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Comptoirs marchands Syriens en Europe Occidentale au Haut Moyen Âge

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  • Comptoirs marchands Syriens en Europe Occidentale au Haut Moyen Âge

    En évoquant la présence orientale en Europe occidentale, précisément au nord des Pyrénées, durant le Haut Moyen âge, seuls les images de la conquête arabe de la Septimanie, les razzias sporadiques dans la partie méridionale de la Gaule mérovingienne et les têtes de ponts précaires qui vont résister ici et là en Occitanie jusqu'au Xème siècle, nous viennent à l'esprit. Mais il est attesté que les Nord-Africains ne sont pas les seules Orientaux à avoir établi des "colonies"(sic, c'est le terme que l'Historien utilise) à cette période dans le coin. En effet, plusieurs sources attestent l'existence de colonies syriennes marchandes installé dans les grandes villes de la Gaule mérovingienne! Ces marchands assuraient la liaison commerciale entre le Levant et l'Occident en important à côté ,des marchands Juifs, huiles, épices, soies, papyrus, brocard..etc. Et si on en croit Wilhelm Heyd, dans son Histoire du commerce du Levant au moyen-âge, les Syriens se sont surtout installés dans les villes commerçantes du midi de la France, comme Marselle, Narbonne et Bordeaux et on en pista même dans les villes du Centre comme Orléans et Paris!
    La continuité de ce mouvement lors du règne carolingien reste sujet à débat, mais une chose est sûre les Syriens seront peu à peu remplacé par les commerçants Vénitiens comme tête de pont commerciales entre l'Occident et le Levant.

    Source: L'importation des tissus orientaux en Europe Occidentale Au Haut Moyen Âge [IX et Xème siècle](ICI)
    Histoire du commerce du Levant au moyen-âge, Wilhelm Heyd (ICI)
    Dernière modification par absent, 18 mai 2011, 14h08.

  • #2
    @Annabi

    A vrai dire, le terme "colonie" n'est pas totalement hors-propos dans ce contexte, car il ne faut pas l'entendre dans le sens d'une grande entreprise de peuplement (ce n'est pas de la "colonisation ... lol)

    Il s'agit généralement de comptoirs commerciaux très limités dans l'espace (un "quartier" plus ou moins isolé et fortifié, une petite ville tout au plus), avec l'établissement permanent d'un certain nombre de familles et de groupes de marchands, reconnus comme tels par les institutions locales mais sans pour autant se constituer en état souverain ou quelque chose du genre.

    C'est comme ça sera le cas à Galata en face de l'Istanbul ottomane, une véritable colonie européenne au cœur de l'Empire, avec consentement et accord du Sultan (pour des raisons politiques et commerciales). C'est une chose fort courante à travers toute l'histoire de la Méditerranée !
    "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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    • #3
      Envoyé par Harrachi78 Voir le message
      A vrai dire, le terme "colonie" n'est pas totalement hors-propos dans ce contexte, car il ne faut pas l'entendre dans le sens d'une grande entreprise de peuplement (ce n'est pas de la "colonisation ... lol)

      Il s'agit généralement de comptoirs commerciaux très limités dans l'espace (un "quartier" plus ou moins isolé et fortifié, une petite ville tout au plus), avec l'établissement permanent d'un certain nombre de familles et de groupes de marchands, reconnus comme tels par les institutions locales mais sans pour autant se constituer en état souverain ou quelque chose du genre.

      C'est comme ça sera le cas à Galata en face de l'Istanbul ottomane, une véritable colonie européenne au cœur de l'Empire, avec consentement et accord du Sultan (pour des raisons politiques et commerciales). C'est une chose fort courante à travers toute l'histoire de la Méditerranée !
      En effet, j'ai hésité à employer le terme de colonie pour décrire ces comptoirs marchands ,même si je sais que ce terme ne recoupe pas la même notion que la terminologie moderne de "colonisation". Mais c'est que la présence syrienne en Gaule mérovingienne ne me semble pas aussi structuré et articulé que celle de Galata à Istanbul, dans la mesure qu'une nation mère entretient sa colonie et les correspondances diplomatiques avec les territoires concernés comme l'ont fait les thalassocraties italiennes. Après on ne sait pas si ces marchands étaient mandatés par le pouvoir centrale Omeyyade où s'ils avaient un quelconque lien avec leurs congénères de l'ouest où même s'ils évoluaient de manière autonome...le fait qu'il faisait du traffic de vin me fait pencher vers la dernière option même si les éléments pour le soutenir sont précaires...De plus le califat Omeyyade d'alors suivait plus une dynamique d'expansion territoriale terrestre qu'un déploiement de comptoirs de commerce façon républiques maritimes méditerranéennes..
      Dernière modification par absent, 18 mai 2011, 14h09.

