'Eusebio), qui ont éliminé l'Italie en poules (1-0), un des plus gros coups de tonnerre de l'histoire de la compétition.
Mexique 1970 Le chef-d’œuvre de Pelé
De nombreux observateurs disent qu'il s'agit de la plus belle : des matches spectaculaires, dont la demi-finale Italie-RFA (4-3 a.p.), élue plus beau match de l'histoire des Coupes du monde, des enceintes en feu, en particulier le mythique Stade Aztèque, un Pelé au sommet de son art, une finale étourdissante entre les deux pays les plus titrés (Brésil-Italie: 4-1)... Sans oublier les nombreuses images d'anthologie : la tentative de lob de 50 m contre la Tchécoslovaquie ou la feinte géniale sur le goal uruguayen de Pelé, Beckenbauer le bras en écharpe, l'arrêt de Gordon Banks sur une tête de Pelé («Aujourd'hui j'ai marqué un but, mais Banks l'a arrêté»)... L'image devient de plus en plus importante, le Mondial mexicain donne un grand rôle à la télévision. Certains coups d'envoi sont avancés pour jouer aux heures de grande écoute en Europe, malgré la chaleur. Dernières révolutions du Mundial-1970 : l'autorisation des remplacements en cours de partie et l'apparition des cartons jaunes et rouges.
à suivre
La sélection qui a ouvert le score a perdu six fois lors des neuf premières finales de Coupe du monde entre 1930 et 1970, dominées par le Brésil (trois titres), l'Uruguay et l'Italie (deux) puis l'Allemagne (de l'Ouest) et l'Angleterre, un titre chacune.
Uruguay 1930 L'Uruguay premier sacré
Pour sa première édition, la Coupe du monde n'est encore qu'un tournoi confidentiel, sur invitation, disputé à l'autre bout du monde pour les équipes européennes, après une longue traversée en bateau en guise de stage de préparation. Mais l'Uruguay s'impose à domicile en finale contre l'Argentine (4-2) dans un Centenario de Montevideo comble (80.000 spectateurs officiellement, sans doute plus), un grand spectacle qui fera beaucoup pour le succès des éditions suivantes. L'Argentin Guillermo Stabile (8 buts) survole le tournoi. Les Etats-Unis atteignent les demi-finales pour la première et dernière fois.
France 1938 L'Italie prolonge son règne
Dans un contexte géopolitique crépusculaire (guerre civile espagnole, Anschluss...), la troisième Coupe du monde couronne encore l'Italie, qui succède à l'Uruguay comme épouvantail du football mondial. Victor Pozzo est à ce jour le seul sélectionneur deux fois champion du monde.
Cette fois, la «Nazionale» a survolé tous les obstacles, battant l'une des meilleures équipes d'Europe, la Hongrie (4-2), dont les clubs dominaient la Mitropa Cup, un des ancêtres des Coupes d'Europe, avant d'éliminer le pays organisateur (la France) en quart de finale (3-1), puis l'un des grands favoris (le Brésil, 2-1) en demi-finale. Lors de ce match, l'Italie a bénéficié de l'incroyable péché d'orgueil du sélectionneur brésilien, Adhemar Pimenta, qui s'est privé de son meilleur joueur, Leonidas, expliquant qu'il le laissait «se reposer pour la finale». Sans son «Diamant noir», qui a fini nu-pieds le match contre la Pologne (6-5, quadruplé de Leonidas), la Seleçao s'est inclinée...
Italie 1934 La Squadra Azzura devant Mussolini
La «Nazionale» s'impose à domicile, comme l'Uruguay quatre ans plus tôt, sous les yeux de Benito Mussolini, qui fait la propagande de la «race italienne» à travers ce succès. Le parcours est pourtant très difficile : match d'appui contre l'Espagne en quart de finale (1-1, puis 1-0) et victoire à l'arraché en demi-finale contre la grande Autriche de Matthias Sindelar (1-0). A chaque fois, le buteur est Giuseppe Meazza. En finale face à la Tchécoslovaquie, l'Italie est d'abord menée dans le silence désolé de Rome, mais elle égalise puis Meazza, pourtant blessé, offre à Schiavio le but vainqueur (2-1). Le succès commence à poindre pour le grand tournoi de la Fifa, auquel 32 équipes ont voulu participer. Il a fallu organiser des qualifications.
Brésil 1950 La tragédie du Maracaña
Après la Seconde Guerre mondiale, la Coupe du monde reprend. Tout était prêt au pays du football roi : 200 000 spectateurs survoltés au Maracaña, une différence de but qui permettait à la Seleçao de se contenter d'un nul (une poule finale de quatre couronnait le vainqueur), une équipe qui venait de marquer 21 buts en 4 matches... Le Brésil allait enfin être champion du monde, à domicile.
La Seleçao a même ouvert la marque en finale par Friacca. Las, les Uruguayens ont égalisé par Juan Schiaffino avant qu'Alcides Ghiggia ne glace le Maracaña à 11 minutes de la fin. Barbosa, le gardien brésilien qui a laissé passer le but, en a entendu parler jusqu'à sa mort... La défaite a été vécue comme un drame national, au point que les responsables brésiliens ont oublié de remettre la coupe au capitaine uruguayen. Jules Rimet, président de la Fifa, a dû s'en charger. L'autre surprise de cette Coupe du monde est la victoire des amateurs américains contre l'Angleterre (1-0), qui participait pour la première fois.
