Medelci: «La crise en Libye risque de booster le terrorisme»
[M. Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, répond aux questions des journalistes de l’Expression portant sur les sujets brûlants de l’actualité internationale: Libye, Tunisie, Maroc, France etc...
Monsieur le Ministre, la Libye focalise l’actualité régionale et internationale. En visite en Algérie, le Ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a fait part, mardi dernier, de ses craintes d’une recrudescence du terrorisme, tout en jugeant excessives les frappes sur ce pays voisin. L’Algérie partage-t-elle, Monsieur le Ministre, la même vision que la Russie sur la situation en Libye?
L’Algérie s’est exprimée à maintes reprises, a travers des organes de presse étrangers pour faire passer des messages à l’extérieur. Elle s’est exprimée, également, à travers les organes de la presse nationale, c’est pour cela que je suis heureux de vous recevoir, aujourd’hui, pour continuer à apporter des éclaircissements.
J’ai mis la lumière sur le risque terroriste qui était lié aux événements que nous constatons, malheureusement, en Libye. La situation dans ce pays se caractérise d’une part, par une déliquescence du pouvoir, et par un foisonnement d’armes dont l’utilisation est plus ou moins, incontrôlée.
L’Algérie a appelé à l’arrêt des hostilités. Avant même que la résolution 1973 n’ait été prise, nous avions condamné les hostilités tout en demandant le cessez-le-feu entre Libyens d’abord.
Dans notre esprit, il n’existe pas de violences que nous devons gérer différemment. C’est le même message appelant à l’arrêt des combats qu’ils viennent des Libyens ou des étrangers que nous réitérons aujourd’hui. Parce qu’il s’agit de nos frères et voisins avec lesquels nous avons une histoire commune.
Le deuxième message ne concerne pas seulement la Libye mais il est valable pour la sous-région. Nous avons dit à la communauté internationale: faisons attention, si vous continuez ainsi, vous allez devoir gérer un problème de recrudescence non pas du terrorisme, mais des capacités offertes aux terroristes dont la nuisance va s’exprimer davantage. Notre message est d’attirer l’attention sur les effets secondaires de ce premier «séisme», car nous constatons que les Libyens sont en train de s’entre-tuer. Il y a un second «séisme» qui risque de se préparer avec le foisonnement d’armes dans la région.
A ce moment-là cela ne concernera pas seulement les Libyens, mais tous ses pays voisins, plus particulièrement l’Algérie. Notre pays a vécu cela dans sa chair. Dans son histoire. Elle sait que la vigilance, qu’elle a toujours mis en avant, même lorsque nous avions le sentiment d’avoir vaincu le terrorisme, restait toujours de mise.
Aujourd’hui, plus que jamais, nous devons attirer l’attention de tous les pays de la région et l’ensemble de la communauté internationale que ce qui se passe en Libye peut être considéré comme une chance de plus que nous donnons aux terroristes.
Cette situation va être, évidemment, exacerbée par l’intervention étrangère, dans la mesure où elle va donner une validité au développement de l’action terroriste sur le plan idéologique. C’est ce message que nous avons donné, hier, lors de la conférence de presse conjointe avec le ministre russe, M.Lavrov. La position russe est la même que la nôtre et beaucoup de pays influents la partagent.
La position de l’Algérie a été jugée ambiguë concernant la décision de la Ligue arabe au point où il a été dit que nous étions en retard par rapport à d’autres pays, notamment les puissances occidentales. Pourriez-vous, Monsieur le Ministre, nous donner une explication?
L’intention de départ qu’elle ait été portée par les pays arabes ou par d’autres était d’apporter une sécurité supplémentaire aux Libyens dont certains ont fait l’objet de violences de la part d’autres Libyens. Cette situation a créé une émotion dans la région et dans le monde.
Cette émotion a pu être gérée de plusieurs manières. Les pays du Golfe ont jugé que la situation était suffisamment grave et qu’il faut aller vers le Conseil de sécurité. Ils ont pris cette décision au niveau du Conseil du Golfe. Ils ont souhaité, par la suite, la partager avec les pays arabes tout en sachant qu’ils étaient alignés bien entendu sur la même position.
Lors de la réunion du 12 mars de la Ligue arabe, l’Algérie a apporté sa contribution au débat. Je l’ai expliqué dans ma conférence de presse de mardi dernier et je voudrais me répéter aujourd’hui de manière très claire. D’abord, nous étions conscients en arrivant à cette réunion qu’on allait nous demander d’apporter une caution à la démarche de la création d’une zone d’exclusion aérienne. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes préparés d’une manière exceptionnelle.
Nous avons informé l’opinion de notre position avant même la fin de cette réunion, et ce, par le biais d’une dépêche APS. Premièrement, nous avons exprimé notre souhait de voir s’arrêter les hostilités le plus rapidement possible.
