Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Manifestation de soutien aux Tunisiens à Paris : "Il fallait que la rage sorte"

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Manifestation de soutien aux Tunisiens à Paris : "Il fallait que la rage sorte"

    Place de la fontaine des Innocents, à Paris, la pluie irrégulière qui tombe en cette fin de journée, jeudi 6 janvier, n'a pas empêché environ 250 manifestants de participer à un rassemblement de soutien au peuple tunisien. "Nous sommes ici pour affirmer notre solidarité à l'égard de nos confrères en Tunisie", assure un étudiant venu ici avec son frère et un ami. "Ce qui se passe est un mal pour un bien, poursuit-il, il fallait que la rage sorte un jour."

    Une mère de famille raconte que ses proches sur place ne sont pas touchés par la répression, mais elle se dit très inquiète à propos de ce qu'elle entend. Elle ne comprend pas le tragique destin de Mohamed Bouazizi le jeune homme dont le suicide par le feu, le 17 décembre, est à l'origine des troubles actuels. Il est décédé mardi soir. "Il était diplômé et pourtant, il n'a pas pu trouver de travail, comme tant d'autres jeunes en Tunisie."

    "ÉLU AVEC 99 % DES VOIX"
    Les revendications sont plus larges, elles dépassent le seul aspect social. Trois jeunes femmes affirment qu'elles sont ici contre la dictature. "Ce n'est pas normal que Ben Ali soit réélu tous les cinq ans avec 99,9 % des voix". Une de ses amies la reprend et ironise : "Il y a du progrès maintenant, le dernier scrutin lui donnait 96 %..." Les trois sont fières du mouvement de protestation.
    "Notre soutien ici en Europe va beaucoup les aider. En général, les mouvements sociaux sont trop vite réprimés."
    L'un des jeunes présents au rassemblement est né et a passé son bac à Sidi Bouzid, là où les émeutes ont commencé. Il y était le 18 décembre, un jour après le début des troubles. Il se demandait ce qu'il se passait. "J'étais choqué, je me croyais à Bagdad. Il y avait des pneus et des poubelles qui brûlaient sur les routes. J'ai mis une heure et demie pour arriver chez moi depuis la gare, d'habitude je mets une demi-heure..."

    "C'EST COMME LA RÉVOLUTION FRANÇAISE"
    Une fois mis au courant de la situation par sa mère et ses copains, il a lui-même participé aux manifestations, qu'il qualifie de guérilla entre les jeunes et la police. "C'est triste, mais les grands changements se passent comme ça. C'est comme la Révolution française", pense l'étudiant.
    La nouvelle génération est le moteur du mouvement. Elle cherche à s'émanciper d'un pouvoir qui ne lui laisse pas assez de place à ses yeux. "Les jeunes doivent participer à la vie sociale et politique. Ils doivent prendre leur part", déclare un manifestant dont le sentiment est partagé par tous ici.
    Un avocat considère que le premier objectif des manifestations est de briser le mur de la peur. "L'opposition est fragmentée, affaiblie mais on assiste peut-être à une fin de règne. Le résultat sera sans doute une scission au sein du parti au pouvoir. Un clan s'est accaparé toutes les richesses du pays, ça ne peut plus durer."
    Comme tous les interlocuteurs franco-tunisiens rencontrés, cet avocat ne donnera pas son nom. Trop risqué pour eux, s'ils espèrent se rendre encore en Tunisie, et aussi pour leurs familles restées sur place. Ils craignent trop les pressions.
    Les autorités tunisiennes ont décidé d'interdire l'accès au site Le Monde.fr.
    Guillaume Clerc
Chargement...
X