Suisse 1954 Le miracle de Berne
Un immense favori débarque en Suisse pour la cinquième Coupe du monde: la Hongrie. L'équipe magique de Ferenc Puskas, Sandor Kocsis, Zoltan Czibor ou Nador Hidegkuti, une des plus belles de l'histoire du jeu, a frappé un très grand coup en humiliant l'Angleterre à Wembley en novembre 1953. Les Magyars survolent la compétition, marquant 25 buts en quatre matches pour arriver en finale face à l'Allemagne de l'Ouest.
Mais au Wankhdorf de Berne, le ciel leur tombe sur la tête... Ils mènent 2-0 contre une équipe qu'ils ont étrillée (8-3) en poules, avant de se laisser remonter et dépasser par un doublé d'Helmut Rahn (2-3). Ce succès sportif aide l'Allemagne de l'Ouest à réintégrer le concert des nations moins de 10 ans après la fin de la guerre. Avec 5,4 buts de moyenne par match, cette Coupe du monde reste la plus prolifique de l'histoire.
Suède 1958 Enfin le Brésil
Après cinq tentatives malheureuses, le pays où le foot est une religion remporte le tournoi suprême, le premier télévisé. Cette consécration attendue s'accompagne de l'éclosion d'un prodigieux joueur de 17 ans, Pelé, qui marque 6 buts, dont un triplé contre la France en demi-finale et un doublé en finale. Il finit le tournoi en larmes en soulevant le trophée. La Seleçao est à ce jour la seule sélection américaine à s'être imposée en Europe, tandis que les Européens n'ont jamais gagné de Mondial hors de leur continent. La Suède atteint la finale, qu'elle croira gagner en ouvrant le score avant de s'effondrer (5-2 pour le Brésil), et la France se distingue en terminant troisième grâce aux 13 buts de Just Fontaine, un record qui semble imbattable.
Chili 1962 Encore le Brésil
Le Brésil prolonge son règne. Il remporte sa deuxième Coupe du monde d'affilée, emmené cette fois par Vava et Garrincha. Pelé, blessé, n'a joué que les deux premiers matches. La Seleçao se hisse en finale en dominant l'Angleterre en quart, l'hôte chilien en demi-finale et la Tchécoslovaquie (3-1) en finale. Josef Masopust ouvre pourtant le score à la 15e minute, mais deux minutes plus tard Amarildo égalise puis Zito et Vava donnent la victoire au Brésil, et infligent à la Tchécoslovaquie, sa deuxième défaite en finale après 1934. La surprise de ce Mondial a été le parcours héroïque du Chili, sublimé à domicile et demi-finaliste pour la seule fois de son histoire. En quart de finale, les Chiliens ont éliminé le champion d'Europe, l'URSS de Lev Yachine, le meilleur gardien du monde. Après avoir marqué le but vainqueur, Eladio Rojas salue obséquieusement «l'Araignée noire» en geste de fair-play.
Angleterre 1966 England rules the world !
Un siècle après avoir inventé ce jeu, l'Angleterre remporte enfin le tournoi mondial, à domicile. Dans son temple de Wembley, elle bat l'Allemagne de l'Ouest en finale, après une prolongation, un triplé (de Geoff Hurst) et un but accordé alors que le ballon n'a peut-être pas totalement franchi la ligne (4-2 a.p.). Nobby Stiles et ses dents de devant manquantes, les frères Jack et Bobby Charlton, Bobby Moore ou le gardien Gordon Banks sont les premiers hôtes à s'imposer depuis l'Italie en 1934. Les autres héros de cette Coupe du monde sont le Portugais Eusebio, meilleur buteur (8 buts), et les Nord-Coréens, quart de finalistes battus par le Portugal (5-3, quadruplé d'Eusebio), qui ont éliminé l'Italie en poules (1-0), un des plus gros coups de tonnerre de l'histoire de la compétition.
Mexique 1970 Le chef-d’œuvre de Pelé
De nombreux observateurs disent qu'il s'agit de la plus belle : des matches spectaculaires, dont la demi-finale Italie-RFA (4-3 a.p.), élue plus beau match de l'histoire des Coupes du monde, des enceintes en feu, en particulier le mythique Stade Aztèque, un Pelé au sommet de son art, une finale étourdissante entre les deux pays les plus titrés (Brésil-Italie: 4-1)... Sans oublier les nombreuses images d'anthologie : la tentative de lob de 50 m contre la Tchécoslovaquie ou la feinte géniale sur le goal uruguayen de Pelé, Beckenbauer le bras en écharpe, l'arrêt de Gordon Banks sur une tête de Pelé («Aujourd'hui j'ai marqué un but, mais Banks l'a arrêté»)... L'image devient de plus en plus importante, le Mondial mexicain donne un grand rôle à la télévision. Certains coups d'envoi sont avancés pour jouer aux heures de grande écoute en Europe, malgré la chaleur. Dernières révolutions du Mundial-1970 : l'autorisation des remplacements en cours de partie et l'apparition des cartons jaunes et rouges.
à suivre
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