Du gaz et du pétrole dans le Gharb et le pré-Rif
Maroc Hebdo International: Les investissements engagés dans l’exploration pétrolière, par l’Office ou par ses partenaires, ont, au lieu de s'inscrire dans une courbe croissante, baissé de manière substantielle en 2010. Qu’est-ce qui explique cette chute?
Amina Benkhadra: Pour ce qui est des investissements engagés dans l’exploration pétrolière, durant la phase d’exploration d’un bassin quelconque, la répartition des dépenses n’est pas régulière car les étapes d’exploration avant la réalisation du premier puits ne comptent que pour 20 à 25% du coût total de l’exploration alors que le forage du premier puits peut aller jusqu’à 85% des dépenses totales. Ainsi, le profil des coûts en fonction du temps se trouve irrégulier avec un pic vers la fin de la phase d’exploration qui coïncide avec la réalisation du puits d’exploration. Dans ce cas précis, les engagements financiers effectués par nos partenaires en 2010 sont de l’ordre de 746,6 millions de dirhams, alors qu’ils se montaient à 1.597 millions en 2009, du fait de l’impact des coûts de forages réalisés en 2009. Et ceux de l’Office? Les travaux propres à l’ONHYM, par contre, n’ont pas connu de grands changements au niveau des dépenses, qui sont de 86 millions de dirhams en 2009, contre 81,5 millions en 2010, ce qui représente respectivement 5 et 9% du coût total de l’exploration pétrolière au Maroc pendant cette période. L’écart de 4,5 millions de dirhams entre les deux années est insignifiant en termes de coût d’exploration.
Peut-on encore interpréter cette baisse par l’impact de la crise financière mondiale?
Amina Benkhadra: Malgré une conjoncture financière et économique internationale dont les effets négatifs ont été ressentis particulièrement au niveau de l’industrie pétrolière internationale, l’ONHYM a pu maintenir un rythme soutenu des activités d’exploration comme en témoignent les différents travaux réalisés par nos partenaires pendant cette période. En effet, sur le plan du partenariat, l’année 2010 a été marquée par la signature de deux nouveaux accords pétroliers, de deux nouveaux contrats de reconnaissance et de trois “Memorandum of Understanding” associant de nouveaux opérateurs internationaux.
Cela signifie-t-il que certains contrats avec les explorateurs ont été modifiés ou annulés?
Amina Benkhadra: L’exploration pétrolière dans les bassins sédimentaires marocains se déroule le plus normalement possible selon les programmes et prévisions établis tout en respectant les mesures de sécurité et de sauvegarde de l’environnement conformément aux standards internationaux. A ce jour, aucun contrat n’a fait l’objet d’aucune modification ni annulation. Bien au contraire, nos partenaires ont parfois réalisé plus de travaux que ne l’exigent les programmes pour lesquels ils se sont engagés et ceci pour des raisons d’acquisition de complément de données géologiques et géophysiques non planifiées mais indispensables à la compréhension et à la définition des systèmes pétroliers de nos bassins. Depuis quelques années, l’on entend parler de gisements ici et là.
Au delà des effets d’annonce, quel est le potentiel réel du sol marocain en matière de pétrole et de gaz?
Amina Benkhadra: La recherche pétrolière au Maroc a connu un réel essor ces dernières années grâce aux efforts consentis par l’ONHYM et ses partenaires. Ces efforts ont été couronnés par la réalisation de plusieurs découvertes, notamment dans la région du Gharb, zone connue depuis des décennies pour son potentiel important malgré la taille modeste des découvertes; et également en offshore suite à la découverte faite par Repsol et ses partenaires sur le permis “Tanger– Larache”.
Peut-on avoir des chiffres?
Amina Benkhadra: Depuis 2008, la société irlandaise Circle Oil Maroc Limited a réalisé sur son permis de recherche “Sebou Onshore”, dans la région du Gharb, onze forages positifs qui ont mis en évidence des accumulations modestes de gaz naturel. Une estimation préliminaire des réserves découvertes suite à la réalisation des essais de courte durée évalue des réserves à quelques centaines de millions de Nm3 (normaux mètres cubes). Concernant le travail de Repsol et ses partenaires en 2009, le puits Anchois-1 a permis la découverte de deux niveaux gazéifères, dont les réserves récupérables en gaz sont estimées à 3 milliards de Nm3. Ce résultat positif a encouragé la société à mener davantage de travaux de recherches, surtout que l’interprétation sismique a mis en évidence la présence de plusieurs prospects sur ledit permis. Actuellement, Repsol et ses partenaires sont en cours de réalisation d’un deuxième forage sur ce permis. Les résultats de ce forage sont attendus vers mi-juin. La société canadienne Transatlantic, qui détient plusieurs permis dans les régions du Gharb et du Pré-Rif a réalisé sept forages, dont seul le puits HR-33-bis (situé sur le permis de Tselfat) a montré des indices d’hydrocarbures. Les essais de ce puits ont été entamés en octobre 2010 et ont permis la production de pétrole et de gaz. Toutefois, le potentiel et la commercialité de cette découverte ne pourront être déterminés qu’à l’issu des essais de puits toujours en cours. Hormis ces sociétés, plusieurs compagnies pétrolières opèrent aujourd’hui au Maroc sur des zones de reconnaissance ou des permis d’exploration, tant en onshore qu’en offshore.
