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Les multinationales plus riches que les Etats

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  • Les multinationales plus riches que les Etats

    Quand les multinationales deviennent plus riches que des Etats comment assurer une bonne gouvernance et qui gouverne réellement, le pouvoir politique ou les multinationales et les connections sont elles unilatérales ou bilatérales?

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    Selon un rapport de la CNUCED en 2000, dans une liste de classement conjointe des pays et des entreprises selon le poids économique, le poids du groupe Exxon est comparable à celui du Chili ou du Pakistan. Le Nigeria se situe derrière Daimler Chrysler et General Electric, tandis que Philip Morris égale la Tunisie, la Slovaquie et le Guatemala et que Siemens se classe plus haut que le Vietnam et la Libye. Exxon, rapporte l’AFP (30.01.06), a gagné en 2005 371 milliards de dollars, soit plus que le PIB de l’Arabie saoudite, premier producteur mondial de pétrole.

    Cette gigantesque concentration de moyens financiers et industriels a besoin de plus de champ pour vivre et prospérer, elle en a, en grande partie, mis en place les conditions, par la mise en friche des espaces économiques des pays dépendants, fortement fragilisés. L’application des règles régaliennes du FMI et de la BIRD, temple du libéralisme triomphant, a ouvert la voie aux entreprises multinationales (EMN) dont plus de 48% sont états-uniennes et plus de 99% sont du monde industrialisé. En 2001, elles réalisent pour 19.063.307 10.6 U$ de chiffres d’affaires où les américaines participent pour 57%. Les EMN ont surtout besoin de dérégulation des marchés des biens, des services et du travail et de levée des contrôles. Les Etats dominés s’alignent et leur ouvrent les portes du pays, quand elles veulent bien se présenter et «combler» les vides créés par les plans d’ajustement structurel réalisés à leur intention.

    Cette dérégulation ne s’applique pas, bien sûr, à la liberté de circuler des plus pauvres vers les plus riches.

    Elles dérangent aussi quand une EMN naissante, de pays «émergents» veut chasser sur les terres des «déjà puissants». Les produits chinois sont les malvenus en Occident et les capitaux arabes perdent leur pouvoir d’achat quand ils s’aventurent dans le patrimoine américain. Une caractéristique nouvelle de la victoire des EMN sur l’échiquier économique mondial est le moyen de pression par le chantage de la délocalisation qui est brandi devant les travailleurs occidentaux (désormais «surpayés») ; c’est la mise en concurrence inédite du salariat international. Produire là où le travail n’est pas cher et réaliser la valeur tirée là où se trouve le pouvoir d’achat.
    Cependant, le déséquilibre entre pays riches et pays pauvres est loin d’être affecté en termes d’emplois.

    Mais désormais, avec des possibilités nouvelles, les EMN changent de centre de gravité au gré de leurs intérêts et des conjonctures politiques.
    Leur gain en puissance, leur pouvoir économique les fait de plus en plus dévoiler leurs connexions avec les pouvoirs en place. Ceux qui décident et ceux qui exécutent. Le gouvernement actuel des USA est investi de dirigeants ou d’ex-dirigeants de grandes entreprises, qui tirent directement profit de cet état de fait, sans que cela soulève d’objection dans l’establishment. Les règles de la libre concurrence, elles-mêmes, sont malmenées. Ainsi, 200 milliards de dollars sont obtenus par Lookheed-Northrop-Grumman-British Aerospace pour l’achat d’avions furtifs et deux membres du gouvernement Bush sont des «anciens» de cette maison, de même que l’épouse de Dick Cheney.

    Le même Dick Cheney est ex-PDG d’Halliburton, dont la filiale Brown & Root assure la logistique de l’armée des Etats-Unis. Rice est membre du conseil d’administration de Chevron (pétrole) et toucherait entre 0,25 et 0,5 million $. On dit que les salaires de Bush et de ses collaborateurs «font figure d’argent de poche à côté de ce qu’ils touchent des EMN».

    Pour ce qui est des rapports des EMN avec les pays pauvres, un rapport de l’OCDE (N°2002/1) dévoile que, «à travers les sommes qu’elles versent à des pays en proie à des troubles, les entreprises multinationales peuvent involontairement jouer un rôle dans les difficultés de ces pays en étant à l’origine de financements et d’enjeux qui alimentent le conflit». Le même rapport enfonce le clou par cette tentative de dédouanement qui voudrait que «la question du juste "rôle" qu’elles doivent jouer en la matière est loin d’être simple». Le rapport continue : «Elles ont versé des milliards de dollars US de revenu à des régimes corrompus et, en signant des accords de confidentialité avec ces régimes… sans parler des souffrances infligées à la population auxquelles les entreprises multinationales peuvent avoir participé indirectement, leur attitude est une source de problèmes pour la politique internationale et le monde des entreprises qui s’efforce de vanter les avantages de l’investissement direct étranger.» Les IDE et ce qu’ils peuvent drainer parfois ! Et c’est l’OCDE qui en parle. L’organisation ne dit pas s’il faut verser des milliards de dollars à des régimes non corrompus. Peut-être pense-t-elle qu’il faut le faire pour pouvoir ensuite dire qu’ils sont corrompus. C’est à voir.

    Il faut croire que les régimes concernés le rendent bien. A un questionnaire du BIT qui mesure le degré de respect par les EMN des règles de la Déclaration de principes tripartite sur les entreprises multinationales et la politique sociale, elles ont obtenu que «très peu de répondants ont pu fournir des informations concrètes et détaillées au sujet des effets des activités des EMN dans leur pays sur la création d’emplois, les conditions d’emploi et l’introduction de nouvelles technologies».

    On peut lire plus loin que «bon nombre de répondants n’ont répondu qu’à quelques-unes des questions et qu’un nombre considérable de réponses ne répondait pas directement aux questions posées». Le questionnaire a été renseigné dans 100 pays, par les gouvernements, les organisations d’employeurs et les organisations de travailleurs. L’aveu du contrôle politique est sans fioritures : «31 gouvernements, six organisations d’employeurs, six organisations de travailleurs, une réponse tripartite : à quelques exceptions près, la plupart des répondants ont indiqué que le gouvernement consultait les EMN sur les questions et priorités relatives au développement.» Quid des concepts de démocratie et de souveraineté populaire en tant que sources de pouvoir ? Au sud comme au nord de la planète, la radicalisation de la logique marchande, l’instauration d’un «capitalisme absolu» pose le droit de l’humanité à se défendre.

    Par La Tribune
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