La loi de finances complémentaire pour 2009 a offert une occasion d'aborder cette question, mais les réactions qu'elle a suscitées, sont restées superficielles au regard de l'importance de l'enjeu que véhicule pour notre économie, cette ouverture. Quelques faits.
C'est avec les Accords signées avec le Fonds Monétaire International dans le cadre du rééchelonnement de notre dette extérieure, que des actions d'ouverture commerciale de notre économie furent imposées à notre pays au titre des nombreuses conditionnalités à remplir pour être éligible au reprofilage de notre dette – suppression de toute protection non tarifaire, réduction de la protection tarifaire, convertibilité partielle (commerciale) du dinar, nouveau Code des Investissements autorisant l'investissement étranger à 100%... L'économie algérienne met fin à trente années de protectionnisme, de monopole d'Etat sur le commerce extérieur, de refus de la libéralisation financière. Et cette ouverture devait se faire rapidement, le gradualisme n'ayant jamais eu la préférence du FMI, demande d'accès à l'OMC, signature de l'accord d'association avec l'Union Européenne, agrément des banques privées nationales et étrangères, ouverture à l'investissement direct étranger.
Quel bilan peut-on faire aujourd'hui de cette ouverture ?
Notons d'abord qu'entre 2001 et 2008 la moyenne des droits de douanes, pondérée par les importations, passe de 16, 8% à 8,8%. Cette baisse est d'autant plus à souligner qu'elle s'est accompagnée de la suppression des valeurs administrées et celle du droit additionnel provisoire (DPA) (cf étude du FCE, Mai 2009)
Cette baisse de la protection du marché intérieur, s'est immédiatement traduite par une croissance régulière des importations et leur explosion en 2008 comme le montre le tableau suivant :
Evaluation des importations de marchandises (en milliards de dollars)
Année
Mais cette hausse des importations est aussi due, bien sûr, à la relative facilité qu'ont trouvé les nombreux nouveaux importateurs, à recourir aux marchés extérieurs, et notamment asiatiques, pour inonder le marché national de marchandises pas toujours utiles et souvent de mauvaise qualité.
De même, la libéralisation du marché des véhicules automobiles a aussi contribué, pour sa part, à cet alourdissement de la facture de importations puis que en 2008, nous avons importé pour près de 4 milliards de dollars de véhicules automobiles.
Cette ouverture commerciale de l'économie algérienne a favorisé l'installation de 25 548 sociétés exerçant dans l'activité d'import-export (les Algériens préfèrent parler d'import-import !) dont plus de 1 800 détenues par des étrangers à 100% et qui font de la revente en l'état.
Et cette croissance sans précédent des importations a touché tous les produits : alimentation, matières premières et demi-produits, équipements, biens de consommation industriels.
Bien évidemment la première conséquence de cette économie d'importation qui s'est mise en place, est la très forte perte de parts de marché de la production locale. Dans le secteur industriel, par exemple, le déclin est sans précédent aussi bien dans sa partie publique que privée.
Part de l'industrie dans le PIB (en %)
Année
On importe de plus en plus, on produit de moins en moins !
Nous n'importons pas que des biens. Nous importons aussi des services et la croissance de ces importations a été encore plus importante que celle des importations de marchandises.
L'évaluation de nos importations de services a été la suivante entre 2004 et 2008 :
2004
(en milliards de dollars)
84,60% de ces importations de service concernent les services de transports maritime et aérien, les services du bâtiment et des travaux publics et les services techniques aux entreprises.
Ces importations de service ont cru de 11% par an en moyenne entre 2000 et 2009. La croissance des importations de services a été plus forte que celle des importations de marchandises. Cette explosion de ces importations, est due à une ouverture non contrôlée du marché algérien des services en faveur de l'extérieur, l'ouverture des différents secteurs des services se réalise sans diagnostic préalable, sans que soient définies clairement les objectifs recherchés.
Une récente étude du FCE montre même que dans beaucoup de cas l'Administration ignore totalement ce qui se passe réellement dans les secteurs des services. Comment les intervenants étrangers activent –ils dans ces secteurs ? Dans quel cadre légal exercent-ils leurs activités ? Quelles sont les compétences réelles de ces sociétés de services étrangères installées dans notre pays ?
Comme on peut le constater, l'ouverture de l'économie algérienne et notamment son ouverture commerciale a produit d'importants effets pervers qui ont détérioré nos comptes extérieurs sans qu'elles aient apporté à l'économie nationale une réelle valeur ajoutée dans la qualification de nos cadres, dans l'apprentissage de nos entreprises dans ces métiers importés chèrement payés et surtout sans que ces importations de services se justifient tout le temps. Des capacités réelles de production de services existent dans le pays mais sont ignorées au bénéfice du recours aux sociétés de services étrangères.
Une telle situation de notre commerce extérieur appelait naturellement des correctifs, des réajustements. C'est ainsi que le Gouvernement a pris la décision, de mettre de l'ordre dans ce domaine et la loi de finances complémentaire pour 2009 annonce la nouvelle démarche que les pouvoirs publics comptent développer pour mieux maîtriser l'ouverture commerciale de l'économie et avec elle mieux gérer les équilibres de la balance commerciale et de la balance des paiements
Par Abdelmadjid Bouzidi
C'est avec les Accords signées avec le Fonds Monétaire International dans le cadre du rééchelonnement de notre dette extérieure, que des actions d'ouverture commerciale de notre économie furent imposées à notre pays au titre des nombreuses conditionnalités à remplir pour être éligible au reprofilage de notre dette – suppression de toute protection non tarifaire, réduction de la protection tarifaire, convertibilité partielle (commerciale) du dinar, nouveau Code des Investissements autorisant l'investissement étranger à 100%... L'économie algérienne met fin à trente années de protectionnisme, de monopole d'Etat sur le commerce extérieur, de refus de la libéralisation financière. Et cette ouverture devait se faire rapidement, le gradualisme n'ayant jamais eu la préférence du FMI, demande d'accès à l'OMC, signature de l'accord d'association avec l'Union Européenne, agrément des banques privées nationales et étrangères, ouverture à l'investissement direct étranger.