Quel impact ces nombreuses découvertes auront-elles sur l'autonomie énergétique du Maroc?
Amina Benkhadra: Toute découverte économiquement exploitable est toujours la bienvenue pour un pays comme le Maroc, qui dépend à 96% de ses besoins en produits pétroliers et qui connaît un essor économique continu et dont les besoins en énergie connaissent une forte progression d’année en année. Par ailleurs, les découvertes de gaz réalisées à ce jour dans la région du Gharb sont généralement de taille modeste et serviront à alimenter en gaz de nouveaux industriels dans la région de Kénitra, comme nous le faisons déjà avec la Compagnie marocaine des cartons et du papier (CMCP). A cet effet, la société Circle Oil, en partenariat avec l’ONHYM, a entamé durant cette année les travaux de construction d’un nouveau gazoduc de diamètre 8’’ afin d’augmenter la capacité de transport du réseau de gazoduc existant et pouvoir desservir d’autres clients dans la région.
Et en Offshore?
Amina Benkhadra: Pour la découverte réalisée en offshore par Repsol, les résultats du forage en cours vont permettre de se décider sur les possibilités de développement surtout que la mise en place d’infrastructures pétrolières en offshore nécessite des investissements colossaux à justifier par des chiffres de réserves importants.
Y aura-t-il un impact sur les prix de l'énergie si jamais les résultats des forages montrent un potentiel important en gaz ou pétrole?
Amina Benkhadra: En dehors des prix, l’impact certain serait surtout sur l’autonomie énergétique du pays. En effet, si de grandes découvertes de gaz et de pétrole sont réalisées, elles permettront de réduire les importations du pays en hydrocarbures.
A. Benkhadra:
“Du gaz et du pétrole dans le Gharb et le pré-Rif”
5 MAI 2011“Du gaz et du pétrole dans le Gharb et le pré-Rif”
Maroc Hebdo International: Les investissements engagés dans l’exploration pétrolière, par l’Office ou par ses partenaires, ont, au lieu de s'inscrire dans une courbe croissante, baissé de manière substantielle en 2010. Qu’est-ce qui explique cette chute?
Amina Benkhadra: Pour ce qui est des investissements engagés dans l’exploration pétrolière, durant la phase d’exploration d’un bassin quelconque, la répartition des dépenses n’est pas régulière car les étapes d’exploration avant la réalisation du premier puits ne comptent que pour 20 à 25% du coût total de l’exploration alors que le forage du premier puits peut aller jusqu’à 85% des dépenses totales. Ainsi, le profil des coûts en fonction du temps se trouve irrégulier avec un pic vers la fin de la phase d’exploration qui coïncide avec la réalisation du puits d’exploration. Dans ce cas précis, les engagements financiers effectués par nos partenaires en 2010 sont de l’ordre de 746,6 millions de dirhams, alors qu’ils se montaient à 1.597 millions en 2009, du fait de l’impact des coûts de forages réalisés en 2009. Et ceux de l’Office? Les travaux propres à l’ONHYM, par contre, n’ont pas connu de grands changements au niveau des dépenses, qui sont de 86 millions de dirhams en 2009, contre 81,5 millions en 2010, ce qui représente respectivement 5 et 9% du coût total de l’exploration pétrolière au Maroc pendant cette période. L’écart de 4,5 millions de dirhams entre les deux années est insignifiant en termes de coût d’exploration.
Peut-on encore interpréter cette baisse par l’impact de la crise financière mondiale?
Amina Benkhadra: Malgré une conjoncture financière et économique internationale dont les effets négatifs ont été ressentis particulièrement au niveau de l’industrie pétrolière internationale, l’ONHYM a pu maintenir un rythme soutenu des activités d’exploration comme en témoignent les différents travaux réalisés par nos partenaires pendant cette période. En effet, sur le plan du partenariat, l’année 2010 a été marquée par la signature de deux nouveaux accords pétroliers, de deux nouveaux contrats de reconnaissance et de trois “Memorandum of Understanding” associant de nouveaux opérateurs internationaux.
Cela signifie-t-il que certains contrats avec les explorateurs ont été modifiés ou annulés?