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      • #4
        @Annabi

        Pris dans un sens général, le mot colonie n'implique pas nécessairement autant de choses (mandats, liens officiels ... etc.) à mon sens, surtout qu'il s'agit d'une époque assez reculée tout de même. De plus, si l'auteur applique (à postériori) ce terme aux marchands en question cela ne les engagent pas forcément, mais sert plus pour la commodité et l’éclairage qu'autre chose.

        D'ailleurs, si l'on se tenaient strictement à la terminologie là, parler de "syriens" pourrait déjà poser quelques problèmes, sauf si l'on se tenaient au sens strictement géographique du terme, ce qui est manifestement le sens voulu par l'auteur.

        Bref, ça me semble plus "colonie" au sens de groupes de gens d'une même origine (et d'intérêts communs) établis à l'étranger que "colonie" au sens stricte, institutionnalisé et officiel. Du moins c'est ce que j'ai ressenti du texte que tu as posté à ma première lecture. peut-être que l'ouvrage tout entier dégage autre chose ?
        Dernière modification par Harrachi78, 18 mai 2011, 13h05.
        "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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        • #5
          C'est ce qui me semble le plus plausible aussi, le choix du terme par l'auteur a été effectué plus par commodité que par souci d'exhaustivité, même si il prête un peu à confusion au vu du contexte de l'époque et du coin avec la présence de colonies sarrasines qui elles sont plus...officielles et directes disons lol. Sinon pour le sens que dégage l'ouvrage du terme "colonie", il faut passer par le deuxième texte qui met en parallèlle les destinées des communautés commerçantes syriennes avec celle des juives, communautés apolitisés, fondé sur l'intérêt commun et ne gravitant autour d'aucune structure politique spéciale.

          Sinon, tu as raison de relever le problème que pose l'emploi du mot "syrien", car en plus d'être anachronique, il est flou même géographiquement parlant.

          Voici un extrait intéressant tiré du deuxième ouvrage cité:
          "Avant de passer à la période des croisades, il nous reste à rechercher si,
          pendant les premiers siècles du Moyen Age, les Juifs qui
          vivaient dispersés au milieu des peuples d'Orient et d'Occident ne
          prenaient pas déjà une part active au commerce du Levant. Ils ont
          joué de très bonne heure un rôle important dans le commerce. En
          Occident, les grandes invasions ne furent pas l'un des moindres éléments
          de leur fortune. Méprisés de toutes les nations au milieu desquelles
          ils vivaient, ils ne faisaient cause commune avec aucune d'elles; aussi,
          tandis que les peuples guerroyaient entre eux, pouvaient-ils, sans sus-
          citer la méfiance, aller et venir et faire de grands bénéfices sans couinr
          de dangers. Les rois des tribus germaines qui allaient se fixer dans
          les provinces occidentales de l'empire romain les avaient pour four-
          nisseurs et, dans les nouveaux royaumes, plus d'un dignitaire de l'église
          ne se faisait pas scrupule de leur acheter des objets précieux. Vivant
          presque uniquement du commerce, ils se concentraient à peu près ex-
          clusivement dans les villes commerçantes, imités en cela par les Syriens,
          que l'on trouve souvent cités à côté d'eux: Narbonne, Marseille, Arles,
          Gênes , Naples, Palerme etc.
          "
          La relecture de cet extrait laisse sentir que la présence syrienne dans ces villes est plus ancienne que je ne le croyais et beaucoup plus solidement établie. Ses Syriens sont peut-être les descendants de commerçants chrétiens hellénisés exilé dans le pourtour méditerranéen, et dont l'installation dans ces contrées est antérieur à l'Islam et peut être même à la chute de l'empire Romain, mais je peux me tromper...
          Si quelqu'un a plus de détail sur ces communautés syriennes expatriées, ça serait le bienvenue...
          Dernière modification par absent, 18 mai 2011, 14h10.