Deuxièmement, avant d’aller à la saisine du Conseil de sécurité, il fallait envoyer une commission d’enquête en Libye pour que nous puissions, à l’occasion d’autres réunions des ministres arabes, être informés de manière contradictoire de ce qui se passe réellement dans ce pays.
Malheureusement, de Libye parvenaient des informations qui se contredisaient. Nous avions demandé - et ceci avant de délivrer un quelconque message au Conseil de sécurité- une concertation préalable entre la Ligue arabe et l’Union africaine.
Sur ces deux points, nous n’avons pas été suivis. Par contre, nous avons été suivis sur trois autres points. Le premier est celui qui insistait sur le caractère préventif de la création d’une zone d’exclusion aérienne.
Nous avons, également, demandé que le mandat soit limité dans le temps, ce qui a été accepté. Ceci est clairement mentionné - à notre demande- dans la lettre envoyée au secrétaire général de l’ONU. Le troisième point, qui a été mentionné dans la décision, est celui du respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté des pays voisins. La position de l’Algérie avait été présentée par moi-même à l’ouverture des travaux et donc c’est ce que le bureau du conseil considère comme étant l’expression de la position officielle de l’Algérie. Formellement, nous n’avons pas exprimé des réserves, mais notre position a été consignée de manière formelle comme je viens de le souligner.
Monsieur le Ministre, quelles sont les dispositifs pris par l’Algérie pour assurer la sécurité de ses frontières? Comment appréhendez-vous, Monsieur le Ministre, la succession des événements sur le plan de la sécurité nationale et internationale?
Nos frontières n’ont pas attendu ce jour pour être sécurisées. Devant un risque, des dispositifs sont pris en fonction des situations. Il s’agit de prendre des dispositions, prises en pareil cas par toutes les armées y compris la nôtre. Le problème de la sécurité ne concerne pas seulement la Défense nationale, mais aussi, d’autres institutions.
Laissons le soin à ceux qui en ont la charge d’avoir leurs propres appréciations et de le dire le moment venu. Nos institutions, en particulier notre Armée nationale, a intégré ce risque-là. On en a tiré probablement les conséquences. Je ne peux pas vous en parler aujourd’hui. Le problème de la sécurité n’est pas seulement de renforcer les dispositifs sécuritaires, mais de prévenir le risque. La prévention du risque nous ramène au volet politique du problème dont nous discutons.
[M. Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, répond aux questions des journalistes de l’Expression portant sur les sujets brûlants de l’actualité internationale: Libye, Tunisie, Maroc, France etc...
Monsieur le Ministre, la Libye focalise l’actualité régionale et internationale. En visite en Algérie, le Ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a fait part, mardi dernier, de ses craintes d’une recrudescence du terrorisme, tout en jugeant excessives les frappes sur ce pays voisin. L’Algérie partage-t-elle, Monsieur le Ministre, la même vision que la Russie sur la situation en Libye?
L’Algérie s’est exprimée à maintes reprises, a travers des organes de presse étrangers pour faire passer des messages à l’extérieur. Elle s’est exprimée, également, à travers les organes de la presse nationale, c’est pour cela que je suis heureux de vous recevoir, aujourd’hui, pour continuer à apporter des éclaircissements.
J’ai mis la lumière sur le risque terroriste qui était lié aux événements que nous constatons, malheureusement, en Libye. La situation dans ce pays se caractérise d’une part, par une déliquescence du pouvoir, et par un foisonnement d’armes dont l’utilisation est plus ou moins, incontrôlée.
L’Algérie a appelé à l’arrêt des hostilités. Avant même que la résolution 1973 n’ait été prise, nous avions condamné les hostilités tout en demandant le cessez-le-feu entre Libyens d’abord.
Dans notre esprit, il n’existe pas de violences que nous devons gérer différemment. C’est le même message appelant à l’arrêt des combats qu’ils viennent des Libyens ou des étrangers que nous réitérons aujourd’hui. Parce qu’il s’agit de nos frères et voisins avec lesquels nous avons une histoire commune.
Le deuxième message ne concerne pas seulement la Libye mais il est valable pour la sous-région. Nous avons dit à la communauté internationale: faisons attention, si vous continuez ainsi, vous allez devoir gérer un problème de recrudescence non pas du terrorisme, mais des capacités offertes aux terroristes dont la nuisance va s’exprimer davantage. Notre message est d’attirer l’attention sur les effets secondaires de ce premier «séisme», car nous constatons que les Libyens sont en train de s’entre-tuer. Il y a un second «séisme» qui risque de se préparer avec le foisonnement d’armes dans la région.