Amina Benkhadra: L’exploration pétrolière dans les bassins sédimentaires marocains se déroule le plus normalement possible selon les programmes et prévisions établis tout en respectant les mesures de sécurité et de sauvegarde de l’environnement conformément aux standards internationaux. A ce jour, aucun contrat n’a fait l’objet d’aucune modification ni annulation. Bien au contraire, nos partenaires ont parfois réalisé plus de travaux que ne l’exigent les programmes pour lesquels ils se sont engagés et ceci pour des raisons d’acquisition de complément de données géologiques et géophysiques non planifiées mais indispensables à la compréhension et à la définition des systèmes pétroliers de nos bassins. Depuis quelques années, l’on entend parler de gisements ici et là.
Au delà des effets d’annonce, quel est le potentiel réel du sol marocain en matière de pétrole et de gaz?
Amina Benkhadra: La recherche pétrolière au Maroc a connu un réel essor ces dernières années grâce aux efforts consentis par l’ONHYM et ses partenaires. Ces efforts ont été couronnés par la réalisation de plusieurs découvertes, notamment dans la région du Gharb, zone connue depuis des décennies pour son potentiel important malgré la taille modeste des découvertes; et également en offshore suite à la découverte faite par Repsol et ses partenaires sur le permis “Tanger– Larache”.
Peut-on avoir des chiffres?
Amina Benkhadra: Depuis 2008, la société irlandaise Circle Oil Maroc Limited a réalisé sur son permis de recherche “Sebou Onshore”, dans la région du Gharb, onze forages positifs qui ont mis en évidence des accumulations modestes de gaz naturel. Une estimation préliminaire des réserves découvertes suite à la réalisation des essais de courte durée évalue des réserves à quelques centaines de millions de Nm3 (normaux mètres cubes). Concernant le travail de Repsol et ses partenaires en 2009, le puits Anchois-1 a permis la découverte de deux niveaux gazéifères, dont les réserves récupérables en gaz sont estimées à 3 milliards de Nm3. Ce résultat positif a encouragé la société à mener davantage de travaux de recherches, surtout que l’interprétation sismique a mis en évidence la présence de plusieurs prospects sur ledit permis. Actuellement, Repsol et ses partenaires sont en cours de réalisation d’un deuxième forage sur ce permis. Les résultats de ce forage sont attendus vers mi-juin. La société canadienne Transatlantic, qui détient plusieurs permis dans les régions du Gharb et du Pré-Rif a réalisé sept forages, dont seul le puits HR-33-bis (situé sur le permis de Tselfat) a montré des indices d’hydrocarbures. Les essais de ce puits ont été entamés en octobre 2010 et ont permis la production de pétrole et de gaz. Toutefois, le potentiel et la commercialité de cette découverte ne pourront être déterminés qu’à l’issu des essais de puits toujours en cours. Hormis ces sociétés, plusieurs compagnies pétrolières opèrent aujourd’hui au Maroc sur des zones de reconnaissance ou des permis d’exploration, tant en onshore qu’en offshore.
Quel impact ces nombreuses découvertes auront-elles sur l'autonomie énergétique du Maroc?
Amina Benkhadra: Toute découverte économiquement exploitable est toujours la bienvenue pour un pays comme le Maroc, qui dépend à 96% de ses besoins en produits pétroliers et qui connaît un essor économique continu et dont les besoins en énergie connaissent une forte progression d’année en année. Par ailleurs, les découvertes de gaz réalisées à ce jour dans la région du Gharb sont généralement de taille modeste et serviront à alimenter en gaz de nouveaux industriels dans la région de Kénitra, comme nous le faisons déjà avec la Compagnie marocaine des cartons et du papier (CMCP). A cet effet, la société Circle Oil, en partenariat avec l’ONHYM, a entamé durant cette année les travaux de construction d’un nouveau gazoduc de diamètre 8’’ afin d’augmenter la capacité de transport du réseau de gazoduc existant et pouvoir desservir d’autres clients dans la région.
Et en Offshore?
Amina Benkhadra: Pour la découverte réalisée en offshore par Repsol, les résultats du forage en cours vont permettre de se décider sur les possibilités de développement surtout que la mise en place d’infrastructures pétrolières en offshore nécessite des investissements colossaux à justifier par des chiffres de réserves importants.
Y aura-t-il un impact sur les prix de l'énergie si jamais les résultats des forages montrent un potentiel important en gaz ou pétrole?
Amina Benkhadra: En dehors des prix, l’impact certain serait surtout sur l’autonomie énergétique du pays. En effet, si de grandes découvertes de gaz et de pétrole sont réalisées, elles permettront de réduire les importations du pays en hydrocarbures.
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