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«Les dictateurs arabes n'ont plus droit à la retraite»

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  • «Les dictateurs arabes n'ont plus droit à la retraite»

    • Olivier Roy, spécialiste du monde arabe et auteur de La Sainte Ignorance (Éditions Le Seuil) analyse pour Le Figaro les spécificités du procès Moubarak et tente d'évaluer ses conséquences sur les autres pays touchés par le printemps arabe.


    LE FIGARO.-Peut-on parler d'un procès sans précédent, d'un procès historique?

    Olivier ROY.-Il y a un précédent: le procès de Ben Ali. Même si ce procès est mené de manière expéditive par les juridictions de l'ancien régime. Mais il faut reconnaître qu'il est difficile de trouver un équilibre entre épuration, réforme et nécessaire continuité de l'appareil d'État.Ce qui est nouveau et très important, c'est que des dictateurs arabes doivent rendre compte de leurs actes devant un tribunal et, qui plus est, devant une juridiction civile et non pas devant une cour militaire d'exception. Ce procès marque une rupture avec une certaine culture politique locale qui assurait l'impunité aux dictateurs.


    En général, dans le monde arabe comme en Afrique, les chefs d'État, après avoir été renversés, sont tués ou contraints de s'exiler. Maintenant, ils sont conduits devant un tribunal, un tribunal censé être normal et non pas un tribunal révolutionnaire. C'est un changement de paradigme majeur. L'idée qui s'était imposée au début des années 1990 dans les pays occidentaux selon laquelle les despotes doivent rendre compte de leurs actes a gagné le monde arabe. Cette acquisition de normes juridiques internationales est aussi l'illustration d'une normalisation de la vie politique dans ces pays.

    Mais ne fait-on pas de Moubarak comme de Ben Ali en Tunisie des boucs émissaires?
    C'est le grand problème. En Tunisie, les choses sont plus simples à cause de la personnalisation du pouvoir: le clan du président et de sa femme avait phagocyté les richesses économiques du pays. L'armée n'était pas corrompue pour une raison très simple: elle n'avait pas accès aux leviers économiques du pouvoir.

    En Égypte, c'est différent: d'autres acteurs que la famille Moubarak sont impliqués dans le système de corruption, à commencer par l'armée qui monopolisait des pans entiers de l'économie. Le procès Moubarak a aussi pour fonction de dédouaner l'armée de ses responsabilités et, d'une certaine manière, Moubarak apparaît en effet comme un bouc émissaire.

    Quel peut être l'impact de ce procès sur l'évolution du «printemps arabe»?
    Il risque de crisper un peu plus les dictateurs qui constatent ainsi qu'il n'existe pas de porte de sortie pour eux. À l'étranger, leurs avoirs sont bloqués. Chez eux, ils sont menacés d'un procès. Ce qui signifie qu'un certain système de règlement de crise n'est plus possible, à savoir négocier en coulisses le départ d'un dictateur en échange de l'impunité et d'une rente permanente.En quelque sorte, les dictateurs n'ont plus droit à la retraite. Ils ont le dos au mur et donc ils vont devoir se battre. Ce qui peut augmenter les tensions, rendre les transitions plus difficiles, voire les bloquer. C'est une question de rapports de forces.

    Prenons l'exemple libyen. Une des solutions sur lesquelles travaillent en ce moment les Français, les Américains et les Britanniques, c'est un retrait honorable de Kadhafi. Le procès Moubarak risque de rendre ces tractations plus difficiles, car quelles garanties peut avoir Kadhafi si un accord intervient entre les parties libyennes pour qu'il reste en Libye?
    En Syrie, la situation est différente parce que la famille de Bachar el-Assad représente les intérêts de la minorité alaouite et que cette communauté se bat pour sa survie.
    Le procès Moubarak embarrasse aussi les pétromonarchies du Golfe, car il pose une question très déstabilisante sur le statut des familles régnantes qui entretiennent la confusion entre les caisses de l'État et leurs fortunes personnelles. Il est bon évidemment que les dictateurs perdent le sentiment d'impunité et sans doute encore plus que leur progéniture ne se sente plus assurée de l'héritage.
    Mais il faut aussi assurer une réforme du fonctionnement de l'État. La corruption est une question d'institution plus que de personnes, ce que peut cacher la personnalisation de ces deux procès.


    figaro

  • #2
    Le procès Moubarak a aussi pour fonction de dédouaner l'armée de ses responsabilités et, d'une certaine manière, Moubarak apparaît en effet comme un bouc émissaire.
    t avait trop mangé , nous , nous avons que gouté , tu payeras pour tous !
    A qui sait comprendre , peu de mots suffisent

    Commentaire


    • #3
      Quel peut être l'impact de ce procès sur l'évolution du «printemps arabe»?


      Il risque de crisper un peu plus les dictateurs qui constatent ainsi qu'il n'existe pas de porte de sortie pour eux. À l'étranger, leurs avoirs sont bloqués. Chez eux, ils sont menacés d'un procès.
      Ils vont redoubler de férocité…
      il faut toujours se méfier de la bête blessée, beaucoup des innocents vont mourir au sacrifice du Kourssi..

      Au Yemen un brulé au 3ème degré est toujours agrippé à son "trophée".

      Commentaire

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