A ce moment-là cela ne concernera pas seulement les Libyens, mais tous ses pays voisins, plus particulièrement l’Algérie. Notre pays a vécu cela dans sa chair. Dans son histoire. Elle sait que la vigilance, qu’elle a toujours mis en avant, même lorsque nous avions le sentiment d’avoir vaincu le terrorisme, restait toujours de mise.
Aujourd’hui, plus que jamais, nous devons attirer l’attention de tous les pays de la région et l’ensemble de la communauté internationale que ce qui se passe en Libye peut être considéré comme une chance de plus que nous donnons aux terroristes.
Cette situation va être, évidemment, exacerbée par l’intervention étrangère, dans la mesure où elle va donner une validité au développement de l’action terroriste sur le plan idéologique. C’est ce message que nous avons donné, hier, lors de la conférence de presse conjointe avec le ministre russe, M.Lavrov. La position russe est la même que la nôtre et beaucoup de pays influents la partagent.
La position de l’Algérie a été jugée ambiguë concernant la décision de la Ligue arabe au point où il a été dit que nous étions en retard par rapport à d’autres pays, notamment les puissances occidentales. Pourriez-vous, Monsieur le Ministre, nous donner une explication?
L’intention de départ qu’elle ait été portée par les pays arabes ou par d’autres était d’apporter une sécurité supplémentaire aux Libyens dont certains ont fait l’objet de violences de la part d’autres Libyens. Cette situation a créé une émotion dans la région et dans le monde.
Cette émotion a pu être gérée de plusieurs manières. Les pays du Golfe ont jugé que la situation était suffisamment grave et qu’il faut aller vers le Conseil de sécurité. Ils ont pris cette décision au niveau du Conseil du Golfe. Ils ont souhaité, par la suite, la partager avec les pays arabes tout en sachant qu’ils étaient alignés bien entendu sur la même position.
Lors de la réunion du 12 mars de la Ligue arabe, l’Algérie a apporté sa contribution au débat. Je l’ai expliqué dans ma conférence de presse de mardi dernier et je voudrais me répéter aujourd’hui de manière très claire. D’abord, nous étions conscients en arrivant à cette réunion qu’on allait nous demander d’apporter une caution à la démarche de la création d’une zone d’exclusion aérienne. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes préparés d’une manière exceptionnelle.
Nous avons informé l’opinion de notre position avant même la fin de cette réunion, et ce, par le biais d’une dépêche APS. Premièrement, nous avons exprimé notre souhait de voir s’arrêter les hostilités le plus rapidement possible.
Deuxièmement, avant d’aller à la saisine du Conseil de sécurité, il fallait envoyer une commission d’enquête en Libye pour que nous puissions, à l’occasion d’autres réunions des ministres arabes, être informés de manière contradictoire de ce qui se passe réellement dans ce pays.
Malheureusement, de Libye parvenaient des informations qui se contredisaient. Nous avions demandé - et ceci avant de délivrer un quelconque message au Conseil de sécurité- une concertation préalable entre la Ligue arabe et l’Union africaine.
Sur ces deux points, nous n’avons pas été suivis. Par contre, nous avons été suivis sur trois autres points. Le premier est celui qui insistait sur le caractère préventif de la création d’une zone d’exclusion aérienne.
Nous avons, également, demandé que le mandat soit limité dans le temps, ce qui a été accepté. Ceci est clairement mentionné - à notre demande- dans la lettre envoyée au secrétaire général de l’ONU. Le troisième point, qui a été mentionné dans la décision, est celui du respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté des pays voisins. La position de l’Algérie avait été présentée par moi-même à l’ouverture des travaux et donc c’est ce que le bureau du conseil considère comme étant l’expression de la position officielle de l’Algérie. Formellement, nous n’avons pas exprimé des réserves, mais notre position a été consignée de manière formelle comme je viens de le souligner.
Monsieur le Ministre, quelles sont les dispositifs pris par l’Algérie pour assurer la sécurité de ses frontières? Comment appréhendez-vous, Monsieur le Ministre, la succession des événements sur le plan de la sécurité nationale et internationale?
Nos frontières n’ont pas attendu ce jour pour être sécurisées. Devant un risque, des dispositifs sont pris en fonction des situations. Il s’agit de prendre des dispositions, prises en pareil cas par toutes les armées y compris la nôtre. Le problème de la sécurité ne concerne pas seulement la Défense nationale, mais aussi, d’autres institutions.
Laissons le soin à ceux qui en ont la charge d’avoir leurs propres appréciations et de le dire le moment venu. Nos institutions, en particulier notre Armée nationale, a intégré ce risque-là. On en a tiré probablement les conséquences. Je ne peux pas vous en parler aujourd’hui. Le problème de la sécurité n’est pas seulement de renforcer les dispositifs sécuritaires, mais de prévenir le risque. La prévention du risque nous ramène au volet politique du problème dont nous discutons.
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