Après avoir été contrainte de négocier le rééchelonnement de sa dette extérieure en 1993, car ne pouvant plus faire face à ses échéances de remboursement et accepté les dures conditionnalités du FMI, l’Algérie rembourse, aujourd’hui, par anticipation sa dette extérieure qui ne représentera plus à la fin 2006 que 15 à 20% de son PIB et peut-être beaucoup moins encore si le Club de Paris accepte la demande introduite par le gouvernement algérien de rembourser -par anticipation- quelque 8 milliards de dollars. La dette extérieure algérienne diminue d’année en année: 21 milliards de dollars au 31 décembre 2004, 16,5 milliards de dollars au 31 décembre 2005, 15,5 milliards de dollars, à fin février.
Cela est, à première vue, une bonne nouvelle. Le fardeau des intérêts dûs va être sérieusement allégé et ce rapport qui liait notre pays à ses véritables usuriers va être rompu. Il faut savoir qu’entre 1985 et 2005 l’Algérie a payé 34 milliards de dollars d’intérêts (chiffre donné par le chef du gouvernement).
Pourtant le remboursement par anticipation de la dette extérieure par un pays du Sud suscite toujours un étonnement: on a plutôt l’habitude d’assister à des banqueroutes et à des moratoires. Est-ce que l’Algérie fait bien de rembourser ainsi sa dette extérieure?
Diminuer le fardeau des intérêts dûs, alléger les charges qui vont peser sur les générations futures est une bonne démarche. D’ailleurs les créanciers, dont le revenu est précisément constitué par les intérêts versés par les débiteurs, chaque année, n’acceptent généralement pas les remboursements par anticipation (qui les privent donc de leurs revenus). Il faut une autorisation du club de ces créanciers (Club de Paris pour les créanciers publics, Club de Londres pour les créanciers privés) pour que ces remboursements soient possibles. Dans notre cas, l’autorisation du Club de Paris est devenue tout à fait envisageable maintenant que la Russie, qui s’y opposait, a accepté l’effacement de ses créances sur l’Algérie en contrepartie d’achats de marchandises russes que le gouvernement algérien s’est engagé de réaliser.
Qu’est-ce qui a rendu possible ces remboursements par anticipation?
Bien évidemment, la consistance de nos réserves de change. Or celles-ci parviennent -comme chacun le sait- de nos exportations d’hydrocarbures. Il y a là un premier problème à débattre. Deux cas de figure peuvent se présenter:
1/ Si les prix mondiaux du brut et du gaz augmentent, l’Algérie perdra de l’argent en vendant aujourd’hui plus d’hydrocarbures que nécessaire avec comme souci de rembourser sa dette extérieure par anticipation. Les intérêts dûs qu’on aura économisés de la sorte représenteront moins d’argent que ce que nous aurons perdu à vendre, aujourd’hui, des hydrocarbures qui nous auraient rapporté plus dans quelques années.
2/ Si les prix du pétrole et du gaz baissent, nous aurons besoin de nos réserves de change qui auront fondu pour cause de remboursements anticipés de notre dette extérieure.
Dans les deux cas de figure qui peuvent se présenter, on a besoin d’un travail de projection économétrique, d’une étude de simulation qui met en relation l’évolution probable des prix mondiaux des hydrocarbures et la charge des intérêts dûs sur la dette extérieure. Cette étude d’éclairage de la décision à prendre n’a pas -à notre connaissance- été effectuée. En tout cas nous n’en connaissons pas les résultats.
La seconde question qui mérite aussi d’être étudiée est celle de savoir si le placement de nos réserves de change sur les marchés financiers internationaux ne rapporterait pas plus que l’allègement du poids des intérêts dûs sur la dette extérieure? On peut même admettre que la mobilisation de crédits concessionnels (à faibles taux d’intérêt et à longue durée) serait moins coûteuse pour le pays que le remboursement par anticipation de la dette extérieure. Second travail de simulation à faire. A-t-il été fait ?
3/ La troisième question que soulève le remboursement de la dette extérieure par anticipation est celle de l’absence, dans notre pays, d’une projection Algérie 2020/2025 qui nous dessinerait notre société à cet horizon avec ses contraintes, ses atouts, ses ambitions. C’est en fonction d’un tel projet Algérie 2020/2025 que l’on pourra décider de l’allocation de nos ressources financières. La solution qui consiste à rembourser sa dette par anticipation n’est pas un projet. C’est certainement le choix le plus facile à faire. Evidemment en l’état actuel des choses et dans un contexte vide d’imagination et de réflexion, il est toujours bon, faute de mieux, de diminuer le poids de la dette qui pèse sur les générations futures. Mais c’est-là une petite solution, une bien petite solution. On a certainement mieux à faire: construction de pôles de compétitivité, mise en place de grands centres de recherche -innovation, développement de grandes écoles d’excellence, soutien à l’émergence de champions dans les différents secteurs d’activité économique... Tout ce programme demande de l’argent et produira à terme de l’argent.
