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EN : Binationaux, et alors ?

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  • EN : Binationaux, et alors ?

    La sélection algérienne se compose essentiellement de joueurs nés en France. Sans que cela crée de débat ou de polémique au pays.
    L’Algérie est peut-être, l'une des équipes les plus binationales au monde. Et, au pays, cela ne crée aucun débat. Sauf en cas de défaite : « Dans ce cas, les gens pensent que les binationaux ne sont pas motivés, qu 'ils gagnent trop d'argent », s'amuse Rabah Saadane, l'ancien sélectionneur. Dans la liste des vingt-deux joueurs convoqués par son successeur Abdelhak Benchikha pour affronter le Maroc, aujourd’hui à Marrakech, dix-sept sont nés en France. Tous n'ont pas été appelés dans les sélections françaises de jeunes (au contraire de Carl Medjani, Raïs M'Bolhi, Ryad Boudebouz, Hassan Yebda et Antar Yahia) et n'ont donc pas eu à choisir. L'affaire des quotas doit, indirectement, beaucoup à l'Algérie. C'est le président de la Fédération algérienne, Mohamed Raouraoua qui, en juin 2009, a proposé à la FIFA de modifier le règle ment concernant les joueurs ayant joué pour un pays chez les jeunes et désireux d'en honorer un autre plus tard
    Les Fennecs vont s'engouffrer dans la brèche et rechercher tous azimuts les candidats à la sélection en vue de la Coupe du monde 2010. Rabah Saadane, qui a profité de la nouvelle règle, n'a pas compris la récente polémique en France : « C’était d’autant plus maladroit de la part de la DTN que les choses sont assez claires : quand un joueur a la possibilité de choisir entre les deux sélections, il opte pour la France. Les Bleus peuvent faire quatre ou cinq équipes ! » Ce ne sont donc pas les meilleurs qui évoluent sous le maillot vert, mais c'est souvent mieux que les locaux qui découvrent le professionnalisme cette année seulement. Une politique incontournable pour avoir des résultats, selon Saadane : « On recrute des joueurs bien formés par l 'école française et qui, c'est humain, voient l'opportunité de jouer des compétitions internationales. » Se pose alors la question du sacro-saint amour du maillot. « Pour moi cela n'a pas été facile de choisir entre la France et l’Algérie, car j'aime les deux pays, mais cela a été assez rapide », se souvient le Sochalien Ryad Boudebouz. «Tout jeune, je l'avais dit à mes parents, je voulais porter le maillot algérien. Après le match au Soudan (1), quand j'ai vu comment les joueurs ont été traités, là, j'ai vraiment ressenti I 'amour du pays. » La ferveur populaire, des matches à enjeu qu'ils ne connaîtront pas avec leur club et des conditions (financières notamment) que « la Verte » n'a jamais connues ont fini de convaincre les derniers récalcitrants. D'autres ont probablement, exprimé un amour plus intéressé, avec en ligne de mire la carotte de la Coupe du monde, en juin dernier, une belle vitrine pour se vendre. Depuis, pourtant, aucun n'a quitté le navire après l'Afrique du Sud. Quitte à se frotter aux déplacements toujours homériques sur le continent africain. Notamment à Bangui, lors d'un match qualificatif pour la CAN contre la République centrafricaine (défaite 2-0, le 10 octobre 2010), dont les joueurs se souviennent encore de l'humidité et de leur hôtel trois étoiles version très locale.
    Saadane a mis un soin particulier dans son recrutement: « Oui on a eu de nombreuses discussions avec eux et leurs familles. On a mené des enquêtes, on les a intégrés ensuite dans la dynamique du groupe. Même quand ils n'avaient aucune racine directe avec le pays. » Ce fut le cas de Mehdi Lacen (2), qui a foulé la terre de ses parents lors de sa première sélection contre la Serbie (0-3), le 3 mars 2010 : « Il était heureux comme un gamin !» Le nouveau milieu de Getafe, passé entre les mailles de la formation française et même par le chômage, confirme : « L 'équipe de France n 'est pas lésée, car les plus forts la choisiront toujours ! Moi je n y ai jamais pensé, car j 'estimais ne pas avoir le niveau. Mon seul regret, c'est de ne pas être venu plus tôt avec I’Algérie. » Malgré sa culture européenne ? « Je ne pars pas non plus de zéro, je connais les habitudes, les coutumes algériennes. Ce qui est sûr c'est que cela m'a donné plus envie de connaître le bled. »

    (1) En match d'appui qualificatif pour le Mondial 2010, l'Algérie avait affronté l'Égypte à Karthoum (1-0, le 18 novembre 2009), quatre jours après la rencontre au Caire où le bus des joueurs algériens avait notamment été caillassé.
    (2) Né à Versailles (Yvelines), le milieu défensif de vingt-sept ans a joué à Laval et à l'ASOA Valence avant de rejoindre l'Espagne (Alavés, 2005-2008 ; Santander, 2008-2011).



    Yohann Hautbois
    L’Equipe
    veni vidi vici .
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