Téhéran évoque une “chute de la production mondiale”. Les extractions iraniennes seraient elles-mêmes sur point de décliner. Un élément pour comprendre pourquoi Téhéran est si pressé de maîtriser l’énergie atomique ?
Une alerte de plus sur le front du ‘peak oil’. Cette fois, elle vient d’Iran. Le représentant de Téhéran auprès de l’Opep, Mohammad Ali Khatibi, a déclaré le 7 décembre (Reuters) :
« Les marchés internationaux sont proches d’une crise due à une production de pétrole incertaine (…) Le monde s’inquiète de la sécurité des approvisionnements en énergie à cause de l’anticipation d’une chute de la production mondiale de pétrole et d’une chute des approvisionnements issus des pays non-Opep. »
Juillet 2010, des camions citernes remplis de pétrole kurde irakien de contrebande se dirigent vers la frontière iranienne. L’Iran, 4e producteur mondial de brut, n’en reste pas moins très dépendant des importations d’essence raffinée. [DR Ayman Oghanna pour le New York Times.]
Après le ministre de l’énergie britannique et le commissaire européen à l’énergie, M. Khatibi est le 3e responsable politique qui fait ouvertement état d’une possible crise énergétique imminente due à une insuffisance de la production pétrolière. [Steven Chu, le secrétaire à l’énergie américain est probablement inquiet lui aussi, a-t-on pu montrer sur ce blog.]
L’Iran est le second grand pays exportateur de brut à parler d’une possible chute de la production mondiale, après le Brésil. Sauf que le Brésil, grâce à ces nouveaux champs offshore, peut tabler sur une hausse de ses propres extractions dans les années futures.
La production de pétrole de l’Iran serait sur le point d’entrer en déclin.
L’Agence internationale de l’énergie pronostique [pdf, cf. p10] un recul de 0,7 million de barils par jour (mb/j) des extractions iraniennes d’ici à 2015. La production actuelle est de 4,2 mb/j. Le département de l’énergie américain s’attend lui à une chute de 0,4 million barils par jour (mb/j), toujours d’ici à 2015, selon un document mis au jour sur ce blog.
L’ASPO – l’association pour l’étude du ‘peak oil’, qui rassemble des pétrogéologues indépendants – juge également (mais depuis plus longtemps) que la production iranienne est sur le point de diminuer fortement, faute de réserves suffisantes encore exploitables. Jusqu’à son décès en 2007, l’Iranien Ali Morteza Samsam Bakhtiari fut l’un des piliers de l’ASPO. Durant sa carrière, le Dr Bakhtiari était un expert important de la compagnie pétrolière nationale iranienne.
La production iranienne ne décline pas, elle est stable depuis 2003.
La situation énergétique de l’Iran n’en est pas moins précaire.
Paradoxe : quatrième producteur mondial, l’Iran manque de capacités de raffinage, et doit importer une part importante de son essence raffinée (entre 20 et 40 % selon les analyses). Les sanctions adoptées par le conseil de sécurité des Nations unies en juin, en réaction à la politique nucléaire de Téhéran, compliquent encore la situation.
En cas de chute de sa production, l’Iran, qui compte 77 millions d’habitants, pourrait éprouver des difficultés à préserver sa capacité à exporter son pétrole, source de devises vitale pour une nation de plus en plus isolée politiquement et économiquement. Une étude de l’université américaine John Hopkins publiée en 2006 dans les PNAS envisage que les exportations iraniennes « tombent à zéro vers 2014-2015 ».
Le montant des réserves iraniennes serait dangereusement surévalué depuis la fin des années 80, ont dénoncé de nombreuses fois les pétrogéologues de l’ASPO (notamment le Dr Bakhtiari). En octobre, l’Iran et l’Irak se sont livrés à un jeu de surenchères sur les montants officiels de leurs réserves, sans que l’on sache ce qui justifie de telles augmentations.
Au cours des années 70, l’Iran a déjà connu une chute vertigineuse de ses extractions, de 6,1 mb/j en 1974 jusqu’à 1,2 mb/j en 1980, après l’avènement de la République islamique de l’ayatollah Khomeini.
L’industrie pétrolière iranienne n’a depuis jamais retrouvé son niveau de production d’avant le pic de 1974.
1974 fut également l’année du lancement du programme nucléaire iranien (à l’époque, ce programme voulu par le Shah bénéficiait de l’aide de ses alliés américains et français).
Hypothèse - Et si le but premier du programme nucléaire de la République islamique n’était pas la bombe A mais bien, comme elle le répète depuis des années, le développement de centrales électriques ? Et si la volonté farouche de Téhéran de disposer de l’énergie atomique s’expliquait aussi par la crainte de devoir parer à un nouvel effondrement de sa production pétrolière ?
