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Bras de Fer Gazprom -Beltransgaz

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  • Bras de Fer Gazprom -Beltransgaz

    Gazprom a lancé une offensive décisive contre la Biélorussie en vue d'obtenir le contrôle de son système de transport du gaz par l'achat de 50% de Beltransgaz et le menace de quintupler le prix du gaz en cas de refus. Quand on voit le soutien inconditionnel de Moscou pour l'élection de Loukachenko, des amis comme ça cela ne s'invente pas.

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    Onze jours après l'élection présidentielle en Biélorussie, entachée de fraudes et marquée par une répression violente de l'opposition, Moscou, «l'indéfectible» allié de Minsk, menace de multiplier par cinq le prix du gaz qu'il lui livre.

    C'est le monopole d'Etat Gazprom qui a annoncé jeudi soir dans un communiqué que la Biélorussie devait payer le gaz «au prix européen».Cette apparente volte-face de la Russie signifie-t-elle que le Kremlin est en train de lâcher à peine réélu un Alexandre Loukachenko que le secrétaire d'Etat américain Condoleezza Rice qualifie à longueur de semaine de «dernier dictateur d'Europe» ? Ou Moscou ne fait-il que tirer les leçons de son avantage politique face à un allié isolé, en réclamant à Minsk le prix de son soutien pendant la présidentielle ?

    La Russie reste le dernier soutien de son petit voisin, qui a acquis l'indépendance au moment de la disparition de l'URSS. Vladimir Poutine a aussitôt reconnu la réélection, le 19 mars dernier, de son homologue biélorusse. L'une des manifestations concrètes de l'aide de Moscou est précisément le prix du gaz. Depuis le doublement du prix de l'hydrocarbure livré à l'Ukraine en janvier dernier, la Biélorussie reste la dernière ex-république soviétique à bénéficier d'un tarif préférentiel de 47 dollars les mille mètres cubes, soit cinq fois moins que le prix du marché européen (environ 230 dollars).

    Ce tarif préférentiel ne signifie nullement que tout aille pour le mieux entre les deux pays. Dans le passé, Minsk bénéficiait de livraisons encore moins chères. Mais une guerre du gaz, avant-goût de celle qui oppose Kiev à Moscou, avait eu lieu l'an dernier. En février 2004, Gazprom avait interrompu brièvement ses livraisons à la Biélorussie, dépendante à 90% du gaz russe. Le président Loukachenko avait alors dénoncé le «terrorisme» de Moscou.

    Gazprom avait obtenu en contrepartie de ce tarif bradé l'engagement de Minsk de lui céder la moitié du capital de Beltransgaz, l'entreprise publique qui exploite les gazoducs biélorusses. «La Biélorussie avait accepté ce que l'Ukraine a refusé l'an dernier», résume Jacques Sapir, économiste à l'Ecole des hautes études en sciences sociales de Paris et fin connaisseur de l'ex-URSS. Mais depuis, la Biélorussie n'a toujours pas cédé ses lucratifs tuyaux.

    A présent que Minsk ne peut plus invoquer l'élection présidentielle pour différer les discussions, Gazprom a entamé jeudi des pourparlers avec le ministre biélorusse de l'Energie et le directeur général de Beltransgaz. Objectif : «parvenir à une nouvelle entente sur le prix du gaz livré au Bélarus en 2007».

    Contrôler les voies de transit


    Gazprom et la Biélorussie se disputent depuis deux ans au sujet de la valorisation de Beltransgaz : Minsk voudrait vendre ce patrimoine stratégique pour 2,5 milliards de dollars, rapportait hier le quotidien Kommersant, alors que Gazprom n'en offre que 500 millions de dollars.

    En acquérant le réseau de gazoducs biélorusse, Gazprom (et, partant, le Kremlin) atteindrait son objectif stratégique de contrôler les voies de transit, explique au Moscow Times Oleg Maximov, spécialiste du marché du gaz auprès de la banque d'investissement Troika Dialog. «C'est une question politique, qui finira par être réglée entre les deux présidents», poursuit-il. Le contrôle des robinets biélorusses permettrait à Gazprom de diversifier ses voies d'accès au marché européen mais priverait de facto les Biélorusses de leur principale ressource économique et l'essentiel de leur souveraineté. En attendant le gazoduc germano-russe de la Baltique, prévu pour 2010, 80% des mètres cubes russes vendus à l'Union européenne sont acheminés via l'Ukraine, un allié incertain depuis la «révolution orange» et les élections législatives du 26 mars.

    «Une nouvelle ère dans les relations entre la Russie et la Biélorussie a commencé, juge Iaroslav Romantchouk, chercheur au centre d'études biélorusse Stratégie. Faute d'avoir obtenu le contrôle promis de Beltransgaz, Gazprom a opté pour le langage de la force.»

    L'expert s'attend à ce que le Kremlin impose des restrictions douanières sur les exportations de produits vers la Russie et cesse de soutenir financièrement le rouble biélorusse. Vladimir Poutine, bien que rêvant d'une intégration plus poussée de la Biélorussie dans l'ancien empire, trouverait, selon certains experts, son allié Loukachenko trop imprévisible. Le danger immédiat d'une révolution de velours désormais écarté, le maître du Kremlin pourrait s'accommoder de la disparition politique du président biélorusse. Quoi qu'il en soit, dans cette partie d'échecs, le dictateur de Minsk n'est pas en position de force.

    Par le Figaro
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