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Le Brésil champion cinq étoiles

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  • Le Brésil champion cinq étoiles

    Le Brésil est un pays béni. Il possède en Ronaldo un buteur ressuscité et en Ronaldinho l'un des plus grands espoirs du football de demain.

    Il possède en Cafu un capitaine de devoir et en Marcos un gardien capable de prouesses. Il possède en Rivaldo et en Roberto Carlos deux techniciens d'exception. Une équipe de football, dit- on, n'a jamais été la somme de ses individualités. Foutaises ! Tout semble tellement facile avec de tels joueurs. Le Brésil a battu l'Allemagne (2-0) dimanche 30 juin à Yokohama (Japon). Le voilà champion du monde pour la cinquième fois de son histoire. Le Brésil le doit au sens du but d'untel, aux réflexes de celui-là, aux coups d'accélération des autres ; et sans doute un peu "au bon Dieu", comme l'ont dit les vainqueurs, après la rencontre.

    Ce succès ne souffre aucune contestation. Les hommes de Luiz Felipe Scolari ont produit le jeu le plus spectaculaire du tournoi, ils ont remporté 7 matches consécutivement et Ronaldo a terminé en tête du classement des buteurs, avec 8 réalisations. Son doublé des 67e et 79e minutes l'a fait rejoindre Pelé dans le grand imaginaire du football brésilien. L'un et l'autre ont marqué 12 buts en Coupe du monde. Pelé y parvint toutefois dans un intervalle de douze ans, de 1958 à 1970, alors que Ronaldo n'a eu besoin que de deux Coupes du monde, mais avec une interminable convalescence au milieu. "une victoire chaque fois" "Chaque fois que je fais un pas sur un terrain et chaque fois que je marque un but, c'est une victoire pour moi", a déclaré l'homme au genou de cristal. "Et même si, ce soir, nous n'avions pas gagné, j'aurais pris une revanche personnelle en jouant à nouveau", a-t-il ajouté, en domptant son émotion.

    Quatre ans après sa défaite face à l'équipe de France à Saint-Denis (0-3), le Brésil aurait- il pu passer à côté d'un titre qui lui tendait les bras ? Oui. Pendant une heure, l'Allemagne a disputé un match presque parfait. "Presque", car aucun but n'est venu concrétiser sa supériorité physique et sa maîtrise tactique. Au contraire, les occasions les plus nettes sont venues des Brésiliens. "Nous avons eu le contrôle du match pendant toute la première mi-temps, a déclaré le sélectionneur allemand Rudi Völler. Mais la classe individuelle de nos adversaires a fait la différence."

    Après avoir vu Kleberson tirer sur la barre (44e), puis Oliver Kahn détourner du genou une frappe à bout portant de Ronaldo (45e), les Allemands pensaient sans doute que rien ne leur arriverait plus dans cette finale qu'ils avaient décidé de disputer comme des outsiders décomplexés. Tout bascula à la 67e minute. Oliver Kahn relâchait une frappe violente de Rivaldo. Lancé comme une fusée, Ronaldo n'avait plus qu'à conclure face au colosse à terre, hâtivement pressenti comme le meilleur joueur du tournoi. "Oliver n'a pas le moindre reproche à se faire. Nous savons tous ce que nous lui devons et les supporteurs le savent aussi", dira Rudi Völler. "J'ai parfaitement conscience que je n'ai commis qu'une seule erreur en sept matches. Mais cette erreur a été payée au prix fort", se désolera le gardien du Bayern Munich. Douze minutes tard, Oliver Kahn s'inclinait une nouvelle fois. Rivaldo venait de laisser passer entre ses jambes un ballon qu'il aurait pu parfaitement négocier lui-même afin de servir idéalement Ronaldo et démontrer, par la même occasion, qu'il n'est pas l'affreux footballeur individualiste que l'on décrit parfois. A 2-0, l'essentiel était fait.

    DÉCHIRURE POUR KAHN

    Marcos, qui avait détourné un tir brossé d'Oliver Neuville en début de seconde mi-temps, sauvait à nouveau les meubles grâce à quelques détentes de grande classe. A l'autre bout du terrain, Oliver Kahn, qui a joué pendant presque toute une mi-temps avec une déchirure du ligament dans un doigt, avait des raisons de se croire maudit. Le meilleur gardien du Mondial, ce n'est plus lui, à cet instant-là. Le meilleur gardien du Mondial porte un maillot gris avec quatre étoiles - et bientôt cinq - à l'emplacement du coeur. Au coup de sifflet final, les Brésiliens plongent dans un bonheur fou, comme si leur pays devenait champion du monde pour la première fois. Le fantôme de 1998 a été occis.

    Ronaldo pleure à chaudes larmes. Lucio, Edmilson et le remplaçant Kaka sont le nez dans le gazon et ils prient en silence. Denilson court dans tous les sens. Une banderole est brandie : "Peuple brésilien, merci pour ton affection !" Sous une pluie de confettis dorés et d'oiseaux en papier de soie, Cafu se fait remettre le trophée de 18 carats qu'il est le seul à avoir déjà soulevé auparavant, en 1994, lorsque le Brésil avait battu l'Italie en finale. "Je voudrais dire ceci à la population brésilienne : n'oubliez jamais l'image de ces garçons qui ont joué avec joie et avec amour et qui nous ont montré le chemin à suivre", lâchera Luiz Felipe Scolari. Quelque part, dans les entrailles de l'International Stadium de Yokohama, un tambour rythme une samba joyeuse chantée par deux dizaines de voix. Ronaldinho en tête, les footballeurs brésiliens passent devant les médias en se moquant des micros. Ronaldo et Rivaldo les rejoignent. Plus rien ne les retient, sinon l'envie de faire la fête. Ils sont champions du monde.

    Source: Le Monde
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