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Les Inrocks : En Algérie, "l'opposition a raté le coche"

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  • Les Inrocks : En Algérie, "l'opposition a raté le coche"

    (D'Alger) La place du 1er-Mai à Alger n’a pas été Maydan Tahrir, la célèbre place cairote, épicentre de la révolte qui a emporté Moubarak. Le sera-t-elle lors du deuxième rendez-vous des opposants face au pouvoir samedi prochain ? Les avis divergent, surtout que, samedi 12 février, l’onde de choc tunisienne, amplifiée par la révolution égyptienne, s’est violemment heurtée aux boucliers Plexi des 40 000 policiers assiégeant les 2000 à 3000 manifestants. 1 contre 10. Plus même.

    “Ils peuvent être des dizaines de milliers comme ils peuvent être des millions” : pronostic optimiste d’un des initiateurs de la marche sur le nombre des manifestants ? Non. Déclaration du ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, évoquant le nombre de policiers mobilisés !

    Des files de véhicules tout-terrain, de camions de CNS (équivalent des CRS) pleins à craquer, des hélicoptères en vol stationnaire, des milliers de policiers en civil, des renforts venus des wilayas limitrophes d’Alger : l’état de siège continue. La veille, le vendredi, des militants du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) se sont accrochés avec la police assiégeant leur bureau d’Alger : ils voulaient fêter la chute de Moubarak. L’atmosphère reste tendue à Alger depuis les émeutes de janvier : des dizaines de camions de “l’antiémeute” sont cantonnés dans plusieurs artères d’une capitale nerveuse, criblée de mille rumeurs.

    Casser le mur de la peur

    Pour les initiateurs de la marche du 12 février – la Coordination nationale pour le changement démocratique (CNCD) –, la manifestation de samedi dernier est un succès, au vu de l’état d’urgence en vigueur depuis dix-neuf ans et la stricte interdiction des marches à Alger. Pour ce journaliste d’un grand quotidien algérois, “l’essentiel est de casser le mur de la peur, même un petit millier de manifestants rassemblés dans un seul endroit et pour les mêmes objectifs – un changement démocratique pacifique –, c’est un succès face à l’armada déployée par le pouvoir et ses relais politiques et médiatiques”.

    D’autant que, depuis la fin des années 1990, on n’avait jamais vu une telle alliance : encerclés par un impressionnant cordon policier, des féministes, des artistes, des étudiants, de jeunes bloggeurs, des journalistes, des retraités, d’anciens cadres injustement incarcérés, quelques politiques, les familles des disparus des années 1990 et des associations de victimes du terrorisme… tous étaient là, ensemble !

    “C’est déjà un challenge important, souligne un sociologue qui a longtemps vécu en Egypte, mais la fracture est là : notre ‘opposition’ est si morcelée que le pouvoir n’a même plus besoin de ruser pour la mater.”
    Et c’est tout le problème : déjà, le “plus vieux parti d’opposition”, le Front des forces socialistes (FFS, né en 1963), dirigé par une figure de la guerre de la libération, Hocine Aït Ahmed, s’est désolidarisé de la marche du 12. Pourquoi ? Le RCD, membre de la Coordination, est accusé par son frère ennemi, le FFS donc, de “connivence avec le pouvoir” : cela remonte aux années 1990, quand le FFS préconisait le dialogue avec les islamistes, alors que le RCD faisait partie, avec une large proportion de la société civile, du camp des “éradicateurs”.

    Grand reporter, Ghania Mouffok observe : “Le plus gros problème des initiateurs de cette marche reste l’adhésion populaire.” Plus tranchant, le jeune politologue Tarek Allaouache s’emporte :

    “Ces prétendus ‘opposants’ ne comprennent très probablement pas que la morale et la liberté des Algériens ne dépendent ni du général Toufik (chef des services secrets, le DRS – ndlr), ni du président Bouteflika, ni de l’activisme débile, hystérique et paranoïaque de cette ‘opposition’. Ils font de la politique, un point c’est tout. A ce titre, ils n’ont aucun droit à confisquer la parole du ‘peuple’ plus que ne le fait le système de gouvernement.”
    La preuve de cette défiance de la population envers ceux qui se voudraient les représentants de la société civile ? Des étudiants ont refusé de se joindre à la manif de samedi tant que Said Sadi, président du RCD, était sur place !

