Le capital humain constitue la source essentielle et intarissable d’un développement diversifié et durable. Nous avons là une des rares propositions qui fait l’unanimité. Il n’y a pas un analyste ou un politicien qui remette en cause publiquement cette hypothèse, tant validée. Mais l’opérationnalisation de cette représentation pose, parfois, problème aux dirigeants. Comment créer un capital humain de qualité mondiale dans un contexte de globalisation et surtout de grande mobilité internationale de la matière grise ? Comment gérer les employés du savoir pour prospérer et améliorer sans cesse sa compétitivité ? Nous sommes là au cœur de la problématique des évolutions qualitatives sociales. Nous allons évoquer quelques pistes et ébaucher quelques alternatives.
Les origines de la confusion
L’importance de la qualité du capital humain est si évidente et si banale que beaucoup de conseillers et d’analystes évitent de la rappeler. Ce faisant, souvent ils induisent involontairement en erreur les décideurs politiques. Prenons deux exemples pour illustrer ce point de vue que nous prenons très au sérieux. Beaucoup de nos économistes qui ont analysé l’expérience coréenne concluent que sa réussite est surtout due à sa stratégie de substitution aux importations, dans un premier temps, et par la suite à ses efforts d’exportation. Les politiques de crédits, de taux de change et le reste ont été orientées pour faciliter le repavement des dettes extérieures des entreprises et par la suite conquérir des marchés étrangers. Beaucoup de décideurs concluraient hâtivement qu’il serait facile donc de mimer cette stratégie.
L’économiste qui prodigue ces analyses peut bien être au courant que la qualité des universités coréennes, leurs villages technologiques, leurs centres de recherche et développement, la relation université entreprise, leur système éducatif sont la source essentielle de leur puissance économique. Le message transmis est vide de sens et source d’erreur pour les responsables. Pour ces derniers, ces détails non mentionnés par les experts ne pèsent pas lourds face aux stratégies macroéconomiques. Un second exemple concerne la Chine. Nos analystes ne cessent de nous transmettre une image déformée ou au mieux tronquée de l’économie chinoise. A les écouter, la source de la réussite chinoise réside dans ses coûts salariaux assez bas et un environnement des affaires qui attire les IDE productifs.
Encore une fois, on néglige le capital humain dans ces réflexions. On oublie que depuis les années quatre-vingt, la Chine a créé des centaines d’universités, d’instituts, de centre de recherches et développement jumelés avec les meilleures institutions mondiales. Elle consacre plus de 2% de son PIB à améliorer la qualité de son enseignement supérieur et sa recherche scientifique, si bien que les analystes pronostiquent que dans 25 ans 30% des meilleures universités mondiales seront chinoises. Après qualification des ressources humaines, la décentralisation économique chinoise (plans de développement régionaux et communaux) commence à porter ses fruits. Il y a une abondance d’exemples. Les pays de l’Est qui ont réalisé les meilleures transitions avaient privilégié le développement qualitatif humain dans leur ordonnancement des étapes de la transition.
Mais les analystes évoquent rarement ces décisions qui ont radicalement transformé le paysage de ces pays. Elles constituent l’essence de la réussite des nations. Et pourtant lorsqu’on analyse ou on conseille les décideurs, on oublie souvent de leur dire que «le facteur clé de succès numéro un des réussites des modèles de croissance demeure le développement qualitatif des ressources humaines : toutes les politiques macroéconomiques échouent sans cette condition».
Ces péchés par omission ont des conséquences dramatiques sur les choix des pays en voie de développement. Parfois, les décideurs sont emmenés à privilégier des pistes peu fructueuses. L’Algérie et l’Egypte investissent une fraction importante de leur revenu national dans l’éducation. Mais l’aspect qualitatif est occulté. On opte pour un enseignement supérieur de masse, mais de piètre qualité. Dans un contexte de compétition mondiale, la qualité prime. Il vaudrait mieux bien former 10 ingénieurs qui innovent, créent des entreprises, exportent que 100 peu compétents qui deviendront des cas sociaux destinés surtout au chômage. Il faut privilégier la qualité.
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Les origines de la confusion
L’importance de la qualité du capital humain est si évidente et si banale que beaucoup de conseillers et d’analystes évitent de la rappeler. Ce faisant, souvent ils induisent involontairement en erreur les décideurs politiques. Prenons deux exemples pour illustrer ce point de vue que nous prenons très au sérieux. Beaucoup de nos économistes qui ont analysé l’expérience coréenne concluent que sa réussite est surtout due à sa stratégie de substitution aux importations, dans un premier temps, et par la suite à ses efforts d’exportation. Les politiques de crédits, de taux de change et le reste ont été orientées pour faciliter le repavement des dettes extérieures des entreprises et par la suite conquérir des marchés étrangers. Beaucoup de décideurs concluraient hâtivement qu’il serait facile donc de mimer cette stratégie.
L’économiste qui prodigue ces analyses peut bien être au courant que la qualité des universités coréennes, leurs villages technologiques, leurs centres de recherche et développement, la relation université entreprise, leur système éducatif sont la source essentielle de leur puissance économique. Le message transmis est vide de sens et source d’erreur pour les responsables. Pour ces derniers, ces détails non mentionnés par les experts ne pèsent pas lourds face aux stratégies macroéconomiques. Un second exemple concerne la Chine. Nos analystes ne cessent de nous transmettre une image déformée ou au mieux tronquée de l’économie chinoise. A les écouter, la source de la réussite chinoise réside dans ses coûts salariaux assez bas et un environnement des affaires qui attire les IDE productifs.
Encore une fois, on néglige le capital humain dans ces réflexions. On oublie que depuis les années quatre-vingt, la Chine a créé des centaines d’universités, d’instituts, de centre de recherches et développement jumelés avec les meilleures institutions mondiales. Elle consacre plus de 2% de son PIB à améliorer la qualité de son enseignement supérieur et sa recherche scientifique, si bien que les analystes pronostiquent que dans 25 ans 30% des meilleures universités mondiales seront chinoises. Après qualification des ressources humaines, la décentralisation économique chinoise (plans de développement régionaux et communaux) commence à porter ses fruits. Il y a une abondance d’exemples. Les pays de l’Est qui ont réalisé les meilleures transitions avaient privilégié le développement qualitatif humain dans leur ordonnancement des étapes de la transition.
Mais les analystes évoquent rarement ces décisions qui ont radicalement transformé le paysage de ces pays. Elles constituent l’essence de la réussite des nations. Et pourtant lorsqu’on analyse ou on conseille les décideurs, on oublie souvent de leur dire que «le facteur clé de succès numéro un des réussites des modèles de croissance demeure le développement qualitatif des ressources humaines : toutes les politiques macroéconomiques échouent sans cette condition».
Ces péchés par omission ont des conséquences dramatiques sur les choix des pays en voie de développement. Parfois, les décideurs sont emmenés à privilégier des pistes peu fructueuses. L’Algérie et l’Egypte investissent une fraction importante de leur revenu national dans l’éducation. Mais l’aspect qualitatif est occulté. On opte pour un enseignement supérieur de masse, mais de piètre qualité. Dans un contexte de compétition mondiale, la qualité prime. Il vaudrait mieux bien former 10 ingénieurs qui innovent, créent des entreprises, exportent que 100 peu compétents qui deviendront des cas sociaux destinés surtout au chômage. Il faut privilégier la qualité.
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