Quel bilan peut-on faire aujourd'hui de cette ouverture ?
Notons d'abord qu'entre 2001 et 2008 la moyenne des droits de douanes, pondérée par les importations, passe de 16, 8% à 8,8%. Cette baisse est d'autant plus à souligner qu'elle s'est accompagnée de la suppression des valeurs administrées et celle du droit additionnel provisoire (DPA) (cf étude du FCE, Mai 2009)
Cette baisse de la protection du marché intérieur, s'est immédiatement traduite par une croissance régulière des importations et leur explosion en 2008 comme le montre le tableau suivant :
Evaluation des importations de marchandises (en milliards de dollars)
Année
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
Valeur
12,01
13,32
17,95
19,86
20,68
26,35
37,39
Bien évidemment, l'explosion des importations s'explique aussi par les plans de relance importants mis en œuvre par l'Etat et qui ont nécessité pour leur réalisation, des importations de matériaux, d'équipements et autres demi-produits.2003
2004
2005
2006
2007
2008
Valeur
12,01
13,32
17,95
19,86
20,68
26,35
37,39
Mais cette hausse des importations est aussi due, bien sûr, à la relative facilité qu'ont trouvé les nombreux nouveaux importateurs, à recourir aux marchés extérieurs, et notamment asiatiques, pour inonder le marché national de marchandises pas toujours utiles et souvent de mauvaise qualité.
De même, la libéralisation du marché des véhicules automobiles a aussi contribué, pour sa part, à cet alourdissement de la facture de importations puis que en 2008, nous avons importé pour près de 4 milliards de dollars de véhicules automobiles.
Cette ouverture commerciale de l'économie algérienne a favorisé l'installation de 25 548 sociétés exerçant dans l'activité d'import-export (les Algériens préfèrent parler d'import-import !) dont plus de 1 800 détenues par des étrangers à 100% et qui font de la revente en l'état.
Et cette croissance sans précédent des importations a touché tous les produits : alimentation, matières premières et demi-produits, équipements, biens de consommation industriels.
Bien évidemment la première conséquence de cette économie d'importation qui s'est mise en place, est la très forte perte de parts de marché de la production locale. Dans le secteur industriel, par exemple, le déclin est sans précédent aussi bien dans sa partie publique que privée.
Part de l'industrie dans le PIB (en %)
Année
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
Part dans le PIB
7,5
6,8
6,3
5,6
5,2
5
4,4
2003
2004
2005
2006
2007
2008
Part dans le PIB
7,5
6,8
6,3
5,6
5,2
5
4,4
On importe de plus en plus, on produit de moins en moins !
Nous n'importons pas que des biens. Nous importons aussi des services et la croissance de ces importations a été encore plus importante que celle des importations de marchandises.
L'évaluation de nos importations de services a été la suivante entre 2004 et 2008 :
2004
2005
2006
2007
2008
3,86
4,78
4,78
6,93
11,08
2006
2007
2008
3,86
4,78
4,78
6,93
11,08
(en milliards de dollars)
84,60% de ces importations de service concernent les services de transports maritime et aérien, les services du bâtiment et des travaux publics et les services techniques aux entreprises.
Ces importations de service ont cru de 11% par an en moyenne entre 2000 et 2009. La croissance des importations de services a été plus forte que celle des importations de marchandises. Cette explosion de ces importations, est due à une ouverture non contrôlée du marché algérien des services en faveur de l'extérieur, l'ouverture des différents secteurs des services se réalise sans diagnostic préalable, sans que soient définies clairement les objectifs recherchés.
Une récente étude du FCE montre même que dans beaucoup de cas l'Administration ignore totalement ce qui se passe réellement dans les secteurs des services. Comment les intervenants étrangers activent –ils dans ces secteurs ? Dans quel cadre légal exercent-ils leurs activités ? Quelles sont les compétences réelles de ces sociétés de services étrangères installées dans notre pays ?
Comme on peut le constater, l'ouverture de l'économie algérienne et notamment son ouverture commerciale a produit d'importants effets pervers qui ont détérioré nos comptes extérieurs sans qu'elles aient apporté à l'économie nationale une réelle valeur ajoutée dans la qualification de nos cadres, dans l'apprentissage de nos entreprises dans ces métiers importés chèrement payés et surtout sans que ces importations de services se justifient tout le temps. Des capacités réelles de production de services existent dans le pays mais sont ignorées au bénéfice du recours aux sociétés de services étrangères.
Une telle situation de notre commerce extérieur appelait naturellement des correctifs, des réajustements. C'est ainsi que le Gouvernement a pris la décision, de mettre de l'ordre dans ce domaine et la loi de finances complémentaire pour 2009 annonce la nouvelle démarche que les pouvoirs publics comptent développer pour mieux maîtriser l'ouverture commerciale de l'économie et avec elle mieux gérer les équilibres de la balance commerciale et de la balance des paiements
Par Abdelmadjid Bouzidi
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