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Maroc: Marchands ambulants

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  • Maroc: Marchands ambulants

    On a trop laissé faire, trop attendu. La réponse à la prolifération des marchands ambulants ne peut-être technique uniquement : il faut une vision, une alternative.

    «Les instructions de la wilaya et de la Sûreté nationale ont été très claires : si la sécurité n’est pas menacée, laissez-les faire». L’homme qui s’exprime ainsi est un gradé de la police, il s’exprime bien entendu de manière anonyme, mais personne n’est dupe… à commencer par les marchands ambulants eux-mêmes.

    238 000, il y a trois ans, peut-être le double, aujourd’hui, personne ne sait. Ce que l’on constate par contre c’est que cette expansion du commerce informel se fait au détriment du confort des citoyens et surtout sous le regard passif des autorités.

    Avaient-elles le choix, peut-on se demander après-coup ? Si l’Etat a géré intelligemment la situation en évitant l’émergence de foyers de rébellion qui seraient nés de la réprimande des «Bouâzizi», il est certainement allé trop loin dans le laxisme. Aujourd’hui, il n’y a pas de bornes et un agent d’autorité qui élèverait la voix juste pour réclamer de l’ordre dans le désordre se ferait houspiller tellement fort qu’on ne l’y reprendrait pas. L’Etat aurait pu être un peu plus ferme, il a viré du tout au tout. Derrière cette attitude, une préoccupation sécuritaire et une fébrilité trop manifeste. Par crainte du dérapage, l’Etat a baissé les bras et créé lui-même des zones de non-droit.

    Mais jusqu’où et jusqu’à quand ? Il est paradoxal de constater qu’à l’heure où les Marocains iront voter pour une Constitution qui renforce l’Etat de droit, ce même Etat laisse les citoyens violer la loi. On peut aussi supposer raisonnablement que si l’Etat n’a pas agi jusque-là c’est par souci de ne pas créer de mécontentement de la part de personnes qui sont convaincues qu’elles agissent dans leur bon droit et vous répliquent qu’elles essaient de gagner leur vie de manière honnête et non pas en se livrant au vol ou à la mendicité. Mécontents, ces marchands auraient peut-être créé un climat hostile au projet de Constitution.

    Mais ce n’est pas parce que le «oui» l’emportera que l’Etat pourra demain agir à sa guise et faire appliquer la loi. On a trop laissé faire, trop attendu et la réponse ne pourra jamais être technique seulement, il faut une vision, une alternative pour ces marchands. Ce que l’on a vu émerger aujourd’hui c’est une race de commerçants de proximité et une clientèle qui plébiscite ces joutias en plein air. Il y a certainement un modèle économique à faire émerger et des opportunités d’emplois stables à exploiter. D’ici là, le nouveau Maroc continuera à vivre avec son ancienne pagaille et ses mroud, devenus les copains de ces marchands qu’ils houspillaient autrefois, et qui leur chantent dans leurs rêves de pauvres «rréclame, rréclaame... mabqaach, mabqaach». Mais si, mais si, mazal, mazal !

    Fadel Agoumi. La Vie éco
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