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          • #6
            C'est très intéressant ton article, je savais qu'à l'époque ottomane il y avaient des comptoirs turcs dans de grandes villes européennes chrétiennes (je précise) de l'époque. Et que le commerce était assez dense entre le Maghreb et l'Italie surtout pour le blé au Moyen Age. Mais je n'étais pas au courant de cela, une question: comment faisait-il pour pratiquer leur religion ?
            Ya Allah, al Aziz, al Hakim. a7fadh jazair wa al maghareb al kabir

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            • #7
              Ses Syriens sont peut-être les descendants de commerçants chrétiens hellénisés exilé dans le pourtour méditerranéen, et dont l'installation dans ces contrées est antérieur à l'Islam et peut être même à la chute de l'empire Romain, mais je peux me tromper...
              En fait, la présence de ces Syriens en Europe remonte à l'an 555, année qui a connu un terrible tremblement de terre qui a frappé la côte phénicienne, poussant ceux qui y ont échappé à partir à la conquête de l'Europe pour y faire du commerce et y établir plusieurs colonies, en effet. Je crois que Lammens en parle dans son "Précis historique", mais je ne l'ai pas sous les yeux.

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              • #8
                Envoyé par Passant Voir le message
                En fait, la présence de ces Syriens en Europe remonte à l'an 555, année qui a connu un terrible tremblement de terre qui a frappé la côte phénicienne, poussant ceux qui y ont échappé à partir à la conquête de l'Europe pour y faire du commerce et y établir plusieurs colonies, en effet. Je crois que Lammens en parle dans son "Précis historique", mais je ne l'ai pas sous les yeux.
                Merci pour l'éclairage, apparemment il y eut un tremblement de terre juste avant ,en 494, tout aussi ravageur que celui de 555, détruisant Lattaquié, important port commerciale syrien d'alors et ex-capitale de la province romaine. On image facilement l'exil qui a résulté suite à la conjonction de ces catastrophes. Merci pour la mention de l'ouvrage de Lammens, je ne connaissais pas.

                Envoyé par Arbefracom Voir le message
                Mais je n'étais pas au courant de cela, une question: comment faisait-il pour pratiquer leur religion ?
                En fait grâce aux éclairages de Passant, on peut déduire que ces "syriens" et leurs colonies n'étaient pas de la première vague comme les sarrasins du coin à ce moment là et que leur présence dans le pourtour méditerranéen est antérieur à l'Islam, ça doit donc être des chrétiens de rite orientale, maintenant pour savoir s'ils n'avaient pas de problème de pratiquer un rite autre que celui de la doxa, c'est une autre histoire, mais ils étaient sûrement plus tolérés que les sarrasins de confession musulmane...

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                • #9
                  @Annabi

                  Si la présence de ces groupes de syriens remonte à 555, il s'agit donc de chrétiens et non de musulmans et ils n'avaient donc aucun lien avec le califat de Damas.

                  Ça change tout !
                  "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                  • #10
                    @ Harrachi

                    En effet, ces groupes ont dû être coupés de la nouvelle réalité politique de leur contrée et devaient donc fonctionner de manière autonome. Et comme je l'ai dit à Arbefracom plus haut concernant les modalités de leurs pratiques religieuses au sein des pays européens. Le fait qu'il soit chrétiens change la donne du tout au tout, bien que leur rite orientale (je suppose) aient pu "théoriquement" leur causer quelques soucis dans ces contrées...

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                    • #11
                      @Annabi

                      Pour ce qui est du rite, je crois que c'était moins problématique à cette date reculée, car il n'y avait pas encore de schisme entre orientaux et occidentaux.

                      En un mot, s'ils se sont installés au milieu du 6e s., il y eut assez de temps pour qu'ils s’intègrent dans les communautés locales vu que tous étaient catholiques à ce moment.
                      "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                      • #12
                        C'est vrai que de ce point de vue, tous les rapprochaient des populations locales et qu'il ne devait pas y avoir spécialement de clivages particulier...