Par Abdelmadjid Bouzidi (QO)
Cela est, à première vue, une bonne nouvelle. Le fardeau des intérêts dûs va être sérieusement allégé et ce rapport qui liait notre pays à ses véritables usuriers va être rompu. Il faut savoir qu’entre 1985 et 2005 l’Algérie a payé 34 milliards de dollars d’intérêts (chiffre donné par le chef du gouvernement).
Pourtant le remboursement par anticipation de la dette extérieure par un pays du Sud suscite toujours un étonnement: on a plutôt l’habitude d’assister à des banqueroutes et à des moratoires. Est-ce que l’Algérie fait bien de rembourser ainsi sa dette extérieure?
Diminuer le fardeau des intérêts dûs, alléger les charges qui vont peser sur les générations futures est une bonne démarche. D’ailleurs les créanciers, dont le revenu est précisément constitué par les intérêts versés par les débiteurs, chaque année, n’acceptent généralement pas les remboursements par anticipation (qui les privent donc de leurs revenus). Il faut une autorisation du club de ces créanciers (Club de Paris pour les créanciers publics, Club de Londres pour les créanciers privés) pour que ces remboursements soient possibles. Dans notre cas, l’autorisation du Club de Paris est devenue tout à fait envisageable maintenant que la Russie, qui s’y opposait, a accepté l’effacement de ses créances sur l’Algérie en contrepartie d’achats de marchandises russes que le gouvernement algérien s’est engagé de réaliser.
Qu’est-ce qui a rendu possible ces remboursements par anticipation?
Bien évidemment, la consistance de nos réserves de change. Or celles-ci parviennent -comme chacun le sait- de nos exportations d’hydrocarbures. Il y a là un premier problème à débattre. Deux cas de figure peuvent se présenter:
1/ Si les prix mondiaux du brut et du gaz augmentent, l’Algérie perdra de l’argent en vendant aujourd’hui plus d’hydrocarbures que nécessaire avec comme souci de rembourser sa dette extérieure par anticipation. Les intérêts dûs qu’on aura économisés de la sorte représenteront moins d’argent que ce que nous aurons perdu à vendre, aujourd’hui, des hydrocarbures qui nous auraient rapporté plus dans quelques années.
2/ Si les prix du pétrole et du gaz baissent, nous aurons besoin de nos réserves de change qui auront fondu pour cause de remboursements anticipés de notre dette extérieure.
Dans les deux cas de figure qui peuvent se présenter, on a besoin d’un travail de projection économétrique, d’une étude de simulation qui met en relation l’évolution probable des prix mondiaux des hydrocarbures et la charge des intérêts dûs sur la dette extérieure. Cette étude d’éclairage de la décision à prendre n’a pas -à notre connaissance- été effectuée. En tout cas nous n’en connaissons pas les résultats.
La seconde question qui mérite aussi d’être étudiée est celle de savoir si le placement de nos réserves de change sur les marchés financiers internationaux ne rapporterait pas plus que l’allègement du poids des intérêts dûs sur la dette extérieure? On peut même admettre que la mobilisation de crédits concessionnels (à faibles taux d’intérêt et à longue durée) serait moins coûteuse pour le pays que le remboursement par anticipation de la dette extérieure. Second travail de simulation à faire. A-t-il été fait ?
3/ La troisième question que soulève le remboursement de la dette extérieure par anticipation est celle de l’absence, dans notre pays, d’une projection Algérie 2020/2025 qui nous dessinerait notre société à cet horizon avec ses contraintes, ses atouts, ses ambitions. C’est en fonction d’un tel projet Algérie 2020/2025 que l’on pourra décider de l’allocation de nos ressources financières. La solution qui consiste à rembourser sa dette par anticipation n’est pas un projet. C’est certainement le choix le plus facile à faire. Evidemment en l’état actuel des choses et dans un contexte vide d’imagination et de réflexion, il est toujours bon, faute de mieux, de diminuer le poids de la dette qui pèse sur les générations futures. Mais c’est-là une petite solution, une bien petite solution. On a certainement mieux à faire: construction de pôles de compétitivité, mise en place de grands centres de recherche -innovation, développement de grandes écoles d’excellence, soutien à l’émergence de champions dans les différents secteurs d’activité économique... Tout ce programme demande de l’argent et produira à terme de l’argent.
Par Abdelmadjid Bouzidi (QO)
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