    D’autres jeunes du quartier ont attendu que les leaders de la marche s’en aillent pour prendre leur relais alors qu’en début de matinée, ils conspuaient les manifestants en scandant “Bouteflika n’est pas Moubarak” ! “Il n’y a aucune jonction entre ce qui se déclare comme opposition et le peuple, les jeunes. Où était tout ce beau monde durant les émeutes populaires de janvier dernier ?”, lit-on sur le mur Facebook d’une jeune Algéroise.

    "L'opposition reste sourde"

    H’mida Layachi, directeur des quotidiens Algérie News et Djazair News, et spécialiste des mouvements islamistes, renchérit :

    “Ce n’est qu’après la révolution tunisienne que “l’opposition” s’est rendu compte qu’elle avait raté le coche en ne surfant pas sur les émeutes et les immolations de janvier.”
    Nacer Djabi, sociologue spécialiste des révoltes de la fin des années 1980, enchaîne : “Les colères populaires sont muettes, dans le sens où personne ne leur donne une dimension politique comme cela s’est passé en Egypte ou en Tunisie, où on a vu la classe moyenne, et même aisée, prendre à bras-le-corps les thèmes socio-économiques de la fronde du peuple. En face, ‘l’opposition’ reste sourde, elle n’arrive pas à écouter, piégée par des schémas dépassés de la lecture des dynamiques sociales. Même les islamistes salafistes, pourtant proches de la rue, ont mis du temps à surfer sur la grogne populaire des années 1980”, appuie-t-il.

    D’où peut venir l’espoir du changement ? “D’une jonction des organisations de la société civile avec le peuple, après épuration du solde terrible des années 1990, ou bien, comme d’habitude depuis la guerre de libération, d’une alternance interne dans le régime”, assène tranquillement A., jeune cadre proche des srabess, les puissants services secrets. “Comme depuis l’indépendance, l’armée et ses services secrets préparent la pépinière des hauts cadres de l’Etat, mais avec le déclin de la santé du président Bouteflika, les services ont accéléré la cadence : promotion de jeunes élites, formation de très jeunes membres d’associations citoyennes pour préparer la fatidique alternance du système et le réformer sans cassure”, explique-t-il.

    En somme, la recette des années 1970, que même les communistes clandestins ont soutenu à l’époque : le fameux “changement de l’intérieur” !

    “Oui mais là, il y a vraiment urgence pour sauvegarder le pays : un président très malade, une société qui bouillonne, des enjeux régionaux immenses. Il faut une alternance !”
    La révolte algérienne est bien compliquée : Etat et peuple se sont forgés dans la violence et l’intrigue ; et il existe des enjeux colossaux en termes de global war, contre Al-Qaeda au Maghreb islamique, et de rente pétrolière. Le modèle algérien du “printemps démocratique arabe” risque de réserver bien des surprises.

    Adlène Meddi

  • #2
    un président très malade, une société qui bouillonne, des enjeux régionaux immenses. Il faut une alternance !”
    une société qui bouillonne ???????
    "L' Algérie c'est le seul pays, où quand les gens me tendaient la main c'était pour m'offir quelque chose alors que dans les autres pays c'était pour m' en demander " Yann Arthus Bertrand

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    • #3
      La place du 1er-Mai à Alger n’a pas été Maydan Tahrir, la célèbre place cairote
      Si le pouvoir est sur qu'il n y'aurait que 250 manifestants pourquoi recourir à 35000 policiers?
      Pas à la tique ..

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      • #4
        pour la mam !

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