                        Sinon dans un autre ordre d'idée, on peut dire qu'en gros ces Orientaux "vieux-modèle" se sont fait rattrapé par les évènement en voyant des colonies d'Orientaux débarquer dans le même patellin que leurs comptoirs et ce sous l'autorité de ce que fut leur province Romaine, devenu siège ,entre-temps, de tout un empire . Un truc de fou...
                        Dernière modification par absent, 19 mai 2011, 11h37.

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                        • #13
                          @Annabi

                          Justement, j'ai quelques doutes à croire que ceux dont parle passant aient eu de relations particulière avec ceux évoqués dans l'article.

                          En fait, si on prenait un parallèle, je sais que beaucoup d'africains (au sens de "maghrébins" d'avant l'Islam) ont émigrés vers les îles (Baléares, Sardaigne, Corse, Sicile) et même en Italie et en Espagne à la même période (du 5e au 7e s.) et en nombre non négligeable.

                          Ça n'a pourtant donné naissance à aucune communauté ou "colonie" africaine particulière. Pourquoi les syriens feraient-ils exception ?!
                          "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                          • #14
                            @ Harrachi

                            D'abord, je serais très curieux d'en savoir plus sur les déplacements de ces populations africaines sur les côtes d'europe méridionale. Même si ces informations ne nous aiderait en rien dans le cas présent, vu que l'absence de colonies établis par ces populations africaines ne pourrait s'expliquer par les seules circonstances de leurs déplacements (fussent-ils soudains)...en sachant que les syriens se sont déplacé suite à un cas de fore majeure (si on admet que ces marchands sont les même dont passant parle), donc ils étaient sur le qui-vive et c'est ce qu'il y a de pire pour une planification mûre et à tête reposé.

                            À mon avis, il faut plutôt chercher les raisons dans la culture commerciale de cette région du monde, qui très tôt dans l'Histoire a été assez féconde en états maritimes et thalassocratiques (Les Phéniciens et ensuite matrice des Carthaginois), et il faut dire qu'ils avaient la position et l'arrière pays pour prétendre à de telles entreprises: route de soie, jonction entre plusieurs continents...etc. Cette culture commerciale a imprégné leurs moeurs et s'est prolongé par la suite (jusqu'à nos jours même, il suffit de voir le dynamisme commerciale des diasporas syro-libanaises par rapport aux diasporas maghrébines), contrairement aux Nords-Africains pour qui l'Afrique subsaharienne n'est pas le vivier de produits commercialisables et raffinées qu'est l'Asie.

                            En bref, le parallèle entre les deux communautés auraient été plus recevable s'ils évoluaient de la même matrice et dans les mêmes circonstances, mais les différences entre les deux peuples et leurs caractères sont trop marquées pour opposer l'absence des uns dans un domaine comme contre-argument sur la présence des autres.
                            Dernière modification par absent, 19 mai 2011, 15h08.

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                            • #15
                              @Annabi

                              Et bien, la première "vague" si j'ose dire date du 5e s., beaucoup ayant fuis les persécutions anti-catholiques des rois ariens. Rien que pour Tipasa (Maurétanie Césarienne), je sais qu'une bonne partie de la population catholique avait pris la mer pour l'Hispanie suite à une grave emmerde avec le représentant du roi. Je sais aussi que, tout au long de ce même siècle, des dizaines d'évêques (catholiques) furent exilés en Sardaigne, et que des dizaines d'autres durent se réfugier en Italie pour les mêmes raisons.

                              Au siècle suivant (6e.), la reconquête byzantine à calmé les choses, sauf que la politique religieuse de Justinien 1er finit par poser de sérieux problèmes, et causa de nouveau l'exil de nombreux évêques et prêtres vers les mêmes régions et même plus loin.

                              Enfin, avec la conquête arabe et surtout avec la prise de Carthage à la fin du 7e s., beaucoup d'africains (les gens aisés surtout et les fonctionnaires) vont prendre le même chemin, par familles entières.

                              Tu vois donc que le flux fut quasi continu sur 3 siècles. Pourtant, il n'y eut nulle part constitution de colonies ou de communautés africaines identifiées comme telles ?
                              "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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