LES WAHHABITES POUR LA GUERRE
Dans un climat de préparation à la guerre contre l'Iran, aucune déclaration n'est anodine. A plus forte raison quand son objet est de porter atteinte à des ressources vitales pour un pays. En déclarant ostensiblement que son pays pouvait compenser la production iranienne en cas d'imposition d'un embargo contre le pétrole iranien, le ministre saoudien du Pétrole ne fait pas un simple constat technique. Il exprime très clairement un appui à un embargo sur le pétrole iranien en discussion chez les Européens qui, sans exagération aucune, peut être assimilé à une déclaration de guerre.
N'importe quel pays tirant plus de 60% de ses recettes budgétaires des exportations d'hydrocarbures ferait le même constat. Et personne ne peut croire que le ministre du Pétrole saoudien fait une déclaration de «technicien» ou de simple commerçant d'hydrocarbures. N'importe quel quidam moyennement informé sait que l'Arabie Saoudite est un grand puits de pétrole et qu'elle peut, si elle le veut, ouvrir les vannes pour faire baisser les prix.
La déclaration du ministre saoudien est sans équivoque : c'est un appui à la guerre contre l'Iran, qui est, ce n'est pas un secret, fortement exigée par Israël. L'esprit terriblement borné des tenants du système wahhabite, qui réprime sans pitié des Saoudiens chiites réclamant des droits élémentaires, les pousse à considérer que l'Iran est un ennemi et Israël un allié de fait. Le discours des Saoudiens sur la compensation du pétrole est un acte ouvertement hostile. Il a pour but d'encourager les Européens à appliquer l'embargo en leur apportant l'assurance d'un approvisionnement régulier. Il vise aussi à convaincre des pays asiatiques qu'ils pourront se passer du pétrole iranien et se servir en Arabie Saoudite.
Il ne faut pas sortir d'une école de guerre pour comprendre la signification de ces annonces. Les Iraniens répondent à cette volonté de les frapper dans leurs ressources vitales par une menace de fermer le détroit d'Ormuz. Et même s'ils ne le disent pas ouvertement, une attaque militaire contre eux entraînerait aussi une riposte contre les installations pétrolières des pays qui se font, à ses yeux, les alliés de l'agression.
L'exemple irakien, territoire d'application de la doctrine «du choc et de l'effroi», sert de leçon. Et si les sanctions ont un impact sur l'économie et la vie des Iraniens, il est loisible de constater qu'elles affaiblissent les mouvements de contestation politique interne. C'est qu'il est difficile de trouver des Iraniens hormis les habituels Chalabi de service pour accepter les menées guerrières contre leur pays et le déni qui lui est opposé de maîtriser la filière nucléaire. Tout cela est bien connu. Et ajoutons qu'il n'est pas surprenant de retrouver l'Arabie Saoudite totalement intégrée comme elle le fut contre l'Irak dans les dispositifs de guerre de l'Empire et d'Israël.
L'Arabie Saoudite et d'autres Etats de la région sont constitués de régimes vassaux dont la seule politique est celle de leur protecteur. La haine anti-chiite distillée par des religieux crétins et moyenâgeux sert à souhait les desseins de l'Empire. Et de son protégé Israël.
par M. Saadoune
Le Quotidien d'Oran
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