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Nouvelles violences entre les autorités chinoises et les Ouïgours dans le Xinjiang

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  • Nouvelles violences entre les autorités chinoises et les Ouïgours dans le Xinjiang

    Les médias officiels et un groupe d'Ouïgours en exil faisaient des récits contradictoires, mardi 19 juillet, au lendemain de violences dans une ville reculée de la région du Xinjiang, dans l'ouest de la Chine.

    Le quotidien anglophone Global Times évoquait une "attaque terroriste organisée", survenue lundi 18 juillet en milieu de journée dans la ville de Hotan, ancienne étape sur la voie du sud de la Route de la soie.

    Ce journal officiel cite le chef du Bureau régional d'information, Hou Hanmin, selon qui des émeutiers armés de grenades et d'autres explosifs ont attaqué un poste de police en déployant des "drapeaux portant des messages séparatistes".

    Ils ont ensuite mis le feu au poste avant de se saisir d'otages et de les tuer dans une confrontation avec la police, précise cette source officielle. Un policier armé, un agent de sécurité et deux otages ont été tués par les assaillants, selon le ministère de la sécurité publique, cité par la presse locale. La police a ouvert le feu "sur un nombre indéterminé d'assaillants", indique l'agence Chine nouvelle, qui ne fournit aucun bilan de ce côté.

    "PROTESTER CONTRE LA RÉPRESSION"


    Mais la version de ces événements relatée par le Congrès ouïgour mondial est significativement différente. Selon cette association honnie par Pékin, les tirs ont eu lieu non pas au poste de police mais au bazar central de la ville "lorsque plus de 100 Ouïgours se sont rassemblés pacifiquement afin de protester contre la répression imposée par la police au cours des deux dernières semaines".

    Les manifestants auraient alors demandé ce qu'il est advenu de leurs proches, disparus depuis qu'ils ont été emmenés par la police, selon cette version. "La police a ouvert le feu sur les manifestants", rapporte l'association présidée par Rebiya Kadeer, que le gouvernement chinois accuse de "séparatisme".

    Les voies d'accès à cette ville aux confins du grand ouest chinois ont été bloquées et au moins 70 personnes sont détenues par les autorités, selon cette même source. Des Ouïgours auraient depuis distribué des tracts demandant leur libération.

    "Pour éviter l'aggravement de la situation, les autorités doivent cesser immédiatement la répression", lance Dilxat Raxit, porte-parole exilé en Suède du Congrès mondial ouïgour.


    UNE RÉGION SENSIBLE ET STRATÉGIQUE

    Le Xinjiang est une région particulièrement sensible sur le plan politique aux yeux du pouvoir chinois. En août 2008, en plein Jeux olympiques de Pékin, la province avait été le théâtre de plusieurs attentats à l'explosif menés par des terroristes oïgours contre des policiers.

    Deux ans avant l'attaque de Hotan, des violences avaient également éclaté à Urumqi, la capitale régionale, le 5 juillet 2009, au cours desquelles 197 personnes ont été tuées et 1 700 autres blessées, essentiellement des Hans, selon les autorités chinoises.

    Celles-ci n'ont jamais diffusé de bilan de représailles le lendemain par des membres de cette communauté contre les Ouïgours. Pour Pékin, le Xinjiang est également stratégique pour ses réserves en hydrocarbures.

    La minorité ouïgoure, musulmane et turcophone, dénonce la submersion de sa culture par une politique de Pékin favorisant l'afflux massif de Hans, l'ethnie largement majoritaire en Chine, aux dépens de son héritage.

    La destruction du vieux quartier de la ville de Kashgar est devenue emblématique de cette politique. Sous les coups des pelleteuses, les anciennes maisons et mosquées ocres laissent place aux barres d'immeubles modernes communes à toutes les villes chinoises.

    Les travailleurs migrants, issus de provinces telles que le Sichuan ou le Hubei, viennent pour quelques années mettre un peu d'argent de côté avant de repartir vers des régions plus chinoises culturellement, ou de s'installer durablement dans cette ville aux frontières de l'empire.

    "UNE POLITIQUE DE SINISATION" MAL VÉCUE

    Cette présence est source de tensions, beaucoup de Ouïgours se plaignant de la difficultés d'accéder à des postes à responsabilité dans l'administration et les grandes entreprises publiques.

    Nicholas Becquelin, spécialiste de l'Asie à Human Rights Watch et connaisseur du Xinjiang explique que Hotan est une ville plutôt conservatrice et à 86 % ouïgoure "où les autorités chinoises se sentent en territoire étranger tandis que les Ouïgours vivent la domination chinoise comme une colonisation progressive".

    Il précise ne pas disposer pour le moment d'informations précises sur les événements de lundi. "Le gouvernement considère la préfecture de Hotan comme une ligne de front contre les 'séparatistes' et la politique de sinisation est ressentie de manière très négative par les Ouïgours, dit M. Becquelin. A Hotan se posent les problématiques du Xinjiang, en plus aigües."


    Par Harold Thibault , Le Monde
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