Une alerte de plus sur le front du ‘peak oil’. Cette fois, elle vient d’Iran. Le représentant de Téhéran auprès de l’Opep, Mohammad Ali Khatibi, a déclaré le 7 décembre (Reuters) :
« Les marchés internationaux sont proches d’une crise due à une production de pétrole incertaine (…) Le monde s’inquiète de la sécurité des approvisionnements en énergie à cause de l’anticipation d’une chute de la production mondiale de pétrole et d’une chute des approvisionnements issus des pays non-Opep. »
Juillet 2010, des camions citernes remplis de pétrole kurde irakien de contrebande se dirigent vers la frontière iranienne. L’Iran, 4e producteur mondial de brut, n’en reste pas moins très dépendant des importations d’essence raffinée. [DR Ayman Oghanna pour le New York Times.]
Après le ministre de l’énergie britannique et le commissaire européen à l’énergie, M. Khatibi est le 3e responsable politique qui fait ouvertement état d’une possible crise énergétique imminente due à une insuffisance de la production pétrolière. [Steven Chu, le secrétaire à l’énergie américain est probablement inquiet lui aussi, a-t-on pu montrer sur ce blog.]
L’Iran est le second grand pays exportateur de brut à parler d’une possible chute de la production mondiale, après le Brésil. Sauf que le Brésil, grâce à ces nouveaux champs offshore, peut tabler sur une hausse de ses propres extractions dans les années futures.
La production de pétrole de l’Iran serait sur le point d’entrer en déclin.
L’Agence internationale de l’énergie pronostique [pdf, cf. p10] un recul de 0,7 million de barils par jour (mb/j) des extractions iraniennes d’ici à 2015. La production actuelle est de 4,2 mb/j. Le département de l’énergie américain s’attend lui à une chute de 0,4 million barils par jour (mb/j), toujours d’ici à 2015, selon un document mis au jour sur ce blog.
L’ASPO – l’association pour l’étude du ‘peak oil’, qui rassemble des pétrogéologues indépendants – juge également (mais depuis plus longtemps) que la production iranienne est sur le point de diminuer fortement, faute de réserves suffisantes encore exploitables. Jusqu’à son décès en 2007, l’Iranien Ali Morteza Samsam Bakhtiari fut l’un des piliers de l’ASPO. Durant sa carrière, le Dr Bakhtiari était un expert important de la compagnie pétrolière nationale iranienne.
La production iranienne ne décline pas, elle est stable depuis 2003.
La situation énergétique de l’Iran n’en est pas moins précaire.
Paradoxe : quatrième producteur mondial, l’Iran manque de capacités de raffinage, et doit importer une part importante de son essence raffinée (entre 20 et 40 % selon les analyses). Les sanctions adoptées par le conseil de sécurité des Nations unies en juin, en réaction à la politique nucléaire de Téhéran, compliquent encore la situation.
En cas de chute de sa production, l’Iran, qui compte 77 millions d’habitants, pourrait éprouver des difficultés à préserver sa capacité à exporter son pétrole, source de devises vitale pour une nation de plus en plus isolée politiquement et économiquement. Une étude de l’université américaine John Hopkins publiée en 2006 dans les PNAS envisage que les exportations iraniennes « tombent à zéro vers 2014-2015 ».
Le montant des réserves iraniennes serait dangereusement surévalué depuis la fin des années 80, ont dénoncé de nombreuses fois les pétrogéologues de l’ASPO (notamment le Dr Bakhtiari). En octobre, l’Iran et l’Irak se sont livrés à un jeu de surenchères sur les montants officiels de leurs réserves, sans que l’on sache ce qui justifie de telles augmentations.
Au cours des années 70, l’Iran a déjà connu une chute vertigineuse de ses extractions, de 6,1 mb/j en 1974 jusqu’à 1,2 mb/j en 1980, après l’avènement de la République islamique de l’ayatollah Khomeini.
L’industrie pétrolière iranienne n’a depuis jamais retrouvé son niveau de production d’avant le pic de 1974.
1974 fut également l’année du lancement du programme nucléaire iranien (à l’époque, ce programme voulu par le Shah bénéficiait de l’aide de ses alliés américains et français).
Hypothèse - Et si le but premier du programme nucléaire de la République islamique n’était pas la bombe A mais bien, comme elle le répète depuis des années, le développement de centrales électriques ? Et si la volonté farouche de Téhéran de disposer de l’énergie atomique s’expliquait aussi par la crainte de devoir parer à un nouvel effondrement de sa production pétrolière ?
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