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Manifestations au Maghreb: "Il y a une spécificité tunisienne"

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  • Manifestations au Maghreb: "Il y a une spécificité tunisienne"

    Par Marie Simon, publié le 08/01/2011 à 10:00



    Lahcen Achy, économiste et chercheur à l'institut Carnegie du Moyen-Orient, compare les protestations nées du malaise social qui étreint la Tunisie et l'Algérie.

    Ce vendredi matin, la presse s'interroge sur "l'embrasement maghrébin" ou "l'éveil du Maghreb", après les manifestations en Tunisie et en Algérie. Peut-on ainsi généraliser? Le mouvement pourrait-il gagner le Maroc?

    Il y a peut-être un effet de contagion, les manifestations gagnent l'Algérie après la Tunisie, où les troubles durent depuis trois semaines. Quant au Maroc, tout est possible. Après tout, le problème des jeunes est commun au monde arabe: la déconnexion entre la politique économique et sociale de leurs pays et la tranche des jeunes est croissante, ils ne participent pas à la vie politique et peu d'opportunités économiques s'offrent à eux. Ainsi, dans le cas marocain, les manifestations de jeunes diplômés devant le Parlement font-elles déjà partie du paysage depuis les années 1990. Malgré tout, non, on ne peut pas généraliser: la situation algérienne et la situation tunisienne sont bien spécifiques.
    En quoi distingueriez-vous les mouvements algériens et tunisiens?

    En Algérie, on a déjà vu émerger des protestations contre la vie chère. Les confrontations non pacifiques sont nourries par le sentiment que les richesses du pays sont gaspillées et que les citoyens n'en bénéficient pas. Le plan quinquennal n'a pas été réalisé et il y a de réels dérapages dans la gestion des ressources nationales. Ces critiques ne sont pas nouvelles.
    En Tunisie, c'est assez nouveau de voir de telles manifestations sur la place publique, qui durent et se généralisent dans le pays. [En 2008, par exemple, un mouvement de contestation était né dans le bassin minier de Gafsa mais y était resté circonscrit, ndlr]. Et si le chômage des jeunes se trouve à la racine du mouvement, la participation s'élargit et dépasse la jeunesse.
    Les revendications vont aussi au-delà des questions économiques: les manifestants dénoncent les pratiques du régime, les privilèges des proches du président Ben Ali, veulent davantage de liberté d'expression et de droits. Le régime n'est relativement toléré que lorsque l'économie est performante, ou que la promesse de l'emploi et d'un niveau de vie acceptable est tenue. Mais ce contrat social ne semble plus tenir.
    u marché du travail dans ces pays.s
    Dans un rapport sur le chômage au Maghreb que vous avez réalisé pour l'institut Carnegie Moyen-Orient, vous soulignez qu'un recul relatif de celui-ci est un signe trompeur sur l'état decteur informel.

    Oui, car le chômage au Maghreb est en grande partie absorbé par le Les jeunes diplômés aussi se tournent vers ces emplois précaires plutôt que de rester sans travail. C'est finalement, sauf dans le cas de la Tunisie, un secteur refuge pour eux... En Algérie, une enquête récente de l'Office national des statistiques montre que les lauréats de l'enseignement supérieur n'ont plus aucune exigence en matière d'emploi, faute d'alternative.
    Pourquoi distinguez-vous la Tunisie des autres pays?
    Le report vers le secteur informel existe aussi en Tunisie: Mohamed Bouazizi, le vendeur ambulant de Sidi Bouzid qui s'est suicidé en s'immolant, avait des diplômes. Mais la tendance est beaucoup plus faible. Environ 20% des emplois se trouvent dans ce secteur, alors que ce taux passe à 40% au Maroc, 45% en Algérie et 50% en Egypte. Cette proportion s'explique en partie par la politique plus restrictive du régime tunisien qui exige de nombreuses autorisations administratives.
    Les jeunes Tunisiens aspirent encore à la mobilité sociale, alors que la résignation a gagné les autres jeunes du Maghreb
    En outre, depuis l'époque Bourguiba dans les années 1960-1970, la planification familiale a amené les parents tunisiens à investir dans l'éducation de leurs deux ou trois enfants. Le pays compte aujourd'hui plus d'étudiants que le Maroc ou l'Algérie, alors que sa population est moins importante. Dans ces deux pays, la transition démographique a été plus tardive, dans les années 1980-1990. Cela a nourri l'aspiration à la mobilité sociale des jeunes Tunisiens, alors que dans les autres pays, la résignation avait gagné les jeunes.
    La réponse des autorités publiques est-elle à la hauteur, alors que la crise économique mondiale envenime la situation? Prennent-elles les mesures suffisantes pour offrir, de nouveau, des perspectives aux jeunes du Maghreb?

    Elles peuvent mettre en place des mesures d'ajustement, pour soutenir l'entreprenariat ou l'emploi des jeunes, certes. Mais un gros problème structurel subsiste. Entre le secteur informel, en bas, et les grands projets menés par de gros investisseurs qui ont leurs entrées dans les palais présidentiels ou royaux, en haut, il manque un maillon essentiel: un tissu d'investisseurs moyens, dissuadés par des barrières dans certains secteurs, ou par l'absence de justice forte et impartiale. Or c'est ce "milieu" qui pourrait nourrir la croissance et relancer l'emploi.
    Ce tissu de petites et moyennes entreprises ne se constituera que si existent déjà une bonne gouvernance, une justice forte, un Etat de droit, une administration non corrompue... La Banque mondiale dénonçait ce climat dominé par les privilèges dans un rapport publié en 2009 qui concernait l'ensemble du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Et pour l'heure, il manque une chose essentielle aux Etats du Maghreb: une vision économique, une stratégie d'avenir.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Envoyé par SOLAS
    Le mouvement pourrait-il gagner le Maroc? ...
    Ainsi, dans le cas marocain, les manifestations de jeunes diplômés devant le Parlement font-elles déjà partie du paysage depuis les années 1990.
    C'est clair : les jeunes marocains bénéficient de la liberté de manifester , ce qui rend les émeutes sauvages peu probables à mon avis.

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    • #3
      C'est clair : les jeunes marocains bénéficient de la liberté de manifester , ce qui rend les émeutes sauvages peu probables à mon avis.
      j'aller dire quelque chose!!!!! mais maaliche

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      • #4
        non 3lih dit ce que tu as dire matkhaznich

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        • #5
          En effet il y a une specificité tunisienne et algerienne dans ce qui se passe actuellement au maghrheb. Malgres un marasme et un sentiment du mal-vivre communs aupres des jeunes maghrebins, et cela dans les trois grands pays du maghrheb, les protestaions sociales et politiques different de chaque pays. Je peux meme parler de l´exception marocaine dans ce sens, puique les manifestations au Maroc sont courantes et presque quotidiennes dans les quatres coins du Maroc. La difference, c´est que les protestations des marocains sont legalement autorisés et encadrées par la societe civile, les partis politiques ou les syndicats, et derapent rarement vers la violence. C´est la grande difference a mon avis entre les protestations des peuples des trois pays du Maghreb.

          Ce qui se passe en Algerie et en Tunisie, est le resultat de systemes politiques qui ne tolerent aucune forme de protestation ou de manifestation publique et pacifique, donc des jeuns citoyens ont brisé ce blocus de facon arbitraire. Le derapage vers la violence ne devrait pas suprendre, si on a affaire a des manifestations non encadrées, en plus d´etre non autorisées.

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